Bernard Jomard
Ma famille étant franco-américaine, je suis présent très régulièrement aux USA. J’ai d’abord dirigé des multinationales, dix ans à Hong Kong, trois ans au Gabon, un an en Algérie. J’ai ensuite créé et repris des PMI dans différents secteurs d’activités, dont l’Industrie, la Communication… Entreprises toujours totalement orientées vers l’international et la génération de valeur. Cela m’a permis de connaître plus d’une centaine de pays et de m’imprégner de très nombreuses cultures. Aujourd’hui, je m’attache à anticiper les tendances, grâce à une vision décalée. De nombreuses entreprises étrangères et françaises m’utilisent pour faire du Bench Marking et challenger leurs décisions. Enfin je suis aussi conférencier et administrateur indépendant.
Une hausse de 1,5 million d’habitants sur un an. Une hausse qui était totalement liée au solde migratoire. Alors, comment se situera l’Europe en 2050, sachant que la plupart des personnes qui vivront cette année-là sont déjà nées.
Stagnation de la population européenne.
Il est vraisemblable que la population européenne régresse au cours des prochaines années, pour se stabiliser autour de 500 millions en 2050, mais avec environ 50 millions d’actifs en moins. Car, il faut noter que depuis 2015, le nombre de décès est supérieur au nombre de naissance, on a d’ailleurs noté une baisse de l’espérance de vie en France cette année-là. L’Europe se dépeuple dans l’indifférence générale.
Alors que la croissance d’un pays , d’un continent est totalement liée à son évolution démographique. Si l’on compare la croissance américaine à la croissance européenne des années 80, la croissance américaine a été en moyenne supérieure d’un point. D’après l’étude Rexecode, la moitié de ces 1% était liée au dynamisme de la natalité américaine. L’autre moitié au temps de travail supérieur aux États unis.
La Chine aussi touchée par cette stagnation
La Chine est aujourd’hui le premier pays au monde par sa population. Mais, la population n’atteindra certainement jamais le 1,5 milliard d’habitants, elle plafonnera dans 15 ans pour ensuite décliner !
Si on regarde seulement Beijing, la population a commencé a baissé en 2011. Cela est bien sur lié à la l’évolution de la démographie, mais il ne faut pas oublier la volonté des autorités chinoises de lutter contre la pollution. Enfin, l’approvisionnement en eau des grandes métropoles de ce pays reste aussi un sujet majeur qui incite à limiter la population.
Ce pays a aujourd’hui un avantage économique considérable, car 70 % de sa population est d’âge actif (15-59 ans), à comparer à 54 % au Japon. En Chine il y a donc aujourd’hui peu de personnes économiquement dépendantes, la part des personnes âgées de 65 ans ou plus, qui était de 7 % en 2000, atteindra 24 % en 2030-2040.
Dans les 25-30 ans, la Chine comptera alors entre 220 et 250 millions de personnes d’actifs de moins qu’aujourd’hui, c’est considérable pour l’usine du monde !
Et cela explique l’intense et rapide robotisation de l’industrie de ce pays, sujet peu étudié par les Occidentaux.
L’Afrique un continent qui a trop d’enfants.
La population africaine devrait doubler d’ici à 2050. Quand un pays comme le Niger, pays où la planification familiale et la contraception sont gratuites, a malgré cela 7,6 enfants par femme, le pays court à sa perte. D’après l’ONU, la population du Niger pourrait passer de 21 millions aujourd’hui à 68 millions en 2050. Le Nigéria devrait lui aussi voir sa population passer de 190 millions à 410 millions en 2050. Aucun pays ne peut dégager les budgets d’éducation et de santé nécessaires à une croissance démographique de près de 4% par an.
Cette bombe a retardement nous rendrait plutôt Afro-pessimistes. Elle fait surtout planer un sérieux doute sur la capacité de l’Afrique à générer une croissance économique en adéquation avec l’augmentation de sa population.
Dividende démographique
D’après l’expert Adair Turner, le « dividende démographique » n’est en fait qu’une illusion. Car cette augmentation est due essentiellement à la baisse de la mortalité infantile, et à la hausse de l’espérance de vie. Ce qui se confirme par le fait que le PIB de l’Afrique Subsaharienne a seulement doublé en un quart de siècle, il est en fait passé de 1 600 dollars à 3 700. Turner nous explique aussi que l’Afrique ne sera pas la Chine de demain, qui elle a connu une croissance économique plus rapide en raison du rajeunissement de sa population. La Chine qui est aujourd’hui devenue aujourd’hui, grâce à son industrialisation et grâce au développement de ses infrastructures, la première puissance mondiale en terme de PIB (PPA- Parité de Pouvoir d’Achat) avec 17,3% du PIB mondial, contre 15,8% pour celui des États-Unis, la zone euro pesant elle 12%. Source World Economic Outlook.
Maghreb et Egypte
Le Maghreb maîtrise lui assez bien sa natalité avec un chiffre de 2,4 seulement selon l’Ined. Sa population ne devrait donc progresser que de 130 millions d’ici à 2050.
Sa voisine l’Égypte avait-elle vu jusqu’en 2005, sa démographie suivre l’évolution à la baisse, des pays d’Afrique du Nord. Cette année-là, la démographie avait atteint un point bas de 3 enfants par femme. Depuis, la progression est quasi permanente. Le taux de natalité est passé de 25,5 pour 1000 habitants à 31,5 pour 1000 habitants en dix ans .En 2017 la population égyptienne franchissait le cap des 95 millions d’habitants.
Que se passera-t-il donc demain en 2050
Le changement de centre de gravité économique vers les pays émergents se poursuivra dans les 25-30 prochaines années, avec des mécanismes de croissance transformés, à cause du vieillissement des populations industrielles.
Pour la chine précisément son PIB devrait être multiplié par de 7 à 9 d’ici 2050.
Les économies des États-Unis et de l’Union européenne ne devraient progresser que de 80 à 90%.
Enfin jusqu’à 2050 on ne devrait pas voir une émergence rapide de l’Afrique subsaharienne, à cause du grand retard en termes d’éducation ou de participation des femmes au marché du travail
En résumé, l’augmentation de la productivité a représenté l’essentiel de la croissance depuis les années 1980.
Cela ne devrait pas se reproduire à l’échelle mondiale dans les 25-35 années qui viennent à cause du vieillissement des populations, chinoises, européennes et japonaises .qui ne sera pas compensé par l’Afrique (faibles niveaux de formation & d’éducation)
Conclusion
Dans le passé, les prévisions démographiques se sont souvent révélées fausses, on devra donc certainement se contenter d’observer l’évolution et s’adapter