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Français à l'étranger
31 mai 2018

Canada - Tout pour réussir

Vous aimez les grands espaces, les lacs à perte de vue ? Vous préférez les vibrations d'une ville cosmopolite comme Vancouver ou Toronto ? Le Canada est fait pour vous.

Que d’anniversaires ! Entre les 375 ans de la fondation de Montréal et les 150 ans de la création du Canada, la fête sera partout cet été. De l’île de Vancouver à l’ouest, aux rives du Saint-Laurent à l’est, du Pacifique à l’Atlantique. Le deuxième pays le plus étendu du monde après la Russie, dix provinces, trois territoires et six fuseaux horaires, accueille les migrants à bras ouverts. Il en a besoin pour doper sa démographie, mais les critères sont précis. Avec ses 35,2 millions d’habitants, le Canada a connu entre 2011 et 2016 une croissance démographique de 5%, légèrement inférieure à la période précédente (5,9%).

Un important turn-over

De nombreuses réglementations facilitent l’accès des Français au marché du travail canadien. L’accord de mobilité « Programme Vacances Travail » permet l’accueil chaque année de 7 000 jeunes Français de 18 à 35 ans. Si le Québec truste encore la majorité des expatriations (85 à 90% des résidents permanents, 75 à 80% des temporaires), d’autres provinces ont le vent en poupe : l’Ontario (Toronto, Ottawa) ou encore la Colombie-Britannique (Vancouver).

Les secteurs du high-tech, de l’hôtellerie, du commerce, du marketing et de l’éducation sont particulièrement demandeurs. Plus d’un million de travailleurs qualifiés seront recrutés au Canada d’ici 2020, dans tous les secteurs d’activités, y compris les travailleurs manuels et artisans. Montréal, Toronto, Ottawa, Vancouver : l’UFE quadrille ce territoire grand comme près de vingt fois la France et renseigne nos compatriotes. Depuis novembre dernier, tous les ressortissants européens qui étaient jusqu’ici exemptés de visa d’entrée au Canada doivent présenter à la police des frontières une autorisation de voyage électronique (AVE).

Le Québec, gare aux idées reçues !

C’est toujours LA porte d’entrée au Canada pour 80% des Français candidats au départ. Grâce à la proximité de la langue, la province de Québec (6 millions d’habitants) attire toujours plus d’immigrants francophones, même si l’anglais est ici incontournable. Quelque 70 nationalités sont représentées et le mode de vie à l’américaine est prédominant.

La plus belle vue de Montréal, c’est depuis le parc du Mont-Royal qu’on la trouvera, au milieu des écureuils et des marmottes. Cette colline de 234 mètres de haut, que l’on appelle la « Montagne », suscite la fierté des Montréalais. Été comme hiver, le regard embrasse toute la ville, de la forêt de gratte-ciel du quartier Ville-Marie jusqu’aux méandres du fleuve Saint-Laurent, entre l’île Sainte-Hélène et l’île Notre-Dame. « Montréal reste la porte d’entrée vers l’Amérique du Nord, avance Jean-Michel Lacroix,  auteur de “Une Histoire du Canada, des origines à nos jours”. La ville offre un charme indicible, une atmosphère avec laquelle ne peut rivaliser Toronto, plus anonyme. Sa dynamique culturelle est puissante. C’est un lieu de créativité et d’innovation, une ville où la nature n’est jamais loin, où l’accessibilité est une priorité. » Mais ne s’installe pas qui veut : la clé d’une expatriation réussie, c’est la pré-pa-rat-ion, martèle Karine Jolicoeur Delvolvé, avocate à Montréal : « Les immigrants sont choisis par le ministère de l’Immigration du Québec à partir de plusieurs critères de sélection, dont notamment leur profil professionnel, leurs compétences et leurs diplômes. Le Québec est la seule province de tout le Canada à appliquer ses propres critères de sélection pour les candidats à l’immigration. Ensuite, le niveau fédéral examinera attentivement votre dossier médical et votre casier judiciaire. » Multimédia, agro-alimentaire, aérospatiale (Bombardier), TIC, sciences de la vie, technologies de la santé, transports : la plupart des secteurs embauchent. Les services génèrent plus des deux tiers de l’activité. Assassin ‘s Creed, le jeu vidéo aux près de 100 millions d’exemplaires vendus dans le monde est né ici, dans les studios du Français Ubisoft, au cœur du Mile End, ancien quartier industriel reconverti en paradis des start-up. Montréal est devenu le troisième pôle mondial de développement en jeux vidéos, après le Japon et la Californie.

Disneyland de la gastronomie

« Ici, on n’a pas peur de l’échec, témoigne Arnaud Granata, Lyonnais, aujourd’hui président des éditions Infopresse (premier groupe média au Québec). En France, l’erreur est stigmatisée et la peur d’échouer paralyse la créativité. On essaie, et si on se trompe ce n’est pas grave, on essaiera autre chose. C’est très stimulant. » Côté plaisirs de la table aussi, la ville est un melting-pot, un patchwork de cultures. « Le Québec, c’est un Disneyland de la gastronomie, avec des pays nouveaux ouverts sur le monde entier, témoigne Jérôme Ferrer, propriétaire du restaurant Relais & Châteaux « l’Europea », à Montréal. Chacun arrive avec sa religion, sa culture…. et sa valise d’épices ! C’est une belle ville dessinée avec l’immigration, on retrouve le quartier français, asiatique, le Vieux Montréal un peu plus latin. »  Ici, le marché du travail est flexible, avec une forte mobilité et une législation très souple. Attention toutefois à l’accès à certaines professions et métiers très réglementés et pas toujours ouvert aux nouveaux arrivants ! Il existe plusieurs catégories : travailleur qualifié, gens d’affaires, regroupement familial ou candidat des provinces. Il est parfois possible de demander la résidence permanente sur place, mais la plupart du temps votre interlocuteur sera l’ambassade du Canada à Paris. Au Québec, les relations au travail sont décloisonnées et détendues. « Elles se construisent sur de véritables échanges, raconte Christophe Serres, propriétaire d’un salon de coiffure à Montréal. En France, on demande aux gens de faire quelque chose et ils doivent le faire. Ici, on propose, on discute, on partage. Tout le monde est valorisé. » Cette apparente nonchalance n’exclut pas le professionnalisme. Si vous ne faites pas l’affaire, votre employeur n’hésitera pas à vous rendre votre liberté rapidement, et quasiment sans indemnité. L’inverse est vrai aussi : si vous trouvez un emploi mieux rémunéré, vous pourrez partir du jour au lendemain.

La culture du travail

Karine Jolicoeur Delvolvé observe que « lorsqu’on arrive au Québec pour y travailler, il faut savoir “vendre” ses compétences. Un employeur ne connaîtra pas forcément le nom de votre diplôme ou celui de l’école dans laquelle vous l’avez obtenu, et ces éléments si chers aux Français ne lui témoigneront pas non plus de vos compétences et habilités professionnelles sur le terrain. Lors d’un entretien d’embauche, votre atout sera votre capacité à exprimer votre expertise et ce qu’elle peut apporter de plus à votre futur potentiel employeur, qu’il ne trouvera pas forcément chez une personne formée localement. Vous devrez faire de votre différence votre atout ! ».

La plus grande erreur pour qui se lance dans une mobilité au Québec, c’est de débarquer en pensant atterrir sur un petit bout de France. « C’est la même langue mais il y a des mots qui n’ont pas le même sens donc pas le même impact sur votre interlocuteur, met en garde Karine Jolicoeur Delvolvé, il faut lire, se cultiver sur l’histoire du Québec, avant d’arriver pour pouvoir appréhender et assimiler plus facilement nos différences une fois sur place.  L’ouvrage qui m’a beaucoup aidée lors de mon arrivée est “S’intégrer sans se désintégrer”, écrit par Gérard Charpentier, Ph. D. (psychanalyste et sociologue, management consultant, auteur et conférencier) et vice-président de l’UFE Montréal. »

Les bilingues français-anglais sont évidemment très recherchés. La majorité de l’immigration au Québec reste francophone, avec dans le tiercé de tête des pays d’origine le Maroc, l’Algérie et la France. « La grande réussite de Montréal est d’avoir su imposer l’idée qu’on peut faire du business en français, observe Jean-Michel Lacroix. Ce qui n’empêche pas les Québécois d’aller négocier en anglais des accords à New York, leur principal partenaire, sans passer par l’Ontario. »  De nombreux centres d’emploi (EDSC) sont répartis sur l’ensemble du territoire, tout comme des agences de recrutement. Elles représentent une bonne option pour décrocher un contrat à moyen ou long terme après être passé par un CDD. Enfin, il existe des « centres de carrières », établissements éducatifs ou entreprises privées. Et puis il n’y a pas que Montréal où s’installer au Québec : « C’est assez occupé, voire saturé, témoigne Karine Jolicoeur Delvolvé, alors qu’il y a d’autres villes très actives comme Trois-Rivières, Sherbrooke ou Québec, avec également des possibilités d’emploi. » Le nord du Québec regorge de mines et recrute des ingénieurs à tour de bras, à condition d’apprécier les grandes étendues arides !

Une vie étudiante foisonnante

Beaucoup de jeunes Français franchissent aussi l’Atlantique pour venir poursuivre leurs études au Canada, où les établissements sont réputés (Université de Montréal, plus grande université francophone d’Amérique du Nord, UQàM, HEC, Polytechnique, McGill…). Montréal vient d’ailleurs d’être sacrée cette année première ville étudiante au monde devant Paris, selon l’étude QS Best Student Cities. Chaque université possède ses propres règles d’admission mais l’accès est toujours sélectif. On demandera notamment à l’étudiant de prouver son niveau en anglais via un test de compétence linguistique (TOEFL, IELTS…). Grâce à un accord, les frais de scolarité au Québec sont les mêmes pour les étudiants français et canadiens. Alors qu’ils sont plus élevés dans les autres provinces. « En France, je trouvais mes études stressantes, témoigne Léa Fourreau, étudiante en psychologie à l’UqàM. Ici, il n’y a pas de gros examen final pour lequel il faut réviser quatre mois de cours en deux semaines. On a des “intras”, des examens à chaque moitié de session. » Le Québec reconnaît l’équivalence entre le baccalauréat français et le diplôme d’études collégiales local. La vie associative est très active. Pour couvrir leurs frais de vie, les étudiants étrangers sont autorisés à travailler sur le campus, mais pas plus de dix heures par semaine. Au-delà, il faut un permis. Une fois diplômé au Canada, on peut y prolonger indéfiniment son séjour grâce au programme de travail post-diplôme. Il existe aussi des programmes de mobilité des jeunes comme le PVT qui permet de venir au Canada en alternant travail et vacances.

L’Ontario, poumon économique du Canada

C’est l’un des territoires les plus multiculturels au monde : on y parle près de 70 langues et la moitié des immigrants qui viennent au Canada s’y installent. L’Ontario est double : Toronto, chef-lieu de la province, ville des affaires et de la finance, métropole la plus peuplée du Canada, sur les rives du lac Ontario, et Ottawa, capitale fédérale, ville verdoyante à taille humaine plébiscitée par les familles pour sa qualité de vie.

À elle seule, la surface de la province atteint deux fois celle de la France ! L’Ontario, ce sont d’abord des ressources naturelles (lacs, forêts, minéraux). L’industrie manufacturière représente plus de la moitié de la production totale du Canada. C’est aussi le territoire le plus peuplé. Le gouvernement provincial a lancé le Programme ontarien des candidats à l’immigration (POCI) qui permet aux employeurs de sélectionner leurs futurs collaborateurs en fonction de leurs besoins. Il y a deux catégories : les entrepreneurs (qui doivent déposer une offre d’emploi dans l’une des 20 professions spécifiques des secteurs de la santé, de l’éducation, de la construction ou du secteur manufacturier) et les investisseurs internationaux. Celle-ci vise à favoriser l’entrée des personnes clés dans les entreprises qui investissent massivement en Ontario. Pour les demandeurs d’emploi, il existe le centre Expérience Globale Ontario qui aide les immigrants à obtenir la reconnaissance de leurs titres de compétence et expériences acquises à l’étranger. Le centre offre des renseignements pour aider les immigrants à obtenir un permis d’exercer ou une accréditation pour exercer des professions réglementées en Ontario ne faisant pas partie du secteur de la santé et ou pour exercer des métiers spécialisés.

Toronto, la capitale de la province, attire plus de 40% des francophones de l’Ontario dont une majorité de francophones. En 1986, le gouvernement ontarien a adopté la Loi sur les services en français (LSF). Elle garantit au public le droit de recevoir des services en français du gouvernement de l’Ontario. Un commissariat aux services en français veille même à la bonne application de la loi ! Toronto ne possède pas de quartier francophone aussi bien délimité qu’Ottawa ou Sudbury par exemple. En dehors de ces trois villes, la communauté francophone est aussi installée à Hamilton, London ou encore Windsor. « Les villes de 150 000 habitants sont de petites villes et la vie y est différente, met en garde Vincent Muller, journaliste à Toronto. Les gens vivent plus repliés sur eux-mêmes et c’est difficile pour un Européen qui arrive de s’intégrer. » Enfin, les démarches pour être pris en charge par l’assurance-santé de l’Ontario devront être effectuées dès votre arrivée mais votre couverture ne sera effective qu’au bout de trois mois. Le plus sage est de souscrire une assurance privée en attendant.

Toronto ou Ottawa ?

Elle n’en est pas la capitale, mais avec 2,6 millions d’habitants, Toronto est la plus grande ville du Canada. Bâtie sur les rives du lac Ontario, elle est connue pour son industrie automobile et réputée pour son festival du film, chaque année en septembre. Certains trouveront que par son urbanisme, Toronto manque de caractère et la compareront à New York. Elle regroupe les sièges des plus grandes sociétés canadiennes, américaines et étrangères. La vie est chère et les rapports peuvent paraître distants. À 450 kilomètres de là, le grand Ottawa atteint à peine le million d’habitants. C’est une ville verdoyante, aérée, et là où se trouvent toutes les administrations qui en font la capitale fédérale du Canada. La ville est en Ontario, mais à dix minutes seulement du Québec, et accueille à bras ouverts les immigrants bilingues! Beaucoup de Français travaillent d’ailleurs à Ottawa et vivent au Québec, en particulier à Hull-Gatineau, juste de l’autre côté de la rivière des Outaouais qui sert de frontière.

Vancouver et la Colombie-Britannique : cap à l’ouest !

La province du Canada promet des paysages spectaculaires, du Pacifique aux Rocheuses. Ici, le climat est doux en toute saison. Pont idéal entre l’Amérique du Nord et l’Asie, frontière avec les États-Unis au sud, on y travaille et on y vit en anglais. Mais la communauté francophone n’en est pas pour autant inexistante. C’est même la quatrième du Canada. À Vancouver, quatre immigrants sur cinq sont originaires d’Asie. Terre de grands espaces, d’une superficie supérieure à la France et l’Allemagne réunies, la province couvre près de 10% du Canada. Mais le territoire ne fait pas tout. Si la province connaît un bel essor, elle le doit à un non-conformisme inné. Pour faire face à ses besoins, la Colombie-Britannique estime qu’un million d’emplois seront créés dans les dix-quinze ans. 60% seront pourvus en interne  – entendez par des Canadiens – et 40% par l’accueil massif et chaleureux de… 400 000 émigrés. Une météo clémente, de bons salaires autour de 70.000 à 80.000 dollars et un fuseau horaire avantageusement proche de la Silicon Valley et de l’Asie favorisent la belle réussite d’une province méconnue.

Blockbusters

Le territoire surfe déjà sur le tourisme, grâce à ses 25 000 km de côtes, ses 28 000 îles, ses parcs et réserves, ses chaînes volcaniques. Mais pas que. Les nouvelles technologies pèsent pour plus de 7% du PIB de la province. On phosphore beaucoup en Colombie-Britannique. Dans la com’ et les technologies de l’information (TIC), les médias numériques et sans fil, la santé, les sciences de la vie, les technos vertes ou l’ingénierie. Des industries basées pour l’essentiel à Vancouver et Victoria. C’est ici que des blockbusters comme X-files, 50 Shades of Grey, Godzilla, X-Men ou Star Trek ont été produits. Si la stabilité politique, le taux de croissance économique et démographique relativement élevé et l’intégration économique avec l’Asie jouent un rôle déterminant pour la province, Vancouver avance des pions bien à elle. La qualité de vie y tient son rôle : l’accès facile à une vie sociale très riche, aux sports de montagne et de bord de mer rend attractif un job à Vancouver. Et pour l’entrepreneur, la ville affiche les impôts sur les sociétés les plus bas de toute l’Amérique du Nord (y compris le Mexique). Les coûts opérationnels sont également très compétitifs, l’électricité notamment. C’est pourquoi de nombreuses grandes compagnies choisissent de s’implanter dans la province : Mercedes-Benz, Samsung, Microsoft, Amazon… Ici, la moitié des expatriés sont américains, 38% viennent d’Asie et 20% d’Europe.

Article publié par La Voix de France, Union des Français de l’Etranger

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