La fragilité économique du pays et la dégradation des relations entre Ankara et Washington ont accéléré la chute de la livre turque, déjà affaiblie par l’endettement massif des entreprises en devises étrangères. Depuis le début de l’année 2018, la monnaie turque a perdu 40 % de sa valeur et l’inflation dans le pays est inquiétante.
Vendredi dernier, Donald Trump a annoncé une augmentation sévère des taxes à l’importation sur l’acier et l’aluminium turcs. Celles-ci vont passer respectivement de 25 % et 10 % à 50 % et 20 %.
Cette crise entre les Etats-Unis et la Turquie semble liée au sort d’un pasteur évangélique américain, Andrew Brunson, accusé par Ankara d’espionnage et d’activités « terroristes », emprisonné en Turquie , et dont Washington réclame la libération. Mais les divergences sont plus anciennes et profondes. Les demandes d’extradition par la Turquie de l’imam Gülen (accusé d’avoir organisé l’assassinat de l’ambassadeur russe et le putsch avorté contre Erdogan en juillet 2016), exilé aux Etats-Unis, n’ont pas été entendues et le soutien de Washington aux forces kurdes de Syrie face à l’Etat islamique attisent encore plus gravement ces tensions.
Le Président français, lors d’un entretien téléphonique avec le Président Erdogan a tenté d’apaiser la situation en disant « sa préoccupation sur la situation à Idlib (ville syrienne, ultime refuge pour trois millions de civils, groupes djihadistes et rebelles chassés du reste du pays par la progression des forces gouvernementales) et sur les conséquences humanitaires, sécuritaires et politiques qu’entraînerait une offensive militaire du régime dans cette région. »
La discussion a porté aussi sur la situation économique et financières de la Turquie, Emmanuel Macron ayant insisté sur « les liens économiques et commerciaux forts entre l’Union européenne et la Turquie et souligné son attachement à une Turquie stable et prospère. Il a assuré le Président Erdogan du soutien de la France en ce sens.
Presque 11 000 Français vivent en Turquie, la communauté française occupe la quatrième place parmi les communautés occidentales, loin cependant derrière les Allemands, les Britanniques et les Américains.
Près de 260 sociétés françaises sont implantées en Turquie, tous les secteurs d’activité sont concernés : automobile, BTP, services financiers, textile, électricité-électronique, transports et hôtellerie-restauration.