Chers amis,
Pour faire vivre une nation, la politique consiste souvent à gérer des contradictions et affronter des critiques. Près d’un an et demi après son entrée en fonction, le président de la République n’en manque pas, comme l’a indiqué Nicolas Sarkozy dans un interview récent, « il est servi ». Citons, depuis l’été dernier :
– l’affaire Benalla aux multiples rebondissements, qui a révélé des dysfonctionnements reconnus par le Président lui-même et n’a pas fini de révéler ses effets néfastes : le retard important de la réforme des institutions voulue par le chef de l’Etat et les propos récents de M. Collomb, ministre de l’intérieur d’alors, qui a déclaré s’être senti bien seul dans cet épisode ;
– la démission surprise de M. Hulot, annoncée au président et au Premier ministre, tous deux surpris, au micro de France-Inter, le ministre constatant l’impossibilité d’aller au bout des réformes qu’il souhaitait ;
– la nouvelle démission accélérée d’un ministre d’État, la septième en un peu plus d’un an, celle de son grand ami et soutien, M. Collomb, préférant Lyon au Ministère ;
– le remaniement laborieux, assorti du refus de plusieurs personnes sollicitées, qui ont préféré avec raison ne pas s’embarquer dans cette galère ;
– les difficiles échanges avec la population à la fin de l’été ; l’épisode de la rencontre avec un jeune horticulteur a beaucoup nui, même si, grâce à la médiatisation de cette rencontre, ce jeune a trouvé du travail. Souhaitons lui bonne chance ;
– la réitération d’échanges de plus en plus véhéments au cours de « l’itinérance mémorielle » qui aurait pu être consensuelle mais où le président, allant au contact du public, a eu rendez-vous avec les retraités, les victimes du pouvoir d’achat reculant, et les victimes du coût exponentiel de l’essence.
– la remise en cause fervente du multilatéralisme par le président Trump ;
– les tweets vengeurs du président Trump sur le président de la République à la suite de ses déclarations sur la création d’une armée européenne « même contre les Etats-Unis », et de son discours du 11 novembre à l’Arc de Triomphe, tweets aussi du président américain se moquant des Français, et critiquant les droits de douane français sur le vins américains ;
– la résistance croissante de pays de l’Union européenne (hongrois, polonais, et, depuis peu, italiens) (après le Brexit) contre les progrès d’une Europe de tendance fédéraliste dont rêve l’actuelle majorité ;
– enfin, sur le plan économique, la remontée du chômage au dernier trimestre.
La liste est longue de toutes les contrariétés suscitées par une politique totalement assumée.
L’argumentaire : « j’assume et je ne lâcherai rien » est désormais l’argument suprême du pouvoir lorsque les critiques affluent. C’était le discours du Premier ministre aux automobilistes. Les augmentations étaient censées garantir la transition énergétique. L’opinion pensait plutôt que les taxes serviraient à combler le déficit. Le pouvoir a donc répété à l’envie « j’assume et je ne lâcherai rien ». Jusqu’au moment où le Président, face aux protestations indignées du public rencontré, ne décide de lâcher du lest. Ordre a été donné au Gouvernement de trouver des mesures de compensation, méli-mélo de mesures disparates jugées insuffisantes par les automobilistes qui ont besoin de leur voiture pour travailler.
Un mouvement de protestation citoyen, venu des réseaux sociaux, s’est créé à l’écart des partis et syndicats: “les gilets jaunes”. La journée de protestation du 17 novembre qu’ils ont mise sur pied est attendue avec une certaine appréhension par le pouvoir. Ses promoteurs jugent que les mesures de compensation prévues par le Gouvernement ne font pas le compte.
Tout ceci a fait passer quasiment inaperçus deux plans importants: le plan santé, et le plan contre la pauvreté, que certains pourront toujours trouver insuffisants, mais qui contiennent un certain nombre de mesures utiles. On doit tout de même constater que lorsque des sujets importants doivent être discutés, l’exécutif laisse occuper les esprits par d’autres sujets qui sont une aubaine pour les médias. Il cherche à attirer l’attention ailleurs pour que l’opinion s’aperçoive le moins possible de tout ce qui va affecter les Français au quotidien…
Comme vous pourrez le constater plus loin, j’ai fait adopter par la commission des lois du Sénat à l’unanimité, un rapport établi avec mon collègue M. Detraigne, sur les machines à voter et le vote par internet. J’y préconise le maintien du vote par internet pour les Français de l’étranger dans des conditions de sécurité améliorées.
J’ai, par ailleurs, déposé une proposition de loi organique et une proposition de loi, cosignées par 42 collègues, visant à permettre aux conseils consulaires d’élire eux-mêmes leurs présidents.
J’ai participé aux travaux préparatoires du projet de loi sur la réforme de la Justice.
Une bonne nouvelle pour les Français de l’étranger : le pouvoir s’est enfin intéressé à nous.Le rapport de Mme Genetet récapitule tout ce que les Français de l’étranger et leurs élus ont demandé depuis une vingtaine d’années et qui leur a été obstinément refusé par Bercy et tous les Gouvernements successifs. D’ores et déjà, quatre ou cinq mesures fiscales ont été obtenues, non sans que Bercy ne tente de récupérer d’une main ce qu’il avait accordé de l’autre, par des mesures compensatoires. Mme Genetet peut, en tout cas, compter sur notre sympathique vigilance pour faire un bilan régulier des réalisations effectives. Une vigilance qui s’impose d’autant plus que l’influent député LREM de la Vienne, M. Sacha Houlié, dans une note transmise à l’Elysée et à Bercy, propose la hausse « de cotisations pour les allocataires de revenus de substitution (principalement les pensions de retraite) qui s’exilent fiscalement ». Comme vous pouvez le constater, tout ce que les députés LREM essaient de porter à leur crédit est le fruit du travail de vos députés précédents et de vos sénateurs précédents et actuels… Peu importe, l’important est d’obtenir les résultats et c’est ce que nous attendons avec impatience…
Au cours des mois de septembre et octobre, je me suis rendue au Kurdistan, dans le cadre de l’AFAM ONG, en Estonie, dans le cadre de mon rapport sur le vote électronique et à Zurich pour l’Assemblée générale de l’Union des Français de Suisse. Vous trouverez les compte-rendus de ces déplacements dans ma lettre.
Présidente du groupe d’amitié France-Asie du Sud-Est, j’ai reçu également une délégation de l’Assemblée nationale législative de Thaïlande, conduite par son président, le Pr. Pornpetch Wichitcholchai.
La première semaine d’octobre, j’ai eu le plaisir de retrouver les élus présents pour la 29ème session de l’Assemblée des Français de l’étranger.
Dans le cadre des travaux des commissions, j’ai été auditionnée par la Commission des Lois sur ma mission sur le vote électronique et par la Commission du Commerce extérieur sur « La chambre de commerce de Singapour : sa création et la réforme ».
La France s’est rassemblée autour de la période du 11 novembre, pour célébrer le centenaire de l’armistice de 1918, pour rendre hommage au sacrifice de nos anciens, à nos soldats morts pour la France, dont beaucoup dans nos familles. Travaillons inlassablement pour la réconciliation définitive et la paix entre l’Allemagne et la France et leurs alliés et la paix en Europe. Certaines de ces célébrations ont été belles et dignes pour leur simplicité et le vrai sens de la réconciliation. Je pense notamment à la cérémonie de Rethondes avec le Président de la République et Mme Merkel. Cet hommage était certainement, à mes yeux, celui qui méritait vraiment d’avoir lieu…
J’ai participé à une commémoration du Centenaire à l’Ambassade de France à Singapour présidée par l’Ambassadeur, M. Marc Abensour, en présence notamment des conseilleurs consulaires Mme Laurence Huret et Mme Mathilde Broustau, des représentants de Souvenir Français et de nouveaux citoyens français.
Les Français de l’étranger ont su venir défendre leur pays dans ces moments tragiques et beaucoup n’en sont pas revenus…
M. Maurice Genevois aura les honneurs du Panthéon, au moins symboliquement. C’est une bonne initiative. J’aurais, pour ma part, pensé à un autre écrivain, à un poète, ancien combattant de 1914, Charles Péguy qui décrit dans son drame de Jeanne d’Arc une vision d’espoir renaissant : « On ne se battra plus. Il n’y aura plus la bataille. Il n’y aura plus la guerre. Il n’y aura pas la souffrance des corps ; il n’y aura plus la souffrance des âmes. Les maisons seront gardées sauves, et sauves les églises. Il n’y aura plus d’enfants qui s’en vont en pleurant par la route affameuse. Et nous pourrons enfin moissonner nos moissons ».
Fidèlement.
Jacky Deromedi
Voici les liens pour consulter :