Destinations au banc d'essai
Maroc vs Tunisie
Les liens historiques de ces pays du Maghreb avec la France en font deux destinations très prisées des Français. Ils y créent des entreprises et, depuis quelques années, y passent leur retraite. Pourtant, l’un et l’autre ne proposent pas les mêmes avantages aux expatriés et n’offrent pas non plus les mêmes conditions de vie.
Gouvernance
> Maroc
À la tête de cette monarchie constitutionnelle, le roi Mohammed VI exerce un pouvoir personnel fort même s’il est moins autoritaire que celui de son père. Le champ politique marocain est en pleine recomposition, avec une dynamique sociale contestataire prenant la forme de boycott contre la vie chère. Les partis politiques ne parviennent pas à agréger les demandes de la population, et le gouvernement, en place depuis avril 2017, doit faire face à des crises qui se succèdent. M. Saad Eddine El Otmani, chef du gouvernement, cherche à négocier des mesures à même de consolider la confiance des acteurs économiques, relancer la croissance et accélérer le rythme de création d’emplois (avec une simplification des procédures, la réduction des délais de paiements, la facilitation de l’accès à la commande publique…). Le chômage, qui frappe en particulier les jeunes, est préoccupant tout comme le taux pauvreté, l’un des plus élevés de la région. Cela explique la montée des mouvements sociaux ces derniers mois, malgré une pression particulièrement intense. Par ailleurs, même si le Maroc progresse un peu en matière de corruption, il reste classé à la 81e place (sur 180) par Transparency International pour qui les secteurs les plus touchés sont la justice, l’immobilier, la police, l’administration et la santé.
> Tunisie
Le Printemps arabe a sérieusement freiné les investissements étrangers dans ce pays connu jusqu’alors pour sa stabilité et sa laïcité. Le climat social et politique du pays n’est pas très bon, les tensions sont alimentées par de mauvais résultats économiques. Chômage (les jeunes diplômés sont particulièrement touchés), inflation, dévaluation du dinar, croissance en berne, les raisons pour se mettre en grève sont nombreuses. De nombreux indicateurs sont au rouge, comme l’inflation, les enseignants se sont mis en grève, ainsi que les personnels hospitaliers. En raison de la menace liée aux activités des réseaux terroristes djihadistes, l’état d’urgence, décrété par les autorités tunisiennes et en vigueur sur l’ensemble du territoire, a été prolongé jusqu’au 12 octobre 2018. La transition démocratique du pays n’est pas achevée. La population se mobilise désormais pour que les dernières propositions de la Commission des libertés individuelles soient traduites en lois. C’est le cas par exemple des thématiques de l galité entre les femmes et les hommes, y compris dans l’héritage, de la dépénalisation de l’homosexualité, de l’abolition de la peine de mort ou encore de la liberté de conscience et de religion.
Qualité de vie
> Maroc
Selon l’agence américaine Mercer, les villes du Maroc n’occupent pas de place de premier plan dans le classement des villes où il fait bon vivre, Rabat n’arrivant qu’en 117e place et Casablanca à la 124e position.
Selon le magazine américain U.S. News & World Report, le Maroc occupe la 47e place de son classement. Selon son étude, le Maroc a comme principaux atouts sa richesse culturelle, sa facilité de mobilité et ses bas coûts de production.
Le soleil, l’immobilier accessible, un coût de la vie plus accessible sont autant de raisons qui incitent chaque année des dizaines de milliers de Français à passer l’hiver au Maroc, sans oublier celles et ceux qui s’y installent définitivement (près de 60000 Français). Ils choisissent Marrakech, Agadir, Casablanca…
> Tunisie
Si l’on suit le palmarès de l’étude Mercer, la ville de Tunis arrive en tête au niveau du Maghreb, en se classant à la 114e place.
Dans son étude sur les pays où il fait bon vivre, le magazine américain U.S. News & World Report place la Tunisie à la 65e place. Selon le rapport, son principal atout est son ouverture au business, principalement grâce à ses bas coûts de production.
En revanche, au début de l’année 2018, l’Union européenne a inscrit la Tunisie, au même titre que l’Afghanistan ou le Yémen, en tant que pays comme « fortement exposé au blanchiment de capitaux et au financement du terrorisme ». Cela s’ajoute à la forte corruption qui sévit dans le pays et gangrène les forces au pouvoir.
Facilités d’installation
> Maroc
Pour passer trois mois au Maroc, seul un passeport suffit. Au-delà, il faut se faire immatriculer et obtenir une autorisation de séjour à solliciter auprès du commissariat central, de la préfecture de police ou de la brigade de gendarmerie royale de votre circonscription. Le permis est valable une année renouvelable. Après trois ans de séjour, il est possible d’obtenir un permis de séjour valable dix ans.
L’obtention du titre de séjour est soumise à des garanties de ressources.
Pour travailler au Maroc, il faut d’une part que l’employeur obtienne l’autorisation auprès des autorités et ensuite que le contrat de travail pour étranger réponde à à l’obligation de préférence nationale pour les postes peu qualifiés. Pour les emplois de cadres la législation est plus souple.
> Tunisie
Au-delà de trois mois passés dans le pays, vous devrez faire la demande d’un visa.
Pour travailler en Tunisie, il est aussi indispensable de posséder un visa de travail. Pour cela, vous devrez prouver que vous avez un profil que l’on ne retrouve pas sur le marché local de l’emploi. Les formalités sont souvent prises en charge par l’employeur. Sinon, pour obtenir vous-même votre carte de résident, il faudra vous adresser au ministère de l’Intérieur, à Tunis, ou à un officier de police mandaté pour le traitement de ce type de dossier. Le délai d’instruction du dossier est assez long, entre quatre et cinq semaines. Mais en attendant, on vous remettra une carte provisoire. Attention, votre contrat de travail doit être visé par le ministère de la Formation professionnelle et de l’Emploi.
Le marché de l’emploi
> Maroc
Le marché de l’emploi au Maroc n’est pas en grande forme, et les jeunes sont particulièrement touchés par le chômage, particulièrement les non-diplômés. Les secteurs les plus dynamiques en 2018 sont le commerce de détail et les services à la personne, l’agroalimentaire, le bâtiment et les travaux publics. Le tourisme connaît lui aussi un véritable boom, avec des opportunités par exemple à Saidia où une nouvelle station balnéaire devrait accueillir jusqu’à 600 000 touristes par an. Un autre secteur reste toujours ouvert aux expatriés : l’éducation. Les centres qui dispensent des cours de langues embauchent des locuteurs natifs d’anglais, de français et d’espagnol.
Quelques sites pour trouver un emploi :
> Tunisie
Les attentats de 2015 ont contribué à affaiblir l’économie tunisienne en mettant à plat son secteur touristique. Conséquence directe : les « jeunes cerveaux » fuient le pays, chercheurs et entrepreneurs cherchant plutôt à s’installer de l’autre côté de la Méditerranée. Dans ce contexte, il n’est pas aisé pour les expatriés de trouver un emploi. Leur meilleure chance se trouve du côté des entreprises internationales. Et encore, à la condition d’être expérimentés.
Les entreprises totalement exportatrices peuvent recruter des agents de direction et d’encadrement de nationalité étrangère dans la limite de quatre pour chaque entreprise. Les entreprises tunisiennes ne peuvent normalement embaucher un étranger que pour une durée d’un an, renouvelable une fois. Cela ne concerne pas les entreprises étrangères.
Quelques sites pour trouver un emploi :
Les bons plans emploi
> Maroc
Les fonctions de cadre et de direction sont les plus accessibles pour les expatriés, qui trouvent plus facilement à s’employer dans les grandes firmes internationales.
Tout dépend évidemment de la région où vous vous installerez. Le secteur de Rabat-Salé-Kénitra se distingue par le dynamisme de l’offshoring et l’implantation récente du secteur automobile. Les ingénieurs confirmés et spécialisés sont recherchés, tout comme les managers de production. À Casablanca, c’est le numérique, avec des entreprises étrangères, qui capte les profils qualifiés, ainsi que l’offshoring (beaucoup de centres d’appel), suivi par l’automobile, l’aéronautique, le ferroviaire et les industries de pointe. Les profils recherchés sont ceux du top management en finance, ressources humaines et juridiques.
> Tunisie
L’agriculture biologique est en plein boom et recrute des techniciens expérimentés. Les technologie de l’information et de la communication connaissent une forte croissance et le secteur du tourisme, traditionnellement porteur, a amorcé une reprise depuis 2017. Les Français ont en effet choisi de revenir en vacances dans le pays (+110% par rapport à 2016).
Parmi les secteurs qui recrutent des personnels formés et diplômés figurent l’informatique, l’aéronautique, la banque, l’énergie, l’agroalimentaire, les mines, l’industrie textile et la grande distribution.
Le français est la langue administrative officielle mais parler l’arabe sera un plus. Les centres de langue sont aussi toujours en recherche de professeurs de français.
Environnement des affaires
> Maroc
Les investissements étrangers vont essentiellement dans les secteurs de l’immobilier et de l’industrie. Il existe des programmes d’accompagnement des investisseurs au Maroc.
L’État met en place plusieurs exemptions, exonérations fiscales et avantages comme les entreprises nouvellement créées qui bénéficieront d’une exonération de la taxe professionnelle pendant une durée de cinq ans. Le secteur environnemental a lui aussi le vent en poupe comme en témoigne le projet thermo-solaire Noor IV, à Ouarzazate. L’objectif du pays est d’atteindre 42% d’énergie renouvelable d’ici à 2020. L’accord franco-marocain sur la protection des investissements permet aux investisseurs de rapatrier, en cas de vente, le produit de la vente de leur entreprise, y compris la plus-value. Les coûts de production sont parmi les plus bas de la région, le pays s’est doté d’infrastructures modernes comme le nouveau port Tanger Méditerranée, la construction d’autoroutes, les lignes ferroviaires à grande vitesse… Dans le dernier classement Doi Business, le Maroc occupe la 69e position.
> Tunisie
En 2016, la Tunisie a adopté une nouvelle loi sur les investissements qui simplifie les procédures d’obtention de licences, de permis et d’autorisations d’investissement.
La plupart des Français qui créent une entreprise en Tunisie le font dans le secteur du tourisme ou du commerce. Les principaux secteurs propices aux investissements sont l’énergie, les matériaux de construction, les télécommunications, le textile, le tourisme et l’électronique.
Les entreprises étrangères sont taxées à 25% sur les profits qu’elles réalisent en Tunisie. Le crédit d’impôt étranger est accordé aux entreprises résidentes des pays avec lesquels la Tunisie a conclu une convention fiscale. Les entreprises nouvellement établies peuvent prétendre à une exonération d’impôt durant les quatre premières années d’activité (exonération totale la première année, 75% la deuxième année, 50% la troisième et 25% la quatrième année). Dans le dernier classement Doing Business, la Tunisie occupe la 88e position. L’Agence de promotion de l’industrie est de bon conseil.
Les + Étudiants
> Maroc
Pour pouvoir étudier au Maroc il faut au préalable s’adresser à l’Agence marocaine de coopération internationale (AMCI) via la direction des Bourses. Une fois accepté par l’université de votre choix, vous devrez vous présenter impérativement au département de la Formation des cadres, relevant de l’AMCI.
Pour obtenir une carte de séjour il vous faudra une attestation d’inscription de votre université d’accueil. Si vous souhaitez vous inscrire en licence, vous devez être titulaire du baccalauréat (ou équivalent) avec mention, et pour entrer en aster il faut une licence avec mention bien.
> Tunisie
Les établissements privés ont bonne réputation et les diplômes de ses universités sont reconnus sur le plan mondial. Des universités françaises, comme Paris-Dauphine, installent même des campus à Tunis.
C’est la Direction générale de la Coopération internationale qui étudie les dossiers de candidature des étudiants étrangers et les autorise à s’inscrire dans les différents établissements universitaires.
Les étudiants étrangers doivent demander une carte de séjour ; une fois sur place, ils ont trente jours pour en faire la demande.
Accès au logement
> Maroc
Il y a de plus en plus de programmes de construction avec des standards occidentaux (piscine, surveillance, sports…). Les riads sont très recherchés. Un 3-pièces coûte en moyenne 600€/mois, Casablanca étant plus chère (jusqu’à 1000€). Les quartiers de la communauté française de Casablanca sont le Casa historique, du boulevard Zerktouni jusqu’à l’avenue des Far, les quartiers Racine, Gauthier et Palmier, Oasis… Pour acheter, mieux vaut se faire assister d’un avocat. Ainsi, par exemple, quand on achète une maison ancienne, il faut vérifier que l’ancien propriétaire a bien payé ses impôts. Pour un terrain, il faut s’assurer qu’il n’est pas agricole car son acquisition est interdite pour un étranger.
Quelques sites pour vous aider dans vos recherches :
> Tunisie
Il est plus simple de louer que d’acheter pour un résident étranger. À Tunis, les quartiers résidentiels se trouvent dans l’agglomération même (Mutuelleville, le Belvédère) et dans la banlieue nord (Gammarth, la Marsa, Carthage, Sidi Bou Saïd). Pour un appartement de trois pièces dans un quartier résidentiel de Tunis, comptez près de 800 dinars tunisiens, 450 pour un studio.
Un ressortissant français résidant régulièrement en Tunisie a le droit d’acquérir un bien immobilier sous réserve de l’obtention préalable de l’accord du Gouverneur territorialement compétent, ce qui rend la tâche assez complexe.
Quelques sites pour vous aider dans vos recherches :
Accès à la santé
> Maroc
L’organisation de la protection sociale est assez semblable à celle de la France. Les salariés sont protégés, les remboursements se font à hauteur de 70% de la tarification nationale de référence. Seul le secteur public permet la prise en charge des frais, le secteur privé restant à la charge des personnes. Le secteur de la santé est bien développé au Maroc, et moins cher qu’en France. C’est la raison pour laquelle de plus en plus de Français se font poser des implants dentaires dans le pays ou subissent des opérations de chirurgie plastique.
> Tunisie
Avec un contrat de travail vous aurez droit à la protection sociale du pays. En même temps que votre carte de résident, un carnet de soins gratuit vous sera attribué, valable uniquement dans les hôpitaux publics. Avec près de 180 hôpitaux et 2000 centres de santé de base, la Tunisie possède un paysage médical développé et de qualité, en particulier dans les villes de Tunis et Sfax. Il faut savoir également que le suivi postopératoire est parfois déficient, il est donc recommandé de rentrer en France en cas d’interventions importantes.
Fiscalité
> Maroc
La tranche supérieure d’imposition sur le revenu est de 38% et les étrangers sont exonérés d’impôt sur les revenus locatifs pendant les trois ans qui suivent l’achèvement de la construction de leur bien. Pas de plus-value non plus à la revente à la condition d’être propriétaire depuis plusieurs années. Par ailleurs, le budget 2018 prévoit une amnistie fiscale pour les étrangers résidant au Maroc. Il existe une convention fiscale entre la France et le Maroc.
> Tunisie
La France et la Tunisie ont signé une convention en vue d’éviter les doubles impositions. L’impôt sur le revenu est dû par toute personne physique ayant sa résidence habituelle en Tunisie. Les non-résidents sont également soumis à l’impôt sur leurs revenus de source tunisienne. Les tranches sont au nombre de six, de l’exonération (avec moins de 1500 dinars) à un taux de 35% pour plus de 50000 dinars.
Passer sa retraite
> Maroc
Séduits par le climat, par le fait que l’on parle français, la douceur de vivre et une meilleure qualité de vie à budget équivalent, les Français à la retraite hésitent de moins en moins à franchir la Méditerranée. Il est nécessaire d’effectuer une demande de carte d’immatriculation pour obtenir un visa d’un an renouvelable. Les résidents français au Maroc qui perçoivent une pension de retraite de source étrangère bénéficient d’une réduction d’impôt de 80% du montant de l’impôt, applicable sur les sommes transférées à titre définitif de la pension en dirhams non convertibles ; si la pension n’est pas versée sur un compte en dirhams non convertibles, l’abattement passe à 55%.
> Tunisie
De plus en plus de Français à passer leur retraite en Tunisie. Un ressortissant français retraité peut s’installer en Tunisie à condition de justifier de ses ressources lui permettant de vivre correctement compte tenu du coût de la vie dans le pays (versement d’un minimum de 400€/mois). Une fois cette condition remplie, il faut demander une carte de séjour. En ce qui concerne les impôts, un abattement de 80% sera appliqué sur les sommes transférées en Tunisie, et de 25% pour les montants restés en France. Enfin pour bénéficier d’une protection sociale et être remboursé de ses dépenses de santé, un retraité français expatrié en Tunisie a la possibilité de s’inscrire au régime tunisien de sécurité sociale.
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