Portraits de Hong Kong, par Emmanuel Langlois
Thomas Poullaouec jongle entre son job dans la finance et son rôle à l’association Enrich HK qui aide les centaines de milliers de domestiques philippines ou indonésiennes venues travailler dans les familles de Hong Kong.
Ses clients sont en Australie, au Japon, en Corée du Sud, en Chine ou à Taïwan et lui vit à Hong Kong. Thomas Poullaouec travaille pour le gérant d’actifs T Rowe Price, et voyage beaucoup en Asie. « Mon job consiste à développer des produits financiers à destination d’investisseurs institutionnels ou privés dans des actions, des obligations ou le monétaire, détaille-t-il. Tout cela est basé sur nos vues à court, moyen et long terme sur les marchés financiers. » La compagnie américaine est connue dans le monde entier pour ses solutions de placement, en particulier pour la retraite. « En Asie, nous sommes à un tournant, constate le Français. Historiquement, les retraites étaient majoritairement prises en charge par les États. Mais avec le vieillissement de la population, ils se tournent maintenant vers des solutions par capitalisation, comme aux États-Unis ou en Europe. Cela permet à des entreprises comme la mienne d’apporter notre expertise sur ces produits. » Et ce n’est pas tout. Thomas Poullaouec, 42 ans, siège aussi au conseil d’administration de l’association « Enrich HK » dont l’objet est d’aider les travailleuses domestiques migrant à Hong Kong. L’ONG leur apprend notamment à mieux gérer leur budget et les relations avec leurs familles restées au pays. « Ce sont généralement des femmes originaires des Philippines ou d’Indonésie et qui sont partie intégrante de l’économie de Hong Kong dans le secteur de l’aide à la personne. On estime que leur nombre va passer de 400 000 aujourd’hui à 600 000 dans les années qui viennent, explique le Français. Elles remplacent les crèches et les Ehpad qui ne sont pas en nombre suffisant ici par rapport aux besoins. »
Grand écart
L’association a été créée il y a douze ans par deux Françaises et aide désormais des milliers de femmes chaque année. Elle a calculé que ces travailleuses domestiques contribuaient à plus de 3% du PIB de Hong Kong. L’association leur donne aussi des règles de base pour créer une entreprise dans l’optique de leur retour au pays. « C’est le grand écart avec mon job chez T Rowe Price, reconnaît le Français, cela me permet de mettre mes compétences personnelles et professionnelles dans un autre cadre que la finance. Je me focalise en particulier sur la levée de fonds. Ici, c’est à l’anglo-saxonne, les associations sont financées par des dons d’entreprise, de fondations ou de particuliers. L’État n’intervient pas. » Breton pur beurre, Thomas Poullaouec est diplômé de l’Euria, l’une des rares écoles spécialisées dans la formation d’actuaire en France, « une formation qui prépare à des métiers dans l’assurance et la finance en utilisant des modèles mathématiques pour évaluer les risques ». Il commence sa carrière à Paris, dans une société de logiciels, Arpson, pour salles des marchés, avant de rejoindre BNP Paribas qui l’enverra ensuite à Hong Kong. Cela fait douze ans qu’il vit en famille dans l’ancienne colonie britannique. « Au départ, nous ne voulions rester que trois ans, sourit-il. L’idée était d’offrir une perspective d’éducation différente à nos enfants et de saisir une occasion d’accélérer la progression de carrière. Une expérience à l’étranger est valorisée et très formatrice. » Et la famille s’est plu ici. Avec ses influences asiatiques et occidentales, Hong Kong est une mégalopole agréable, témoigne Thomas Poullaouec : « Ce ne sont pas seulement des grands buildings collés les uns aux autres ; il y a énormément de parcs et de sentiers de randonnées. » La communauté française a explosé ces dernières années à Hong Kong avec beaucoup de jeunes venus tenter ici leur première expérience professionnelle.
Lui écrire : thomas.poullaouec@gmail.com