L’information est passée quelque peu inaperçue, mais depuis le 1er février 2019, tous les produits européens sont désormais exemptés de taxes de douane au Japon. Chez Castel, premier producteur de vins français, on se frotte déjà les mains. « On espère passer de 4 à 4,5 millions de bouteilles vendues chaque année, pronostique Jean-Marc Lisner, le directeur de Castel au Japon. On mise pour cela sur nos marques emblématiques Roche-Mazet (800 000 bouteilles/an) ou Baron de Lestac». Il faut dire qu’il y a dix ans, Castel était encore n°1 des ventes de vin là-bas. C’était avant que les Chiliens n’inondent le marché nippon. « Le problème, pointe le Français, c’est aussi que les Japonais ne consomment en moyenne que 5 litres par an et par habitant contre 50 en France ! ».
Jean-Marc Lisner n’est pas un petit nouveau au Japon. Ancien de chez Renault, débarqué à Tokyo il y a 33 ans au terme d’un incroyable périple à bord du Transsibérien, il tombe immédiatement amoureux de l’archipel. Le jeune homme se lance d’abord dans l’importation d’articles de décoration et d’art de vivre à la française. En vingt ans, il ouvre vingt stands dans les gigantesques centres commerciaux japonais et deux boutiques en propre à Tokyo et Osaka. Il a alors soixante employés. Aujourd’hui père de trois enfants et marié à une Japonaise rencontrée à ses débuts dans l’archipel, il témoigne qu’il est impossible de se passer d’un intermédiaire. C’est le conseil qu’il donne aux entrepreneurs français : « Il faut bien étudier le marché avant de venir, C’est un pays lointain, très exigeant en temps et en qualité. Ils regardent toutes les étiquettes en long, en large et en travers. On ne vient pas au Japon faire des coups. »