France Education international (FEI) est le nouveau nom pour le Centre international d’études pédagogiques (CIEP) créé en 1945 par le ministre de l’Éducation nationale d’alors, qui souhaitait développer un lieu où les problématiques éducatives seraient traitées sous une approche internationale, et qui engageait une co-construction avec les enseignants, les chercheurs étrangers et le CIEP « Il s’agissait ni plus ni moins que de reconstruire un modèle éducatif, explique son actuel directeur général, Pierre-François Mourier. Ce qui était recherché, c’était la coopération et le partage avec les pays, dans un esprit progressiste. Ce rapport à l’étranger c’est notre ADN. Nous pensons que sur la base de la coopération et de la comparaison nous pouvons faire progresser les systèmes éducatifs. Le CIEP a vécu soixante-quatorze ans, mais son nom était devenu difficilement compréhensible et ne reflétait pas notre activité réelle. »
> Un spécialiste de l’enseignement français à l’étranger
France Education international, travaille sur la langue française, la coopération éducative, la certification, la reconnaissance de diplômes, et gère la mobilité des assistants de langue : ils sont 4 500 étrangers en France et 1 500 Français à l’étranger. L’objet du CIEP était de devenir « l’ensemblier » de l’action éducative internationale.
Aujourd’hui, « le Ministre souhaite qu’enfin on propose à l’international un modèle de façon de faire, des valeurs symboliques et morales et une vraie expertise dans certains modèles, poursuit Pierre-François Mourier. Nous avons la charge de les mettre en musique. Les Français ne sont pas toujours très performants pour créer des équipes : les actions de l’Education nationale doivent être coordonnées. Nous travaillons maintenant de façon ferme avec les opérateurs qui sont dans l’orbite du Ministère, avec les grands experts comme l’inspection générale ou les académies, mais aussi avec les opérateurs extérieurs comme l’Institut français, on a passé des conventions avec l‘Organisation internationale de la francophonie, l’Unicef… Nous sommes les porteurs de l’offre éducative française. Dans ce cadre général, nous avons un rôle à jouer sur le continuum entre le plan du développement du plurilinguisme… et le plan pour le développement de l’enseignement français à l’étranger. Ce plan est ambitieux, mais nous pouvons atteindre ses objectifs. »
> Une offre complémentaire
Le directeur général de France Education international se félicite que, contrairement à ce que nous avons trop souvent connu, le président de la République et le gouvernement considèrent que la langue française, le plurilinguisme et l’enseignement font partie des outils de puissance de la France dans le monde. Selon lui, « on ne défend jamais mieux la langue française que quand on s’intéresse aux autres langues ».
Pierre-François Mourier insiste, l’établissement public qu’il dirige a de nombreux atouts : une véritable expertise dans le réseau plurilingue (170 sections internationales), un nombre appelé à croître d’ici à 2030, dans les DNL (disciplines non linguistiques enseignées en français), une formation ouverte et à distance… « Mais le distanciel pur n’est pas suffisant, affirme Pierre-François Mourier. Nous avons donc des parcours tutorés et certifiants (développement des compétences, module sur la communication et la valorisation des dispositifs d’enseignement bilingue). L’adossement à l’université est très important, nous avons même créé un diplôme universitaire sur l’enfant bilingue. »
> Comment FEI peut s’inscrire dans le plan de développement ?
« Nous misons sur les Français qui restent longtemps dans les pays pour enseigner, poursuit Pierre-François Mourier. Il y également ceux qui ne sont pas Français, mais qui maîtrisent la langue et ont le français en partage. Nous sommes un opérateur naturel pour préparer les établissements en vue de l’obtention du label FrancEducation de l’AEFE. Nous pouvons former les équipes éducatives. Ce label sera un élément important du doublement du réseau. »
France Education international a également développé des universités BELC qui forment, lors de stages, à l’enseignement de la langue française pour des apprenants étrangers, et ce sont 1 200 formateurs qui sont ainsi formés chaque année dans ce cadre. Les universités BELC sont organisées dans plusieurs régions du monde, comme à Dakar en 2018 où il y avait des formateurs venus de dix pays. Désormais, un accord a été conclu avec l’AEFE pour former enseignants et cadres dans un parcours dédié. L’organisme prévoit également de développer ses formations avec ses experts auprès des personnels en formation initiale ou continue, au sein des seize pôles régionaux prévus par l’AEFE.
> Des certifications pour les apprenants
Pour Pierre-François Mourier, il est indispensable de délivrer de véritables diplômes aux jeunes passés par l’enseignement français. Ainsi, il existe des certifications en français langue étrangère reconnues internationalement qui valident les compétences en français, depuis les premiers apprentissages jusqu’aux niveaux les plus avancés. « Nous délivrons des diplômes dans plus de 80 pays, comme au Costa Rica ou en Allemagne, où ces diplômes sont intégrés dans le cursus scolaire. Nous allons mener une expérience en ce sens dès 2020 aux Etats-Unis. Cela participe de l’influence de notre langue. Le plan Macron, c’est aussi accompagner des systèmes éducatifs en y intégrant l’apprentissage de notre langue. Nous sommes donc partie prenante de l’initiative “École et langues nationales” (ELAN – Afrique) qui vise à améliorer la qualité de l’éducation primaire de douze pays d’Afrique subsaharienne francophone à travers un enseignement bi-plurilingue français – langue(s) nationale(s). Ce travail est aussi indispensable si nous voulons avoir des enseignants en français partout dans le monde. Nous avons des pays d’Afrique subsaharienne qui nous demandent de l’aide. Nous allons massivement former leurs enseignants et les évaluer avec des tests en ligne. Nous créons un laboratoire numérique de l’éducation, performant mais suffisamment rustique pour ne pas être trop énergivores. Nous savons aussi que le plurilinguisme est un véritable atout, c’est pourquoi nous ferons en sorte que l’apprentissage se fasse dans le respect des langues d’origine. »