Si la Chine est aujourd’hui le premier pays au monde par sa population, cette population est aujourd’hui en pleine mutation et n’atteindra certainement jamais le 1,5 milliards d’habitants. La population devrait ainsi plafonner dans 15 ans pour ensuite décliner. Alors qu’aujourd’hui peu de Chinois sont socialement ou économiquement dépendants, cela devrait changer radicalement dans les prochaines années : la part des personnes âgées de 65 ans ou plus, qui était de 7 % en 2000, devrait atteindre 24 % en 2030-2040. Face à toutes ces mutations démographiques, au vieillissement de la population, mais aussi aux effets de la pollution, du tabac, de l’accès aux soins, l’OMS à déjà publié des chiffres inquiétants concernant, en particulier, le cancer en Chine. Analyse de Bernard Jomard.
> Le cancer, au coeur des préoccupations chinoises
La Chine porte un intérêt tout particulier pour le secteur de la recherche sur le cancer. Avec plus de 2 millions de décès dus aux cancers, la Chine pèse aujourd’hui 27 % du total mondial. Les autorités locales ont pris conscience de cela, il y a déjà longtemps, cela les a incitées à créer une base régionale majeure de biotechnologie à Chengdu dans le Sichuan, province connue pour sa cuisine, et qui est le « grenier à blé » de la Chine. Le Sichuan est également très riche en ressources minières, avec plus de 132 types de minéraux tels que le vanadium, le titane et le lithium. En fin d’année dernière, un institut de recherche en cancérologie, l’Institut J.Michael Bishop a été inauguré. Cet institut porte le nom de l’immunologue et microbiologiste américain, prix Nobel 1989 de physiologie. La notoriété de Bishop est due à son Prix Nobel pour ses travaux sur les oncogènes des Rétrovirus. Par sa collaboration avec Harold E. Varmus et Daisy Dussoix dans les années 1980, il a découvert le premier oncogène humain. Le résultat de leurs découvertes permit de mieux comprendre comment des tumeurs malignes se forment à la suite de changements dans des gènes cellulaires normaux. Ces changements peuvent être produits par des virus, des radiations, ou l’exposition à certains produits chimiques.L’objectif de cet institut est de devenir un centre de niveau mondial de recherche sur le cancer, et ultérieurement de produire les médicaments et d’élaborer des protocoles pouvant guérir le cancer. D’après le directeur du centre, monsieur Dun Yang, l’institut du professeur Bishop permettra à la Chine d’avoir un accès aux meilleures plateformes d’échanges universitaires américaines. L’institut va aussi créer une pépinière commerciale destinée aux industries microbiologiques.
> La zone de Chengdu Szechuan, un acteur majeur de la recherche
La zone de développement de la « Chengdu International Biotech Industry town », pourrait permettre à la Chine de devenir un acteur mondial dans la recherche et le traitement du cancer. Un autre institut devrait voir le jour bientôt en coopération avec le professeur K. Barry Sharpless prix Nobel de chimie 2001. Le Professeur K Barry Sharpless est membre de la National Academy of Sciences depuis 1985 et de l’American Academy of Arts and Sciences depuis 1984.Il est lauréat du prix Nobel de chimie de 2001 pour ses travaux sur la catalyse chirale de réactions d’oxydation. De ses études ont résulté la réaction dite réaction de Sharpless qui permet la di hydroxylation asymétrique des alcènes et l’époxy dation asymétrique des alcools allyliques.
La province de Chengdu, zone qui a vu son PIB progresser de 7.7% en 2016, attire en outre nombre d’entreprises de haute technologie. La ville héberge déjà plusieurs géants de TIC tels que Texas instruments, Huawei, Dell, Alibaba. Les entreprises Globalfoundries, Intel Corp, et Siemens sont-elles en train de construire de nouvelles usines dans la zone de High tech. Enfin, les deux tiers des Ipads fabriqués dans le monde sont produits à Chengdu ! La région compte une main-d’œuvre qualifiée.
> Le “Plan Healthy China 2030” du gouvernement chinois, à la pointe des technologies
Le “Plan Healthy China 2030” mis en place par le gouvernement chinois vise a réformer le système de santé chinois qui doit faire face à une demande croissante. Une couverture maladie universelle devrait être mise en place en 2020. Les dépenses de santé chinoises ne représentent que 6% du PIB chinois contre en moyenne près de 12% dans les pays occidentaux. Cette réforme portera essentiellement sur l’e-santé afin de faire face à la pénurie de médecins, ils ne seraient que 12 millions pour une population de près de 1.4 milliard d’habitants. Résultats la moitié des patients sont traités dans les 10% d’hôpitaux publics considérés comme très avancés. Bien sûr, tous les géants de la tech, Alibaba, Baidu, Tencent, se sont engouffrés dans le marché du healthcare. On citera l’écosystème, Miying, Ping An Good Doctor, ou WeChat qui permettent aux patients de rentrer leurs données personnelles dans l’éco-système. Ils décriront ensuite leurs symptômes. L’intelligence artificielle établira un pré-diagnostique, celui-ci sera transmis instantanément à un médecin qui établira une ordonnance permettant de recevoir les médicaments à domicile. Ping An qui assure près de 400 millions de Chinois dit y trouver son compte.