Qu’ils vivent à Cracovie, Gdansk, Lodz, et même à Varsovie, beaucoup de Français de Pologne se sont cassé les dents à rechercher un professeur francophone pour assurer des cours particuliers. C’est notamment ce manque que veut pallier Pascale Lê-Pimont avec Acadomia. « Le système français est très élitiste et les enfants ont vraiment besoin d’avoir les meilleurs dossiers possibles pour le baccalauréat et les concours, argumente-t-elle. Nous proposons aussi de l’orientation et de l’information pour que les jeunes choisissent le meilleur parcours adapté à leurs désirs et leur niveau. Vu le nombre de cursus possibles, c’est très compliqué de trouver sa voie. » Paradoxalement, le n°1 du soutien scolaire en France surfe également sur le succès du Lycée français de Varsovie. Depuis quelques années, il est pris d’assaut par les familles polonaises qui veulent offrir à leurs enfants un enseignement ouvert sur l’international pour les préparer à l’avenir, malgré le tarif élevé de l’inscription. « En à peine cinq ans, observe Mme Lê-Pimont, la courbe s’est inversée : en 2014, on avait 33% de Français inscrits et 22% de Polonais. Aujourd’hui, c’est 24% de Français et 38% de Polonais. Cela ne va pas sans créer quelques difficultés. Les enseignants doivent maintenir le niveau de la classe en s’adaptant à ces élèves moins bons en français, car ce n’est pas une langue facile à apprendre. »
L’autre raison de l’engouement pour ces écoles étrangères, c’est que le système d’enseignement vient de changer en Pologne. « Jusqu’à présent, il était similaire à la France, explique Mme Lê-Pimont. Désormais, on est revenu en arrière. Un pan entier de l’enseignement a été supprimé, toute la partie collège a disparu. On a allongé le primaire puis les élèves sont dirigés en fonction de leur niveau soit vers des formations professionnelles, soit vers un parcours supérieur, mais où il y a peu de places. » Acadomia ne remplace pas les programmes du lycée mais vient en complément de ce cursus, à travers une aide aux devoirs, des cours particuliers ou collectifs en face à face avec un professeur ou par webcam sur Internet. Les cours sont facturés en moyenne 30 euros de l’heure. Après les États-Unis et le Maroc, la Pologne est le troisième pays étranger où l’organisme a ouvert un centre. « En plus de ses solutions d’accompagnement en présentiel, nous y proposons des stages de révision pendant les vacances ou les week-ends, explique la Française, et aussi des cours de langue de tous niveaux avec des préparations aux certifications TOEIC et TOEFL. »
> Plusieurs cordes à son arc
Née à Marseille, depuis plus de vingt ans, Pascale Lê-Pimont navigue entre la France et l’étranger. Titulaire d’un MBA passé au Canada, consultante en stratégie, notamment chez Ernst & Young, elle a accompagné de nombreux porteurs de projets et d’entrepreneurs. Mère de deux enfants, mariée à un cadre de chez Total qu’elle a suivi au fil de ses expatriations, elle s’est aussi essayée à d’autres métiers comme les relations presse et la communication pour Accor en Italie, ou l’édition avec un magazine pour Budapest Accueil, lors de son passage en Hongrie. En Pologne, en plus d’Acadomia, la Française a lancé un site Internet, « ConnectHer » destiné à accompagner les conjoints d’expatriés. Vice-présidente de l’UFE, elle met en garde : créer son entreprise en Pologne réclame de s’armer de patience. « J’ai dû attendre quatre mois pour que le tribunal de commerce valide les statuts d’Acadomia Pologne, simplement parce que le juge ne reconnaissait pas la mention “épouse” sur mon passeport après mon nom de jeune fille ! » Passionnée de photo, de design intérieur, de tennis ou de couture, la Française a désormais pour projet d’étendre l’offre d’Acadomia au public polonais en plus des francophones.
Lui écrire : contact@acadomia.pl
Un article écrit par Frédéric Lassaigne