Le procédé est top secret et il fait le succès d’Induo : un tissu déperlant et antitache qui évacue la transpiration sans laisser ni odeur ni auréole. Pour se développer à l’international et créer un réseau de distribution en Europe et au Moyen-Orient notamment, la start-up vient de lever un million d’euros. Les deux fondateurs resteront majoritaires. « Le plus difficile, c’est le côté imprévisible, pas du tout linéaire de notre croissance, admet Sébastien François, créateur d’Induo avec Pauline Guesné. Que ce soit au niveau humain, financier, ou de la production, il est vraiment compliqué d’avoir de la visibilité et donc de recruter la bonne personne au bon moment, de produire la bonne quantité ou d’investir dans la R&D avec le bon timing. »
En deux ans de commercialisation, le duo a produit 35 000 chemises pour hommes, distribuées par des grandes marques françaises comme Figaret ou Atelier Privé. Le tissu high-tech est fabriqué à Taïwan, les chemises sont assemblées en Afrique du Nord et vendues essentiellement en Europe. La start-up emploie une quinzaine de personnes, réparties à moitié/moitié entre la recherche et développement et la vente. D’abord installé à Roubaix (Nord), Sébastien François a choisi d’aller vivre et ouvrir un bureau à Londres. « J’avais sous-estimé les complexités administratives pour une petite société avec des bureaux dans plusieurs pays », reconnaît-il aujourd’hui. Il a tenu bon et Induo possède désormais aussi un bureau à Munich et un à Barcelone depuis cet été, en plus du Royaume-Uni. L’international était une évidence : « Nous avons la chance d’avoir un produit qui peut se vendre partout sans avoir à être adapté », dit-il.
> Révolutionner le quotidien
Diplômé de HEC à Paris et du MIT aux États-Unis (Institut de technologie du Massachusetts), le Français monte une première société de vente d’artisanat japonais sur Internet (Kyototradition.com). Il a vingt ans et est encore étudiant, parti pour six mois au Japon, d’abord en échange avec une université de Tokyo puis en stage à la chambre de commerce de Kyoto. Dix ans après, « cette expérience a structuré toute la suite de ma vie, confie-t-il aujourd’hui. Le choc culturel a été tel que j’ai eu la sensation de redevenir un enfant : tout ce qui paraissait étudiant ne l’était plus. Je n’avais tout simplement pas imaginé que certaines personnes avaient une vision du monde si différente de la nôtre, Occidentaux. » Nous sommes en 2009. De retour en France, Sébastien François officiera deux ans dans le conseil en stratégie chez Capgemini avant de créer Induo. Remporter le trophée start-up des CCIFI (parrainé par l’association de cours de langue Easylang) est surtout un tremplin pour la suite : «Cela montre que nous avons bien travaillé jusqu’ici et donc que nous pouvons aller encore plus vite à l’international. C’est un enjeu clé de notre développement et vraiment un avantage d’avoir un partenaire comme les CCIFI pour nous y aider. » Jeune papa depuis l’an dernier, Sébastien François envisage de s’implanter dans beaucoup de nouveaux pays, et rien de moins que de « révolutionner tous les vêtements du quotidien ». Après la chemise, Induo prévoit par exemple de s’attaquer au pantalon ou au costume… et promet de revenir aux trophées CCIFI avec de nombreuses nouveautés, comme l’anti-froissage, cette fois dans la catégorie Innovation.
Lui écrire : sebastien@induo.fr
Un article de Frédéric Lassaigne