« La Roumanie est vraiment devenue une alternative à l’Afrique du Nord, habituellement perçue comme la destination traditionnelle de l’externalisation par les donneurs d’ordre français, affirme Grégoire Vigroux, directeur marketing Europe chez Telus International, leader des centres de contacts en Europe de l’Est. Notre secteur enregistre une croissance fulgurante de 15 à 20% par an en moyenne, à la fois en termes d’effectifs et de chiffre d’affaires. » Il a généré l’an dernier 4 milliards d’euros de chiffre d’affaires et emploie cette année 125 000 personnes.
Selon une étude du cabinet américain A.T. Kearney, la Roumanie devance désormais le Maroc en termes d’attractivité pour ce qui concerne la sous-traitance. Même si la main-d’œuvre y est un peu plus chère, l’environnement des affaires (stabilité politique et économique du pays) place la Roumanie un cran devant le royaume chérifien. Plus de 300 000 diplômés arrivent sur le marché du travail chaque année, en particulier issus des filières linguistiques et informatiques. La plupart sont bilingues ou trilingues. « La main-d’œuvre roumaine est qualifiée. La culture professionnelle est basée sur l’éthique. Les jeunes sont dynamiques et ambitieux : ils souhaitent faire carrière au sein de grands groupes comme Telus », conclue M. Vigroux. Il faut dire que tous les leaders mondiaux, comme Hewlett Packard, Oracle, Genpact ou Microsoft, se sont implantés en Roumanie au cours de ces dix dernières années. Ils emploient au total plus de 50 000 personnes, majoritairement du personnel dont le niveau d’études est de bac +3 à bac +5. Selon KPMG, près de 40% du personnel de ces entreprises parle le français. « La proximité culturelle entre les Français et Roumains est forte. Les langues sont proches, précise Grégoire Vigroux. L’adaptation se fait donc naturellement. La vie est facile. Les Roumains sont un peuple hospitalier et chaleureux. »
> 7 000 entreprises françaises
C’est pour ces raisons que la Roumanie s’est imposée peu à peu comme le pôle d’excellence dans la relation clients multilingue, une sorte d’« outsourcing valley » européenne. Grégoire Vigroux a créé sa première société de centres d’appels en 2007, avec huit collaborateurs à l’époque ! Elle compte aujourd’hui 5 000 salariés dans la région, dont 1 500 en Roumanie. Le Français a aussi entrepris une carrière de business angel (investisseur) dans une dizaine d’entreprises en Roumanie et selon quatre axes : médias, immobilier, blockchain (transmission d’informations sécurisée sur Internet) et développement durable. « Après les grands groupes pionniers qui ont structuré la présence économique française en Roumanie, détaille M. Vigroux, les PME sont de plus en plus nombreuses dans des secteurs extrêmement variés. Parler français constitue ici, plus que jamais, un véritable atout pour trouver du travail.» Selon la chambre de commerce franco-roumaine, les plus de 7 000 entreprises tricolores présentes aujourd’hui en Roumanie emploient à elles seules 100 000 personnes, dont la moitié dans la sous-traitance. « Les investissements étrangers représentent près de la moitié du produit intérieur brut du pays, détaille M. Vigroux. La présence économique française est extrêmement forte, portée par de grandes entreprises du CAC 40, telles que Renault-Dacia, Orange et la Société Générale. La Roumanie est souvent choisie comme premier pays d’implantation dans la région. Comme un premier bastion, avant de s’étendre à des pays limitrophes, tels que l’Ukraine, la Bulgarie et la Hongrie. » La première société du pays est le groupe Renault avec Dacia. Autre atout : le pays dispose de la deuxième vitesse de connexion internet la plus rapide en Europe. L’infrastructure télécom est également de très haut niveau.
Lui écrire : gregoire.vigroux@telusinternational.com
Un article de Frédéric Lassaigne