Ce n’est pas vraiment un raz-de-marée mais une tendance qui s’affirme au fil du temps. Qu’on les appelle tiers-lieu, espace de travail partagé en France, ou coworking à l’anglo-saxonne, ces plateaux qu’on loue à l’heure, à la journée ou au mois ont encore grappillé l’an dernier 4 % de la surface totale de l’immobilier de bureau au Luxembourg, où une Française en a fait son métier. Barbara Brecko a démarré avec six petits bureaux en 2013. Sept ans plus tard, la Française, née à Metz, et son associé strasbourgeois, en sont à dix fois plus de postes de travail et à six sites, dont trois sur la même avenue entre la gare et le centre-ville de Luxembourg. Avec 100 000 frontaliers français qui font la navette tous les jours, sans compter les Belges et les Allemands, le premier avantage est de pouvoir allumer rapidement son ordinateur.
“Le fait d’ouvrir à certains endroits stratégiques donne cette flexibilité de la mobilité qui permet aux gens de ne pas perdre de temps dans les transports en commun, explique Barbara Brecko, créatrice des centres d’affaires Ginkgo, de passer du temps concentrés à leur activité et de prendre 20 minutes de sieste est beaucoup plus efficace au niveau d’un employé et de son travail au quotidien.” Car ces espaces de coworking ont changé. Ils proposent bien plus qu’une prise électrique, un réseau wifi, un peu de lumière, une chaise et un bureau. On n’est pas loin de l’univers hôtellerie de luxe avec parfois donc, un espace où aller piquer un petit somme.
L’avantage pour l’entreprise, que ce soit une start up ou la filiale d’un grand groupe international, c’est de pouvoir changer de braquet à la demande : “Vous pouvez démarrer seul, passer à cinquante employés et redescendre à vingt, mais sans avoir les charges. Si demain, vous prenez 1 000 m2, vous êtes cent, et que dans un an vous passez à cinquante parce que la conjoncture n’est plus la même, vous avez toujours 1 000 m2 de charges qui vous sont imputées.”
> Montrer patte blanche
La France est le 2ème client et le 3ème fournisseur du Grand-Duché, partenaire essentiel au cœur de l’Europe, explique Jean-Pierre Pont, directeur du magazine de la mobilité internationale “Français à l’étranger.fr” : “Pour nous, les Français, c’est vraiment l’eldorado en Europe. L’emploi est exceptionnel, c’est le plein emploi total. Donc il y a beaucou de demandes de nouveaux collaborateurs. La priorité au Luxembourg, c’est le secteur bancaire – assurance, mais également dans l’hôtellerie, dans le BTP, le monde médical : une infirmière au Luxembourg, à la grande tristesse d’ailleurs des frontaliers, c’est qu’elle est payée le double pratiquement de son salaire en France. Donc il y a réellement beaucoup d’emploi.”
Le souci, pour les créateurs d’entreprise, est que l’on pénètre pas un tel marché simplement en claquant des doigts, d’où un autre intérêt de passer par des bureaux partagés pour tester son activité. “Ça a quand même un coût, rien qu’au niveau de la structure, du capital, du comptable qu’il vous faut derrière, montrer aussi patte blanche, c’est très réglementé, détaille Mme Brecko. En France, on a la facilité de pouvoir s’installer du jour au lendemain, de domicilier son entreprise dans l’heure. A Luxembourg, ça ne se passe pas du tout de la même manière.”
Comptez 850 euros par mois pour la location d’un bureau pour une personne, accessible 24 heures sur 24. Née à Metz, Barbara Brecko et son associé emploient une douzaine de salariés au Luxembourg. Et ce n’est qu’un début : signe que leur offre colle parfaitement à une nouvelle génération de jeunes entrepreneurs nomades et numériques, ils prévoient d’ouvrir cette année un septième centre au Grand-Duché.
Lui écrire : barbara.brecko@ginkgo-solutions.lu