« Et hop ! » Personne n’a oublié la pub TV pour la dalle autoadhésive de Gerflor en 1986. La marque française, dont le siège est à Villeurbanne, près de Lyon, est aussi présente en Pologne, à Poznan, où elle a racheté un de ses distributeurs locaux il y a une quinzaine d’années. « Nos principaux clients sont des grossistes en matériaux de construction et des entreprises de pose de revêtements de sols, explique Mathieu Renou, le directeur de la filiale. Nous vendons nos sols sur les marches des hôpitaux, écoles, salles de sport, bureaux, etc. » Les produits de Gerflor ont notamment été installés dans le centre d’entraînement olympique de Zakopane, capitale d’hiver de la Pologne, au pied des sommets de la chaîne des Tatras. C’est la plus haute installation sportive du pays. La marque a aussi équipé plus de 4 700 m2 de terrains lors du championnat d’Europe de handball en janvier 2016. Gerflor emploie 26 personnes en Pologne. Elle importe et distribue les produits de la marque.
> La mobilité comme ADN
Dans un pays en situation de plein-emploi, le plus difficile, témoigne le Français, est de fidéliser ses équipes, en particulier dans un secteur en tension comme le BTP : « Une partie de la main-d’œuvre est partie en Allemagne, en Angleterre ou en France. Cela a engendré une immigration d’Ukrainiens. C’est difficile de garder ses équipes et d’éviter qu’elles partent à la concurrence pour gagner 5% de plus. C’est le problème n°1 pour tout employeur en Pologne. » Le premier moteur de cette croissance, ce sont les fonds versés par l’Europe puis investis dans les infrastructures : hôpitaux, routes, lignes ferroviaires… Les jeunes Polonais sont aussi dynamiques que le marché, bien formés, et parlent tous anglais. « Ils veulent du sens de la part de leur employeur, une vision de carrière et de l’indépendance dans leurs décisions, explique M. Renou. C’est un vrai challenge de les garder motivés. » L’autre pilier de la croissance, c’est la consommation des ménages. Depuis deux ans, le gouvernement nationaliste du parti PiS au pouvoir verse une prime de 125 euros par mois aux familles dès le deuxième enfant, soit un quart du Smic polonais !
Mathieu Renou retrouve la Pologne après un premier passage en 2000, pendant dix-huit mois, dans le cadre d’un V.I.E (volontariat international en entreprise), envoyé alors par le groupe Casino pour monter des hypermarchés « Géant ». Né à Morlaix, en Bretagne, diplômé de l’Essca, l’école de commerce d’Angers, le Français poursuivra l’aventure en Russie, avec Leroy Merlin, notamment pour l’ouverture d’un magasin de 400 employés en plein centre de Moscou, puis le groupe allemand Metro. « La distribution, c’est un secteur difficile avec des horaires élastiques, explique-t-il à l’époque, mais où vous pouvez avoir, à 30 ans, la responsabilité d’un chiffre d’affaires de plusieurs millions d’euros et manager des équipes de 40 personnes. » Fils d’un père receveur à La Poste, le Français a pris dès l’enfance l’habitude de déménager en moyenne tous les trois ans. En 2012, jeune papa d’un petit Enzo, Mathieu Renou s’envole pour le Canada où il intègre le MBA d’HEC Montréal, un vieux rêve, avant de rejoindre Gerflor. Marathonien, une nouvelle aventure va bientôt démarrer pour le Français. Il doit s’envoler cet été pour Shanghai, toujours sous la casaque Gerflor : « C’est un changement complet, la découverte d’une culture asiatique que je ne connais pas, et un marché en plein boom dans le BTP. »
Lui écrire : mathieu.renou@gerflor.com