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Dacia en Roumanie, la pépite locale de Renault

L’usine de Pitesti, au nord de Bucarest, a pris une place centrale dans la stratégie de Renault dans la production de véhicules à bas coûts. En vingt ans, le groupe a investi près de trois milliards d’euros en Roumanie.

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Par temps clair, on aperçoit parfois les sommets enneigés des Carpates. Bienvenue à Pitesti, le fief de Dacia, à une centaine de kilomètres au nord-ouest de Bucarest. Renault est présent en Roumanie depuis les années 70, lorsque Dacia, entreprise d’État, achète les licences pour fabriquer les Renault 8 et 12. L’histoire commence vraiment en juillet 1999 avec le rachat de l’usine de Pitesti par la marque au losange. Un plan social fait alors passer le personnel de 35 000 à 18 000 et Renault monte à 51% du capital de Dacia. « En vingt ans, nous avons investi ici 2,5 milliards d’euros, souligne Christophe Dridi, nouveau directeur général du groupe Renault en Roumanie. C’est le seul pays, en dehors de la France, où nous avons développé l’ensemble de nos activités et un fort tissu de fournisseurs et de sous-traitants. Renault représente aujourd’hui 3 % du PIB de la Roumanie. » L’usine de Pitesti, immense bâtiment aux hautes façades blanches, est devenu le temple mondial du low-cost. C’est là que sont fabriqués les modèles que les Européens de l’Ouest s’arrachent. L’an dernier, plus de 314 000 Dacia – trois fois plus qu’en 2004, sont sorties de ces chaînes d’assemblage. « Une voiture toutes les 54 secondes », se félicite M. Dridi. Cette production est destinée à 93% à l’exportation. Ici, tout le monde connaît au moins quelqu’un qui travaille chez Dacia. Le Roumain est bricoleur de nature, et à Pitesti depuis un demi-siècle, on bricole la voiture. Cocuta Tomescu, 42 ans, entrée à l’usine en 2006, sur la chaîne, se dit « fière du succès en Europe car c’est la preuve que nous fabriquons des voitures de qualité. Alors que la Roumanie souffre, chez Dacia, nous avons un salaire et un avenir. » Même fierté affichée par M. Dridi : « au début, les membres de l’équipe low-cost étaient des parias, personne en interne ne croyait au projet. Aujourd’hui, ce sont des stars, dont l’expérience est recherchée. »

>Plate-forme logistique mondiale

L’usine historique de Dacia profite ainsi à fond du succès du nouveau Duster, lancé début 2018. Pour son dernier modèle, le constructeur a choisi de s’appuyer sur ses bases roumaines : non seulement le véhicule est intégralement produit à Pitesti, mais il a aussi été développé par les ingénieurs basés au centre de design de Bucarest, et au centre technique de Titu, à mi-chemin entre les deux. « Nous avons démarré avec un groupe de 200 personnes de Renault, rodées au savoir-faire des ingénieurs maison et tout à fait capables d’optimiser des voitures, se souvient Gérard Détourbet, pilote du low cost chez Renault. Ensuite, nous avons intégré des Roumains, formés comme des salariés de Renault. » A peine 1 % d’expatriés travaillent sur le site de Pitesti, qui accueille aussi une usine de pièces mécaniques d’où sortent chaque année plus de 500 000 moteurs et boîtes de vitesses, ainsi qu’une plate-forme logistique. Car la Roumanie s’est également affirmée comme un fournisseur de composants pour les autres usines du groupe. Certes, l’automatisation est présente ici. Sur la ligne de production des moteurs, une petite dizaine de robots ont fait leur apparition. Ils prennent en charge des étapes pénibles comme les phases de vissage. Mais au total, la production à Pitesti reste très manuelle. Car avec un salaire moyen roumain aux alentours de 500 euros, le coût de la main-d’œuvre reste bien inférieur à celui que l’on retrouve en France, rendant la robotisation moins nécessaire. Avec sa force de frappe de 2 800 employés (parmi 16 700 collaborateurs au total), Renault Roumanie est d’ailleurs le plus gros centre d’ingénierie du groupe en dehors de la France.

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