Leur destin commun a débuté lorsque Aérospatiale (l’une des trois sociétés à l’origine du consortium européen, ndlr) a confié au groupe local IAR (Industry Aerospace Romanian) la fabrication, sous licence, de 365 hélicoptères Alouette 3 et Puma. L’avionneur revendique donc un rôle majeur dans le développement de l’industrie aéronautique dans le pays. En 2002 était ensuite crée à Brasov, en Transylvanie, Airbus Helicopters Romania, grâce à une joint venture (coentreprise) avec IAR. C’est aujourd’hui un centre de service client moderne spécialisé dans la réparation et la modernisation d’hélicoptères moyens-lourds. « Nous connaissons beaucoup de succès avec en moyenne 75 % de notre chiffre d’affaires sur des contrat à l’export, détaille Serge Durand, directeur général d’Airbus en Roumanie. En 2016, nous avons renouvelé une campagne de coopération avec les fournisseurs aéronautiques locaux en vue de développer notre chaîne d’approvisionnement dans le pays, en particulier au sein du cluster aéronautique de Brasov. » Airbus a ainsi contribué à la création de l’association roumaine pour l’industrie d’hélicoptères (ARIE) avec des groupes majeurs comme IAR, Aerofina, Aerotech, Comoti et le Français Turboméca. L’idée était de sauvegarder cette industrie stratégique pour le pays. Airbus a aussi ouvert à Brasov « Premium Aerotec », une filiale à 100 % de l’industriel européen et qui fabrique des pièces et sous-ensemble d’avions, sans oublier le bureau d’étude d’ingénieurs de Bucarest qui travaille pour « Airbus Defence & Space », l’une des trois filiales du groupe, spécialisée dans les avions militaires, les drones, les missiles et les lanceurs spatiaux et satellites artificiels. Quant à savoir si Roumanie va préférer l’hélicoptère H215M d’Airbus, développé en coopération avec IAR et produit en Roumanie, à son concurrent américain fabriqué par Bell, M. Durand avance ses arguments : « 160 armées dans le monde font confiance à nos hélicoptères dans le monde, y compris la Roumanie qui opère des Alouette et des Puma depuis les années 70. Le IAR-H215M correspond parfaitement aux besoins de renouvellement de la flotte roumaine d’hélicoptères d’appareils multi rôles car il est le successeur naturel du Puma.» La décision des autorités se fait encore attendre.
> Formation des futurs collaborateurs
Airbus emploie 1300 salariés en Roumanie, auxquels s’ajoutent 5000 emplois indirects. Lors des cinq dernières années, le groupe a généré plus de 500 millions d’euros en Roumanie, et a acheté et investi pour plus de 150 millions d’euros dans le pays. « La Roumanie fait partie de l’Union européenne et de l’Otan, et bénéficie d’une croissance économique stable ces dernières années, explique M. Durand. Les investissements étrangers (IDE) continuent donc et des sociétés internationales majeures y sont implantées. Grâce à la longue tradition industrielle du pays, elles bénéficient d’une main d’œuvre qualifiée. » Arlésien de naissance. Ingénieur INSA (Lyon) – spécialité mécanique-dynamique – complété par un diplôme de sémiologie (Aix en Provence) puis de management (Genève), le Français a passé 36 ans dans l’industrie hélicoptères, de la conception et la mise en service du Tigre ou du Super Puma, en passant par la communication, le marketing et les ventes internationales et plus récemment, cinq ans au Mexique et déjà plus de quatre ans en Roumanie pour diriger les activités d’Airbus Helicopters dans ces zones. La formation des futurs collaborateurs n’est pas en reste : Airbus a relancé, avec le soutien des ministères de l’Éducation roumain et français, des qualifications niveau bac et bac +2 pour des techniciens d’hélicoptères. Plusieurs classes ont été ouvertes à Bucarest et au collège Transilvania de Brasov depuis 2016. « Les étudiants profitent de l’aide d’Airbus sous forme de programmes spécifiques, d’outils et de stages pratiques dans nos usines », précise M. Durand. Airbus envoie également régulièrement ses employés pour des formations récurrentes en France ou en Allemagne afin de s’assurer que les dernières normes de l’industrie soient appliquées.
Un article de Frédéric Lassaigne