C’est le genre de pépites de l’Internet dont raffolent les Américains de la Silicon Valley. “My Science Work”, mon travail scientifique en français, est une plateforme qui relie entre eux les chercheurs du monde entier.
L’idée est venue à Virginie Simon pendant sa thèse sur les nanotechnologies et la recherche contre le cancer, où elle se heurtait au cloisonnement de l’information : “J’aimais beaucoup ce côté multidisciplinaire, confesse-t-elle,ces sciences qui s’associent pour en faire de nouveaux résultats de recherche, mais on avait du mal à travailler ensemble parce que les formations et le vocabulaire sont très différents. Je passais plus de temps à chercher l’information qu’à l’analyser.”
Virginie Simon commence par créer un blog. En 2014, elle décroche une bourse pour participer à un programme d’aide aux start-up en Californie. C’est le coup de foudre. La Française s’installe en famille à San Francisco, avec son conjoint, qui est également son associé, et leur petit garçon.
“Finalement, c’est une petite ville de seulement 800 000 habitants, tempère-t-elle, où on peut se déplacer à pied. L’ambiance est extrêmement dynamique. Tout le monde se montre en permanence sa nouvelle application. C’est extrêmement simple, même pour des Français qui arrivent, d’aller voir des gens qui travaillent chez Google ou Linkedin. Ils sont très accessibles et disponibles.”
> Réseau social unique
Aujourd’hui, la société emploie 15 personnes : elle est présente en Californie, au Luxembourg et en France, et continue de se développer, en particulier dans le secteur recherche et développement : “On embauche de plus en plus de doctorants, des profils linguistiques, mathématiques, sémantiques, pour pouvoir aller chercher le sens des mots scientifiques et de pouvoir l’analyser”. Les ingénieurs français sont assez bons là-dedans. Le site est donc un réseau social scientifique unique. L’accès aux plus de 60 millions d’articles dans 30 disciplines est libre et gratuit. La plateforme se rémunère grâce à la vente d’analyses de données : “Pour les instituts de recherche et les universités, on va créer des archives avec l’ensemble de leurs contenus, détaille la Française, ce sont des licences annuelles. Pour les études, cela dépend du nombre de mots-clés, de la profondeur de l’analyse et du champ de recherche.”
Au contact des Californiens à l’allure pourtant cool, Virginie Simon dit avoir appris la ponctualité, l’art de la synthèse et de la rapidité, dans la prise de décision. Au pied du pont du Golden Gate sur le Pacifique, l’espace professionnel ne se limite pas aux quatre murs d’une salle de réunion. “Ils apprécient un contexte plus convivial qu’une salle de réunion pour travailler : une promenade, aller dans un café, manger, pour mieux connaître les gens pour pouvoir mieux travailler avec eux.”
À bientôt 40 ans, Virginie Simon a reçu à San Francisco le trophée de la meilleure femme française entrepreneure. Elle en est très fière, d’autant qu’en matière de parité, il reste beaucoup à faire dans l’Amérique de Donald Trump : “Il y a très peu de femmes PDG, indépendantes. Ça reste excessivement masculin. Pour moi, c’est une surprise. Je pensais que c’était innovant de manière globale, mais au niveau social, ce n’est pas exactement ça !”
En plus de son prix, la Française a décroché sur dossier sa “Green Card”, sa carte verte, son permis de travail permanent sur le sol américain, pour elle et ses équipes. Un sacré coup de pouce quand on sait que la question des v isas est la première préoccupation des entrepreneurs expatriés aux États-Unis.
Lui écrire : virginie.simon@mysciencework.com
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Sa start up, my Science Work