L’Italie est donc un pays à l’arrêt, sous couvre-feu depuis plusieurs jours, pays le plus contaminé en Europe par la pandémie du Covid-19. À Brescia, en Lombardie, région la plus touchée d’Italie, un conseiller des Français de l’étranger témoigne. Alexandre Bézardin a renoncé à effectuer, tous les jours en train, les 90 kilomètres qui séparent Breschia, où il vit, de Milan, où il travaille, comme les autorités l’exigent : “La plupart des trains ont été annulés. Et cela risquerait de me créer des problèmes dans mes déplacements. On est obligé d’avoir une auto-certification, un document à télécharger sur le site ministère de l’Intérieur, qui permet de justifier notre déplacement, le risque c’est de prendre une amende, mieux vaut respecter les consignes et travailler de chez soi”. C’est aujourd’hui toute la province de Lombardie qui est à l’arrêt. Le Français constate une récente prise de conscience chez ses habitants: “Il y a 15 jours, quand la crise a commencé, la ville s’était vidée, mais les gens continuaient à circuler. Or, depuis 4/5 jours, ils restent chez eux, choisissent des horaires où il y a le moins de personnes dans les rues, pour aller faire leurs courses.”
L’activité économique et sociale est aussi réduite à son minimum dans toute la province de Lombardie, où vivent 12.000 Français. “Seules les pharmacies, les magasins d’alimentation et les tabacs sont ouverts, tout le reste est fermé. C’est comme un couvre-feu, vous ne pouvez pas aller au restaurant, prendre un verre avec un ami dans un bar. Vous n’avez pas le droit, on risque une amende, même si le bar est ouvert.” Les musées et les églises aussi sont fermés depuis cette semaine.
> Des Français inquiets : hausse du nombre de diagnostics
Et si le nombre de cas positifs au coronavirus a littéralement explosé ces derniers jours en Italie, en particulier en Lombardie, pour Alexandre Bézardin, cela vient de la hausse du nombre de diagnostics : “Le pays a effectué plus de 86.000 tests, c’est pour cela qu’on se rend compte que beaucoup de personnes sont infectées, sans le savoir. Elles l’apprennent parce qu’elles se rendent à l’hôpital pour un bras cassé, il y a automatiquement un test”.
Conseiller des Français de l’étranger de la circonscription de Milan, né à Paris, Alexandre Bézardin vit à Breschia avec son épouse, italienne, et leur deux enfants de 9 et 11 ans. Toute la famille est confinée. Depuis trois semaines, il diffuse tous les jours sur son site internet un bulletin d’information reprenant les consignes des autorités pour tenter d’enrayer la propagation de la pandémie. Il répond aussi aux nombreuses questions de ses compatriotes, inquiets de la situation : “Il y a des gens restés en France, la femme en France avec les enfants, le mari à Milan. Est-ce que je vais pouvoir aller en France récupérer mon enfant et revenir ? Beaucoup de compagnies aériennes ont diminué leurs connexions Italie – France, ils s’interrogent sur comment sortir du pays.”
Alexandre Bézardin lui ne viendra pas à Paris. La session de l’Assemblée des Français de l’étranger à laquelle il devait participer à partir de ce lundi 16 mars, a été annulée vendredi dernier pour cause de coronavirus.
Lui écrire : abezardin@gmail.com