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Coronavirus : le quotidien d’une Française isolée dans un hôtel à l’Île Maurice
Adélaïde a choisi de partir mi-mars à l’île Maurice avec son fils âgé de 10 ans. La Parisienne raconte son quotidien, isolée et bloquée dans son hôtel, alors que le gouvernement mauricien durcit ses mesures de confinement.
Après avoir longuement hésité, nous avons quitté Paris le samedi 14 mars au soir. Cette décision n’a pas été facile à prendre car d’un côté je ne voulais pas « fuir » Paris mais de l’autre, je devais d’abord penser à mon fils et au fait qu’il serait mieux dans un espace avec un jardin plutôt que dans un appartement, si nous devions être confinés.
> Un protocole strict dès l’arrivée à l’Île Maurice
Arrivés à l’aéroport, notre température est contrôlée. Ici, le protocole est strict. Les passagers avec de la fièvre sont directement transportés dans des centres de confinement pendant deux semaines. Ceux qui s’y opposent risquent la prison.
Sans température, nous sommes arrivés à l’hôtel dimanche où un médecin vient nous examiner tous les deux jours. Nous savons qu’au moindre symptôme suspect, nous devrons rejoindre le centre de confinement.
> L’annonce du confinement
Jeudi 19 mars, je perçois une tension auprès du personnel de l’hôtel. Le soir même, le confinement de l’île est annoncé pour une durée de 15 jours qui prendra effet dès le lendemain matin à 6 heures. Nous apprenons que, dehors, les forces de l’ordre ont le droit d’user de leurs armes pour dissuader les gens de sortir. Des hélicoptères de surveillance tournent au dessus de l’Île. Nous entendons parler de violences policières…
A partir de là, le médecin n’a plus eu le droit de rentrer dans l’hôtel. Nous nous retrouvions donc sur la route, au bord de l’hôtel, pour qu’il nous examine. Durant les 15 premiers jours, j’étais très stressée. Même si je me sentais privilégiée et reconnaissante d’être confinée dans de telles conditions, je ne pouvais m’empêcher de me demander si j’avais pris la bonne décision. Il n’y a pas de test à Maurice et les moyens médicaux sont moins développés qu’à Paris. Pour ne pas communiquer ce stress à mon fils, je m’efforce de rester calme et d’éviter de consulter des informations anxiogènes toute la journée.
> Fermeture des supermarchés
Le 20 mars, nous sommes informés de la mise en place d’un couvre-feu. Les magasins sont fermés, y compris ceux d’alimentation. Seules les pharmacies et les stations essence restent ouvertes. Pour aider une grande partie de la population n’ayant pas beaucoup de provisions, le gouvernement fait déposer des cageots devant la porte des habitants contenant des denrées de base tels que de la farine, de l’huile, du lait ou encore des oeufs.
Même si cette nouvelle mesure ne nous affecte pas directement, notre hôtel renforce sa sécurité de peur que des personnes viennent chercher de la nourriture dans les frigos. Les agents de sécurité font des rondes toute la nuit avec leurs chiens. L’hôtel nous conseille d’être encore plus vigilant et de bien nous enfermer à clé dans nos chambres. Par précaution, je déplace chaque soir un meuble devant la porte d’entrée, pour m’assurer que personne ne puisse rentrer dans notre chambre.
> Presque seuls dans l’hôtel
L’hôtel, qui, à notre arrivée comptait une quarantaine de clients, n’héberge maintenant que mon fils et moi et une autre famille. Tout le personnel de l’hôtel a été renvoyé chez lui hormis une vingtaine de personnes qui ont été confinées sur place pendant quinze jours et qui prennent leur température matin, midi et soir. Le directeur de l’hôtel ne peut plus entrer non plus.
Les supermarchés ont finalement rouvert jeudi mais cela a engendré beaucoup de désordres. L’hôtel a déposé des paniers avec de la nourriture devant l’établissement pour le personnel.
Aujourd’hui, le gouvernement donne très peu d’informations, tout est assez opaque. Lorsque je suis partie, il n’y avait soi-disant pas de cas sur l’Île. Aujourd’hui, il y a sept morts. Au fil des semaines, les Français se trouvant à Maurice ont commencé à quitter l’île et je me suis moi aussi demandée à plusieurs reprises si je prenais les derniers vols. Finalement, je pense que le mieux est de ne pas me déplacer, d’autant plus que la situation est stable ici.
Rédigé par Nora Litoussi
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