Actualités internationales
Covid-19 : une expérience singapourienne
Singapour affronte le Covid-19 avec un certain succès puisqu’on n’y déplore à ce jour que 6 morts. Le Dr Pascal Rey-Herme nous raconte le “circuit breaker” de la cité-Etat.
Le docteur Pascal Rey-Herme, cofondateur de la société International SOS, vit à Singapour. Il nous raconte comment la cité-Etat a géré la crise sanitaire provoquée par le Covid-19.
« Depuis vendredi, nous sommes en “circuit breaker”. Cela signifie que les mesures sont moins strictes qu’en France, puisque par exemple nous pouvons sortir sans autorisation spéciale et autant de fois que nous le voulons.
Ce retour à des mesures plus dures est dû au fait qu’on a enregistré une hausse du nombre de cas dans les dortoirs où résident des milliers de travailleurs immigrés. On a donc procédé à l’isolement de dizaines de milliers de personnes. Dans la crainte qu’avec ces nouveaux cas les services hospitaliers ne soient en surchauffe, les autorités ont resserré la vis. Les écoles ont fermé, le télétravail est en augmentation, il faut respecter la distanciations sociale… Tous les commerces non essentiels ont fermé, mais pour l’anecdote, les coiffeurs restent ouverts ! S’il n’est pas interdit de sortir, tous les complexes sportifs ou commerciaux sont fermés. Les parcs nationaux eux restent ouverts et l’on dispose d’une application qui vous donne des informations sur leur fréquentation et vous prévient si vous pouvez y aller ou pas. Les frontières sont quasiment fermées, seuls peuvent rentrer sur le territoire les Singapouriens, les résidents longue durée, ceux détenant un permis de travail longue durée…
Ici, pas de pénurie de masques chirurgicaux. Il est amusant de noter qu’au début de l’épidémie, le gouvernement suivait les recommandations de l’OMS et expliquait à la population que le port du masque n’était pas conseillé : mais les Singapouriens, culturellement très attachés au masque quand ils sont malades, n’ont pas suivi ces conseils et les ont toujours portés !
La lutte contre l’épidémie a pour l’instant été efficace ici. Au tout début, ce sont les médecins généralistes, dont le réseau est très dense, qui ont été placés en première ligne. Dès qu’un médecin suspectait un patient d’être affecté, il était conduit dans un centre de dépistage rattaché à un hôpital et, en fonction de son état de santé, on l’emmenait soit à l’hôpital soit dans des centres de quarantaine. L’hôpital n’était sollicité qu’en fin de circuit, les urgences non donc pas été surchargées. Ils ont rapidement demandé aux hôpitaux privés de prendre en charge les patients ne nécessitant pas de réanimation, réservant les hôpitaux publics aux cas les plus lourds. Aujourd’hui, seuls 6 décès sont à déplorer sur les 1 623 cas et les hôpitaux sont en dessous de leurs capacités maximum.
En conclusion, je voudrais dire aux Français qui sont à l’étranger qu’il est toujours important de s’assurer médicalement, et ce quelle que soit l’aide que le gouvernement français peut leur apporter quand ils sont en difficulté. Les Français ont la chance d’avoir la CFE (Caisse des Français de l’étranger) qui offre une bonne protection pour un coût raisonnable. C’est une dépense utile, même quand on est jeune et a priori en bonne santé. La santé est un droit en Europe, mais pas dans le reste du monde, et encore moins quand on est un étranger ! »
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