« Pour le moment, nous ne constatons pas de tension particulière dans le budget de l’Agence pour l’enseignement français à l’étranger – AEFE –, sans doute parce qu’il a fait l’objet d’un abondement de 25 millions d’euros dans la loi de finances initiale pour 2020 » a affirmé à l’Assemblée Nationale le 17 avril Olivier Dussopt. En plein débat concernant le projet de loi de finances rectificative, le Secrétaire d’Etat auprès du Ministre de l’action et des comptes publics a ainsi décidé de retirer les deux amendements déposés par les députées des Français de l’étranger LREM, Anne Genetet et Samantha Cazebonne, qui réclamaient des crédits supplémentaires pour aider l’AEFE à faire face à la crise sanitaire. Anne Genetet demandait en particulier de « relever de 10 % le budget des aides sociales et de l’aide à la scolarité auxquelles nos compatriotes à l’étranger dans le besoin peuvent prétendre », une aide déjà jugée insuffisante par plusieurs élus d’opposition.
> Les sénateurs de l’opposition sur le front
Face à cette décision de Bercy, plusieurs sénateurs des Français établis hors de France, qui doivent à leur tour examiner ce projet de loi de finances le 21 avril prochain, ont immédiatement manifesté leur désaccord.
Damien Régnard, sénateur Les Républicains a ainsi déclaré dans une vidéo publiée sur Facebook « Monsieur Dussopt, pas de tension? Vous avez bien dit pas de tension? Je crains fort que, pour les familles, les enseignants, les comités de gestion, les directions de ces établissements qui représentent quelques 522 écoles à travers plus de 132 pays, qui scolarisent plus de 370 000 élèves, ces propos soient fort mal perçus. Monsieur le Secrétaire d’Etat, il n’est jamais trop tard pour agir avec intelligence ».
Mêmes réactions pour le sénateur centriste, Olivier Cadic, et la vice-présidente socialiste du Sénat, Hélène Conway-Mouret, qui ont exprimé leur mécontentement sur Twitter :
> Bercy et le Quai d’Orsay en contradiction?
Cette décision d’Olivier Dussopt a d’autant plus surpris les élus que le ministre des affaires étrangères Jean-Yves Le Drian avait assuré devant la Commission des affaires étrangères du Sénat le 15 avril qu’il se préoccupait tout particulièrement de la question de l’AEFE. Un plan de soutien était même en cours d’élaboration selon lui : « Nous allons mettre en place dans les jours qui viennent, à la demande du président de la République, un plan d’urgence pour assurer un soutien massif à tout le réseau pour qu’il puisse être assuré dans la continuité. C’est une manière aussi de répondre à la sécurisation de nos concitoyens à l’étranger » avait ainsi assuré le ministre.
> Et les bourses scolaires ?
Concernant les bourses scolaires, Olivier Dussopt ne s’est, une fois de plus, pas montré enclin à rajouter des crédits supplémentaires : « Quant aux bourses, leur budget est sous-exécuté depuis plusieurs années, ce qui nous permet de faire face aux demandes plus importantes lorsqu’elles se manifestent. Le recours à la soulte de l’AEFE est également envisageable pour assurer leur financement. Sur le plan pratique, les délais de réunion des conseils consulaires ont été prolongés afin que l’ensemble des dossiers puissent être examinés, certains ayant été reçus de manière plus tardive compte tenu des difficultés rencontrées par les familles dans la période actuelle » a-t-il déclaré.