« Un plan pour les Français à l’étranger a été élaboré en conseil restreint autour du Président de la République et du ministre des affaires étrangères » a assuré Gérald Darmanin, le ministre de l’action et des comptes publics en séance au Sénat hier soir. « Nous sommes très soucieux effectivement des difficultés que peuvent connaitre nos compatriotes dans des situation extrêmement différentes les unes des autres » a-t-il déclaré, tout en ajoutant face aux sénateurs présents au Palais du Luxembourg « Soyez assurés que le gouvernement, suite aux annonces futures du Président de la République mais aussi au travail, sur tous les bords politiques, dans les deux chambres des représentants des Français de l’étranger qui sont associés, accompagneront nos compatriotes dans tous les continents » .
Cette réponse au sénateur socialiste Jean-Yves Leconte est intervenue alors que les sénateurs de l’opposition représentant les Français établis hors de France , ainsi que le sénateur LREM, Richard Yung, étaient sur le front suite au rejet, vendredi dernier, de deux amendements déposés par les députées de la majorité, Anne Genetet et Samantha Cazebonne. Celles-ci réclamaient des crédits supplémentaires afin d’aider l’Agence pour l’enseignement français à l’étranger (AEFE) à faire face à la crise sanitaire.
> Les sénateurs adoptent les amendements pour soutenir l’enseignement français à l’étranger
Les sénateurs ont ainsi finalement adopté les amendements déposés par les sénateurs républicains et centristes, qui demandaient que le gouvernement abonde l’action de l’AEFE à hauteur de 30 millions d’euros et accorde 15 millions d’euros de crédits supplémentaires pour les bourses scolaires. Reste que ces amendements devront repasser devant la Commission Mixte Paritaire (CMP) et, faute de soutien du gouvernement, ont de grands risques de ne pas être adoptés.
Pour cause, le Secrétaire d’Etat Olivier Dussopt a de nouveau présenté au Sénat un avis défavorable face à ces amendements. Selon lui, « la trésorerie de l’agence lui permet de faire face. En tous cas, à date, nous n’avons pas constaté de tension ». Olivier Dussopt a cependant voulu, contrairement à sa précédente allocution à l’Assemblée Nationale, rassurer les sénateurs : « Nous veillons aussi, dans le cadre du plan de soutien, à ce que des mesures d’accompagnement des familles puissent être mises en oeuvre, soit par mobilisation totale des fonds pour éviter la sous-consommation que nous avons pu constater, soit par mobilisation de fonds qui seraient inscrits ailleurs ».
> Les autres aides aux Français de l’étranger toutes rejetées
Les socialistes qui réclamaient une aide plus conséquente pour l’AEFE et pour les bourses scolaires, ont pour leur part vu une série de leurs amendements pour les Français de l’étranger rejetés. La vice-présidente socialiste du Sénat, Hélène Conway-Mouret, proposait ainsi, sans succès, un amendement accordant 14 millions d’euros pour la création d’un Fonds de soutien à destination des Français de l’étranger les plus précaires et un million d’euros pour les Alliances françaises. Elle proposait en outre de mettre à disposition un million d’euros pour la mise en place d’un dispositif de conseil médical ou de téléconsultation locale dans les postes consulaires pour « pallier l’absence de Centres Médicaux-Sociaux », notamment en Afrique.
Au cours de son discours, la sénatrice a tenté de lancer l’alerte quant à la situation des Français de l’étranger : “Les près de 3,5 millions de Français ont entendu le Président de la République sur RFI récemment déclarer que la France protège tous ses enfants et le ministre de l’Europe et des affaires étrangères promettre un plan d’urgence pour l’AEFE et des gestes pour les familles. Ce que nos compatriotes comprennent surtout, quand les crédits qui devraient ouvrir une aide concrète sont rejetés, c’est qu’ils ne sont pas prioritaires, qu’ils devront attendre un hypothétique troisième budget rectificatif pour recevoir une aide de la France alors qu’il y a urgence à agir. Pourtant si nous souhaitons que ces Français restent dans leur pays de résidence, comme le suggère très justement le ministre Jean-Yves Le Drian, encore faudrait-il qu’ils le puissent. D’ailleurs le retour massif en France, où la plupart ne possède plus rien, coûterait à l’Etat beaucoup plus que les crédits que nous proposons.”
Quant au sénateur socialiste Jean-Yves Leconte, il proposait un abondement de 80 millions d’euros pour la création d’un Fonds de soutien aux acteurs de la présence française à l’international et à la francophonie. Un autre amendement, qu’il a retiré face à la réponse du ministre Gérald Darmanin, était consacré à débloquer 35 millions d’euros « pour accompagner la Caisse des Français de l’étranger (CFE) dans sa mise en place d’aménagements au délai de carence imposé par celle-ci, ainsi que pour l’amélioration de l’accès à la catégorie « aidée » de la CFE » .