L’ancien palais du XVe siècle où s’est installée le lycée français Victor Hugo est bien vide. Depuis le 9 mars, les cris des élèves dans la cour de récréation ont laissé place au silence. Ne restent plus à l’intérieur que le directeur du primaire et Maria Martino, la cheffe d’établissement depuis 3 ans, pour assurer la veille quotidienne. Les 500 élèves, de la maternelle à la terminale, et leurs professeurs, eux, sont à la maison, tous en mode enseignement à distance : “On a mis en place des cours par visioconférence, avec des durées et des fréquences selon l’âge des enfants, et aussi des cours à télécharger et des capsules vidéo. En maternelle, l’enseignant fait la lecture en filmant en direct les pages du livre.”
> Au lycée Victor Hugo, 80% des élèves sont italiens et 15% français seulement
Il y a 27 nationalités au total. 12 % des profs sont détachés de l’Éducation nationale, les autres sont en contrat local italien. Et la difficulté, pendant le confinement, relève Maria Martino, c’est de maintenir la pratique de la langue française : “C’est justement à partir d’interactions, de petits temps à côté, ces podcasts qu’ils envoient à leur maîtresse.” L’école Victor Hugo fait partie des 112 établissements de la Mission laïque française à l’étranger. Hasard de l’agenda, on a lancé à Florence cette année le lycée connecté, avec des ordinateurs pour chaque élève et chaque prof de la seconde à la terminale.
> Un forum en ligne
La veille de la fermeture, l’école a consacré toute une journée à la formation : “Les collègues les moins à l’aise ont été formés par les plus aguerris, par petits ateliers de 10 personnes. On a aussi réfléchi au contenu, qu’est-ce qu’on va enseigner ? Comment ? On n’imaginait pas refaire ce qu’on faisait en classe, les conditions ne sont pas les mêmes.” Les enseignants disposent aussi d’un forum en ligne sur lequel les ils peuvent télécharger des formations.
Maria Martino constate que la solidarité joue à fond : “C’est extraordinaire ! Le confinement et l’isolement, bizarrement, font qu’on n’a jamais été aussi proches les uns des autres, tant entre collègues qui se soutiennent, qu’entre élèves. Dès que l’un d’eux ne s’est pas manifesté, on passe un coup de fil pour prendre des nouvelles.” Les familles aussi donnent un coup de main : “Je reçois beaucoup de courriers de remerciement et des messages de parents experts en droit ou en économie, qui proposent leur aide en disant : l’école va peut-être avoir des difficultés financières, voilà la démarche à suivre.”
La situation risque de durer. L’équipe pédagogique du lycée se prépare déjà à une rentrée des classes, mais pas avant septembre, et sans doute par demi-classe pour respecter la distanciation sociale. La fin de l’enseignement par internet n’est donc pas pour demain.
Lui écrire: maria.martino@mlfmonde.org
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Le lycée français Victor Hugo de Florence