Pouvez-vous présentez ?
J-D.M : J’habite à Londres depuis vingt ans. Je suis arrivé en 2001. A l’époque, je travaillais dans la mode, j’étais envoyé de Paris pour travailler pour un couturier français. J’y ai travaillé pendant 5 ans avant de me lancer dans l’art en 2005. C’est un domaine qui m’a toujours amusé. J’ai donc pris le risque de changer ma carrière. J’ai d’abord travaillé dans différentes galeries commerciales puis j’ai accompagné des familles privées en tant qu’“advisor”, pour les aider dans l’achat d’oeuvres d’art. En 2017, j’ai finalement lancé mon entreprise JD Malat Gallery et en juin 2018, j’ai ouvert ma première galerie à Londres dans Mayfair, sur Davies Street. Je me suis lancé malgré le Brexit. Pendant de nombreux mois, il y avait beaucoup d’incertitudes.
Qu’a changé l’annonce du Brexit sur votre entreprise ?
J-D.M : Pour l’instant l’annonce du Brexit ne nous a pas vraiment impacté. L’art, c’est un domaine très international. Nous avons beaucoup de clients aux Etats-Unis, en Europe, au Japon, en Chine et dans le monde entier. Il y a beaucoup d’oeuvres qui voyagent et nous avons une importante présence en ligne notamment sur les réseaux sociaux ou avec des “virtual tour”.
J’ai donc peu de clients en Angleterre. Au niveau de notre clientèle, nous avons tout de même pu ressentir une baisse des fréquentations jusqu’en décembre 2018 par rapport à l’année précédente. Il y avait moins de touristes. Mais pour l’instant, tout va toujours bien pour nous, même avec le problème du coronavirus, nous continuons à avoir des demandes sur internet.
Face au Brexit, avez-vous pris des mesures pour vous étendre au-delà du Royaume-Uni?
J-D.M : J’ai pour projet d’ouvrir une galerie aux Etats-Unis pour y établir un showroom. En Europe, nous sommes en train de réfléchir à d’autres options, à Berlin par exemple, mais nous n’avons pas encore pris de décisions.
Nous faisons également beaucoup de foires à New York, au Mexique ou en Asie. Cela nous permet d’être présent sur le marché international et ça nous aide à rencontrer beaucoup de nouveaux clients. Je souhaite dans tous les cas conserver ma galerie à Londres car c’est une des villes les plus importante en Europe pour l’art. De plus, nous sommes situés dans un quartier extraordinaire. J’ai un espace fantastique, je n’ai aucune envie pour l’instant de quitter cette ville.
Quelles sont vos craintes liées au Brexit ?
J-D.M : Aujourd’hui, Londres est une ville très importante dans le marché de l’art. C’est l’un des premiers marchés d’Europe avant Paris et le deuxième au monde après New York. Avec le Brexit, je ne sais pas comment le marché va évoluer. Notre principale crainte, ce sont les nouvelles règles d’imposition. Pour l’instant, en Europe, le Royaume-Uni est le pays le plus intéressant en terme de taxe d’importation puisque celle-ci s’élève à 5% contre 13% en Italie ou 8% en France. Les oeuvres pouvaient donc arriver au Royaume-Uni et ensuite être envoyées dans le reste de l’Europe sans qu’il n’y ait de taxe d’importation à payer.
Cela risquera de devenir plus compliqué pour nous après le Brexit, ma seule galerie se situant en Angleterre et n’ayant pas d’autres showrooms en Europe. Si je souhaite alors envoyer des oeuvres à des clients en Allemagne, où se trouvent beaucoup de nos clients, en Italie ou en France, il y aura certainement des taxes d’importation. Cela entraînerait pour nous des coûts supplémentaires puisqu’il est difficile de faire payer l’importation aux clients, qui préfèreraient alors acheter les oeuvres à Paris ou à Milan. Nous ne savons pas encore comment tout cela va fonctionner, tout va dépendre des discussions entre l’Europe et le Royaume-Uni.
Mais nous voyons aussi l’exemple de la Suisse, cela se passe très bien là-bas. J’ai d’ailleurs l’impression que lorsque le Royaume-Uni sera sorti de l’Union européenne, le pays deviendra un peu la nouvelle Suisse dans le domaine.
La galerie JD Malat est aussi sur Instagram @jdmalatgallery