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« Le Vietnam a compris la gravité de ce qu’il se passait avant l’Europe et l’Amérique »

Invités lors d’un webinaire organisé par la CCI France-Vietnam le 19 mai, l’ambassadeur Nicolas Warnery et le chef du service économique de l’ambassade, Hervé Ochsenbein, ont présenté la stratégie de gestion de crise sanitaire et économique adoptée par le Vietnam, qui a été très peu touché par la pandémie.

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Si des milliers de personnes ont été mises en quarantaine, le Vietnam, malgré sa frontière avec la Chine, compte seulement 324 malades depuis le début de la pandémie. Aucun nouveau cas de contamination communautaire n’a été déclaré depuis plus de 40 jours. Le virus a donc été très peu présent dans le pays. Pourtant, bien que le déconfinement du pays ait débuté, le Vietnam reste fermé. Et, ce, peut être pour longtemps…

>  Une réaction rapide face à la crise sanitaire

D’après l’ambassadeur de France au Vietnam, Nicolas Warnery, le pays a particulièrement bien géré la crise d’un point de vue sanitaire. La réaction des autorités locales a été très rapide selon lui, grâce notamment à sa bonne connaissance de la Chine. « Ils ont compris et senti la gravité de ce qu’il se passait avant l’Europe et l’Amérique » explique l’ambassadeur. Le pays avait par ailleurs déjà une expérience forte des pandémies notamment avec le SRAS et la grippe aviaire. Contrairement aux Européens et aux Américains, le pays a donc su immédiatement mobiliser des réflexes de crise. Enfin, selon Nicolas Warnery, les autorités vietnamiennes ont tout de suite anticipé l’impact du Nouvel An chinois en terme de brassage des populations. « Le pays a deviné très vite qu’il y allait avoir des millions de voyageurs et que cette maladie venue du nord allait peut être se répandre de manière foudroyante sans que l’on sache encore son taux de mortalité » a déclaré l’ambassadeur.

Parallèlement, le Vietnam, a su s’adapter aux moyens de son système de santé. Une bonne connaissance de sa capacité d’accueil des malades, a permis au gouvernement de réagir immédiatement. « Dès qu’il y a eu quelque chose à faire, ils l’ont fait. Ils ont mobilisé la contrainte forte qu’ils sont capables de mettre en  place dans leur système afin d’endiguer le virus » raconte Nicolas Warnery. Les malades, lorsqu’ils ont été identifiés, ont immédiatement été placés dans des services hospitaliers pré-déterminés prêts à les accueillir. Les contacts ont été très rapidement recherchés via un système de traçage numérique. Tous les proches de personnes contaminées ont été confinés.

> La fermeture drastique du pays

D’après l’ambassadeur, le pays a par ailleurs très tôt choisi de mettre en place des mesures strictes de fermeture de frontières. Assez rapidement, le Vietnam a ainsi interrompu les vols avec la Chine et la Corée. Le gouvernement a rétabli le système des visas pour les voyageurs depuis l’Europe en rendant les conditions d’obtentions de plus en plus strictes. Les liaisons aériennes ont ensuite été suspendues puis totalement fermées. Le Vietnam a en parallèle procédé l’évacuation des ressortissants étrangers de passage, phase qui s’est déroulée sur trois quatre semaines. La grande majorité des personnes évacuées étaient des touristes (1500 au total). Des hommes d’affaires, des volontaires, des stagiaires et quelques très rares étudiants ont été également concernés par cette phase d’évacuation.

L’ambassade, en collaboration avec les autorités vietnamiennes, s’est elle-même assurée que les vols de rapatriements des Français de Wuhan fassent escale à Hanoi pour récupérer les Français établis dans cette région. Et ce, alors même que les liaisons entre la Chine et le Vietnam était totalement fermées. L’ambassade a également organisé des vols de rapatriement avec Air France le 6 avril.

> Un des rares pays à échapper à la récession

D’après le service économique de l’ambassade, le Vietnam également su gérer la crise d’un point de vue économique. En effet, sur six pays de la région ASEAN, le Vietnam est celui qui a été le moins affecté en terme de croissance économique. Au premier trimestre 2020, le pays a eu une croissance de +3,82% contre -2% pour Singapour ou -1,8% pour la Thaïlande. Pourtant, son activité industrielle avait enregistrée une chute historique de -10,5% en avril, pendant le confinement.

Les résultats du commerce extérieur sont également positifs puisqu’avec + 4,7% d’exportations et +2,1% d’importations, le Vietnam bénéficie d’un excédent commercial de trois milliards de dollars. Quant aux prévisions des institutions multilatérales, elles sont aussi très optimistes. Le Fonds Monétaire International (FMI) estime que le Vietnam sera un des rares pays dans le monde a échappé à la récession.

> Des mesures de soutien limitées

Malgré l’impact sur certains secteurs, tels le tourisme, les mesures de soutien prises par le gouvernement restent assez limitées. Le 8 avril, le Premier Ministre Nguyễn Xuan Phuc a signé un décret comportant plusieurs mesures qui consistent, pour l’essentiel, à un report de cinq mois de diverses taxes et charges. Le gouvernement a également prévu un soutien aux personnes les plus vulnérables avec l’annonce d’un plan de 2,6 milliards de dollars concernant 20 millions de personnes et consistant à la distribution d’un million de Dong par mois pendant trois mois. La banque centrale a également demandé aux banques de distribuer des crédits à taux préférentiels aux entreprises affectées par la crise. Mais, pour pouvoir bénéficier de cette mesure, les entreprises doivent répondre à certaines conditions en terme de perte de chiffres d’affaires, qui sont difficiles à remplir pour beaucoup d’entreprises.

Le Premier Ministre a en outre annoncé un plan de 30 milliards de dollars pour soutenir les grands projets d’infrastructure. Néanmoins, le chef du service économique de l’ambassade Hervé Ochsenbein précise qu’il s’agit là du calendrier initialement prévu : « 30 milliards c’est à peu près l’investissement public que les institutions multilatérales estiment nécessaire chaque années pour faire face aux besoins d’infrastructures du Vietnam. Aujourd’hui Le problème du Vietnam n’est pas de trouver de l’argent, il en trouve beaucoup, mais c’est de le dépenser ». L’an passé, le Vietnam aurait dépensé seulement 10 milliards de dollars sur les 20 milliards prévus initialement.

 

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