Ici, au Pérou le premier cas de coronavirus a été détecté début mars. Quelques jours plus tard, c’est un confinement strict que les autorités ont mis en place, témoigne le père Humberto Boulangé : “On a fermé nos églises en deux heures de temps ! Y compris pour les mariages et enterrements, rien du tout ! Je me suis battu pour ouvrir l’église sans célébrer la messe, que les gens puissent rentrer, mais rien du tout !”
> Eucharistie en mode 2.0
Le père Humberto Boulangé, à qui on devrait d’ailleurs donner du “Monseigneur”, selon le protocole, est vicaire général, le bras droit de l’évêque. Lui préfère qu’on l’appelle simplement “Padre”. Il est responsable d’un diocèse à un millier de kilomètres, au sud de Lima, la capitale. Du coup, il a fallu s’organiser : “Chaque curé, avec son petit réseau Facebook, s’est mis à célébrer la messe le dimanche, dans chaque paroisse. Ce n’était pas du tout préparé, absolument pas adapté, et encore plus ennuyeux qu’en vrai, mais il y avait une vraie demande. Et si ça les embête, ils coupent !”
Cette eucharistie célébrée en mode 2.0 a d’ailleurs attiré de nouveaux fidèles: “Quantité de personnes qui ne sont jamais venues à la messe se sont branchées, et communiquent avec nous de façon étonnante. Ceux qui venaient attendent qu’on rouvre la boutique et ceux qui disent ‘que fait l’Église ?’ cherchent et trouvent sur les réseaux des émissions qui comblent, en partie, leur soif de sens.”
> Nouvelles opportunités
À 68 ans, le père Humberto, ordonné prêtre à Amiens, a vécu la moitié de sa vie au Pérou. Même dans des occasions spéciales, comme une messe célébrée un an, jour pour jour, après la mort d’une défunte, une tradition au Pérou, il a apprécié le recours à Internet :“J’ai célébré la messe dans ma chapelle, avant une première lecture par quelqu’un de la famille à 800 kilomètres de là, le chant par des gens ailleurs. Tout le monde est resté chez soi, mais on est resté en communication, environ 80 personnes, le temps d’une messe partagée par une grande diversité de fidèles. C’était une espèce de communion pas tellement étrangère à ce qu’on propose dans une église”.
Dans le monde d’après, le Français se dit que ces technologies pourraient lui offrir de nouvelles opportunités, surtout dans un diocèse grand comme plusieurs départements français ! “Depuis deux mois, témoigne-t-il, je n’ai pas bougé de cette maison. J’ai des responsabilités à Lima, où il faut que j’aille tous les mois. On a eu des réunions vidéo à six ou sept personnes, et on a été très efficaces. On n’a rien à envier aux déplacements qu’on faisait autrefois.” Padre Humberto attend toutefois avec impatience la réouverture des églises, car avec leur fermeture, les donations, qui permettent de faire fonctionner les paroisses, sont à zéro depuis plus de deux mois.
Lui écrire : humbertoboulange@yahoo.com.pe
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La prélature de Chuquibamba – Camaná au Pérou