Depuis le 13 mars, le Québec a été confiné et son économie à l’arrêt. Aujourd’hui en pleine période de réouverture, le gouvernement veut relancer les investissements étrangers dans la région. Pierre Fitzgibbon, ministre de l’économie et de l’innovation du Québec, a présenté le 15 juin, les principales mesures de son gouvernement pour soutenir cette relance économique.
Selon lui, l’innovation reste l’une des premières priorités pour accompagner “la robotisation et la numérisation” des entreprises et gagner en productivité. Le deuxième axe du gouvernement repose sur le commerce international. “Il faut rester libre-échangiste” assure le ministre, qui souhaite davantage “structurer” les relations franco-québécoises pour favoriser les échanges. A cet effet, Pierre Fitzgibbon a d’ailleurs rappelé que le Canada était signataire de l’ACEUM, l’accord de libre-échange nord-américain avec les États-Unis et le Mexique, ce qui en fait la plus grande zone de libre-échange mondiale, englobant un demi-milliard de personnes. Le troisième pilier du plan de relance du ministre repose sur les investissements directs. “Il s’agit de convaincre les investisseurs de venir au Québec, afin que les chaînes de PME dans la région puissent en profiter” conclut Pierre Fitzgibbon.
> Le Québec comme porte d’entrée du marché nord-américain
Pour attirer les investisseurs français, la stratégie québécoise est de devenir la porte d’entrée du marché nord-américain pour les investisseurs européens, en particulier français. Une mécanique déjà en marche puisque les échanges économiques franco-québécois n’ont jamais été aussi importants, avec une augmentation de 11,8% entre 2008 et 2019.
Pour ce faire, le Québec s’appuie sur l’agence québécoise Investissement Québec International (IQ International), qui dispose de trois représentants à Paris, et sur sa mission diplomatique, la Délégation générale du Québec à Paris. Pendant la crise, leur rôle d’information et d’intermédiation s’est accentué pour faciliter les transactions des deux côtés de l’Atlantique. Aujourd’hui, les deux organisations préparent la reprise et la réouverture des frontières. D’après le président d’IQ International, Hubert Bolduc, qui compare le Québec à un « America for beginner » (l’Amérique pour les débutants), la région « ressemble à l’Europe et l’objectif est de permettre aux Européens d’attaquer le marché américain».
> Une forte demande en main-d’oeuvre
Le Québec, qui fait toujours face à une raréfaction de main-d’oeuvre, compte par ailleurs sur l’immigration étrangère pour rééquilibrer son marché de l’emploi. Pour ce faire, la région veut accueillir de nombreux étudiants étrangers et majoritairement des Français, par simplicité linguistique.« C’est une main-d’oeuvre de très grande qualité, jeune, dynamique, polyglotte, qu’on se doit de continuer d’attirer » précise Hubert Bolduc. « A partir de la rentrée, nous allons recommencer à chercher en France de nouveaux talents » ajoute-t-il. Des étudiants qui pour beaucoup, vont poursuivre leur carrière au Québec.
Les secteurs recherchés par le Québec sont principalement ceux de l’intelligence artificielle, l’aéronautique, le jeu vidéo et les effets visuels.
> L’impact de la crise au Québec
Avec le Covid-19, environ 1,5 millions de travailleurs se sont retrouvés au chômage, ce qui représente un déficit fédéral de l’ordre de 8% du Produit Intérieur Brut (PIB) canadien. D’après Pierre Fitzgibbon, il faudrait même attendre fin 2021 pour espérer revenir au niveau du PIB avant la crise. Selon lui, certains secteurs de l’économie « vont prendre beaucoup plus de temps à se résorber, comme le tourisme, par exemple ».