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« Le VIE est vraiment l’outil à mobiliser pour la reprise »

À l’heure de la relance économique, le volontariat international en entreprise (VIE) revient sur le devant de la scène. Entretien avec Michel Bauza, directeur du programme pour Business France.

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Comment le dispositif du VIE s’est-il adapté à la crise du Covid-19 ?

Michel Bauza : Nous avons traversé la crise avec une priorité : la sécurité des jeunes. Nous avons immédiatement mis en place une cellule de crise avec les ambassades en coopération avec des “correspondants VIE” présents dans chaque poste diplomatique. Ces correspondants suivent la situation des volontaires, les conseillent et interviennent notamment pour autoriser leurs déplacements. Nous avons ainsi pu suivre l’évolution de la crise et gérer les VIE en fonction de l’évolution de la pandémie dans les différents pays.

Avant la crise, le télétravail n’était pas autorisé pour les VIE. Une de nos premières actions a été d’assouplir cette règle et de généraliser le télétravail pour permettre aux jeunes de rester dans les pays, tout en continuant à travailler pour leur entreprise, même confinés. Pour les jeunes qui ont dû rentrer pour des raisons familiales ou parce qu’ils étaient dans des pays plus instables ou avec des infrastructures médicales plus fragiles, le télétravail a également été autorisé depuis la France.

Nous voyons bien qu’il y a un monde avant la crise et après la crise. Pouvoir être partiellement en télétravail dans le cadre des dispositions de l’entreprise sera désormais la norme pour de nombreuses missions.

Comment avez-vous accompagné les entreprises pendant la crise? 

M.B.: Il y a eu un important travail réalisé auprès des entreprises, pour les contacter, les conseiller et éviter que les missions s’arrêtent brutalement. Concrètement, nous avons mené une grande campagne auprès de nos clients. Sur les deux premiers mois, nous avons eu 1 600 entretiens et rendez-vous pour analyser chaque situation, accompagner les entreprises dans leurs choix. Nous avons obtenu de bons résultats puisque le taux d’interruption des missions est comparable à celui de l’année dernière. Il n’y a pas eu une explosion des arrêts ou des interruptions liées à la crise. D’après notre enquête réalisée début avril 2020, sur les 10 500 VIE actuellement déployés dans le monde, 88% de ces jeunes sont restés en poste dans leur pays malgré la crise et le confinement.

Je pense que les entrepreneurs ont vraiment considéré que le fait d’avoir un jeune talent formé sur place était un investissement précieux le temps d’attendre la reprise. Cela montre la résilience du programme.

Très rapidement, nous avons par ailleurs proposé aux volontaires de commencer leur mission en France. Malgré le confinement, ces jeunes ont ainsi pu démarrer leur période de formation et d’intégration dans les équipes, en attendant de rejoindre physiquement leur pays d’affectation lorsque les conditions le permettront. Dès le 1er mai, plusieurs dizaines de jeunes ont été affectés dans des entreprises. Le 1er  juin, ils étaient 250 supplémentaires.

Ces changements confèrent indéniablement aux VIE une souplesse nouvelle qui donne la possibilité aux entreprises de s’adapter aux besoins et à la réalité de l’activité pendant la crise.

L’enjeu aujourd’hui est-il, pour vous, de trouver de nouvelles entreprises pour recruter les jeunes ?

M.B.: Absolument, l’idée est de positionner le V.I.E et tous ces jeunes talents au coeur de la stratégie de relance. Je pense que le VIE sera un des piliers du plan de relance du gouvernement, en coordination avec la Team France Export et des chambres de commerce à l’étranger. Les entreprises ne connaissent pas encore assez le VIE, notre travail aujourd’hui est de relayer l’information et d’être très proactif vis à vis de ce programme. Nous avons un taux de satisfaction calculé par l’entreprise de sondage Ipsos de 95%. Le taux d’impact pour les missions à caractère commercial est de 68% et un taux d’employabilité de 92% après la mission, ces chiffres confirment le caractère gagnant-gagnant du dispositif VIE.

Aujourd’hui, il y a 40 000 jeunes diplômés qui sont prêts à partir, qui ont besoin que les entreprises leur proposent des missions. La priorité est pour nous de ne pas rater cette période et de porter un message auprès des entreprises. Elles auront besoin d’agilité et de talent, le VIE est vraiment un outil auquel il faut penser pour reprendre l’activité, assurer une présence locale, l’animation de ses clients, le suivi des projets, malgré les difficultés de voyage, tout en sécurisant la situation des jeunes qui actuellement n’ont plus trop de perspectives quand il s’agit de partir à l’international.

Quels sont les avantages du VIE pour les jeunes ? 

M.B.:  Pour les jeunes, le VIE leur donnent l’opportunité de passer un ou deux ans sur le terrain avec un important volet dédié à la formation. Le volontaire ne va pas apprendre la théorie déjà apprise à l’école, mais plutôt acquérir de la pratique et les “soft skills” indispensables de l’international.

De plus, depuis la crise, les emplois en alternance, les stages, les petits « jobs » à l’étranger se trouvent difficilement. Une des seules possibilités pour aller découvrir le monde reste le VIE, sachant que le jeune est sous la responsabilité de l’ambassade de France dans le pays d’accueil : c’est très sécurisé. Le mot du programme reste d’actualité pour les entrepreneurs et les jeunes au moment de la reprise : « l’Ambition d’Aller plus Loin »

 

> Le VIE en quelques lignes

Le VIE est le prolongement, sous une forme civile, de la coopération du Service National en Entreprise. Son histoire débute au milieu des années 60. Il devient le VIE en 2000, ouvert aux femmes et à tout jeune européen âgé de 18 à 28 ans souhaitant effectuer une mission en volontariat à l’étranger dans une entreprise. En moyenne les inscrits ont entre 23 et 26 ans.

La mission en VIE est un service civique à l’international. Le volontaire signe une lettre d’engagement avec Business France, l’agence nationale au service de l’internationalisation de l’économie française, qui sert d’intermédiaire entre les jeunes et l’entreprise. Le VIE est un dispositif qui n’est soumis à aucune taxe ou charge, ni en France, ni à l’étranger. Le volontaire reçoit une indemnité non imposable partout dans le monde. Le VIE peut durer entre 6 et 24 mois, il est renouvelable une fois à l’intérieur de cette période..

Comment s’inscrire au dispositif ? 

Pour y participer, il existe un critère : être âgé entre 18 et 28 ans et disposer d’un casier judiciaire vierge. Il faut ensuite créer son CV, avoir effectué sa journée d’appel à la défense (JDC) et s’inscrire sur www.civiweb.com pour postuler aux missions. Le site précise toutes les formalités d’inscription.

Quelles sont les entreprises éligibles ? 

Seules les entreprises de droit français sont autorisées à avoir recours aux VIE. Les entreprises dont le siège est situé à l’étranger peuvent cependant s’appuyer sur un partenaire français pour mettre en place une mission afin de promouvoir les produits français.

Avant d’agréer les entreprises, Business France vérifie qu’elles sont éligibles et bien organisées et qu’elles peuvent accueillir et assurer la rémunération de leur(s) volontaire(s) durant toute la durée de l’engagement.  Bien que ce dispositif ait concerné majoritairement les grands groupes dans le passé ,il se développe de plus en plus auprès des PME et des ETI.

Le dispositif VIE est présent dans tous les secteurs et pour l’ensemble des fonctions d’une entreprise, notamment dans le secteur de la finance, de l’industrie pharmaceutique, de l’industrie et des technologies de l’information et de la communication.

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