Agnès Lopez Cruz est arrivée en 2008. Ce n’est donc pas sa première crise, mais celle-ci est la plus sévère : “Dubaï est l’émirat qui a l’économie la plus ouverte sur le monde. Avec la pandémie, c’est toute cette plateforme touristique, logistique et financière qui en pâtit.” Quelques secteurs comme l’énergie, la santé, les télécoms ou l’agroalimentaire s’en sortent toutefois, témoigne la Française. Contrairement à ses voisins, Abu Dhabi ou le Qatar, Dubaï dispose de peu de ressources pétrolières.
> L’économie de l’émirat repose sur les transports, le tourisme, le commerce et l’immobilier
Ce sont quatre secteurs particulièrement exposés. “Pour qu’il y ait relance, il faut d’abord que les flux aériens, de passagers et de marchandises, repartent. La remontée du prix du baril de pétrole est aussi une composante.” Car Dubaï, avec 3,3 millions d’habitants, est plus que la capitale mondiale du shopping de luxe. Pour les investisseurs étrangers, c’est une porte d’entrée sur toute la région : “Nous avons des sociétés qui viennent s’implanter avec des sièges régionaux pour toucher le Moyen-Orient, mais également l’Afrique” raconte Agnès Lopez Cruz, directrice de la CCI française de Dubaï. La Française dirige depuis six ans la Chambre de commerce française de Dubaï, qui compte 430 entreprises adhérentes.
> Réduire la voilure
En plus d’une crise économique, l’émirat craint des départs massifs de ses expatriés, qui représentent, cas unique, plus de 90% de la population. Plus de 15 000 Français vivent ici, et, privés d’emploi, une partie pourrait bien faire ses valises, témoigne Agnès Lopez Cruz :“Certaines entreprises n’arriveront pas à passer la crise, on s’y prépare. On attend surtout la rentrée de septembre pour pouvoir faire un état des lieux avec le consulat, et le niveau des inscriptions dans les écoles françaises, et nous, à la CCI, le renouvellement des adhésions.”
> Permis de séjour prolongés pour les étrangers jusqu’à la fin de l’année
Pour enrayer l’hémorragie qui s’annonce, et encourager les investissements dans l’immobilier ou les affaires, les autorités ont déjà prolongé les permis de séjour pour les étrangers jusqu’à la fin de l’année.
Comme en 2008, Dubaï peut compter sur la solidarité des six autres émirats, surtout Abu Dhabi, sa rente pétrolière et son fonds souverain. 70 milliards de dollars ont déjà été injectés. Mais comme sur les boutres, ces traditionnels voiliers arabes, la ville-État réfléchit aussi à réduire la voilure : “Il y a une prise de conscience très forte des autorités émiriennes sur les limites de leur modèle économique actuel. Elles sont conscientes qu’il va falloir se réinventer, probablement restructurer, fusionner, voir les choses en moins grand et être plus sectoriel”.
Chacun essaie de garder le moral ici, et de voir une opportunité dans chaque coup dur. L’Émirat sait faire preuve de résilience. Ainsi, le report d’un an, à octobre 2021, de l’Expo universelle de Dubaï, où 25 millions de visiteurs du monde entier sont attendus. Hasard de ce nouveau calendrier, elle coïncidera finalement avec le jubilé marquant les 50 ans de la création des Émirats.
Lui écrire : agnes.lopezcruz@fbcdubai.com
> Aller plus loin
La Chambre de commerce française de Dubaï et des Emirats du nord