La nouvelle est tombée comme un poids pour tous les élèves qui s’attendaient à passer leur baccalauréat en contrôle continu. Face à la pandémie de Covid-19, le ministère de l’Education nationale a décidé que les élèves de terminale scolarisés dans des établissements hors contrats – non homologués par l’Agence pour l’enseignement français à l’étranger (AEFE) ou l’Office Scolaire et Universitaire International (OSUI) – devront attendre septembre pour passer leur examen.
> Des familles dans l’incertitude
Rime Haroun, une parent d’élève du Cours Rameau à Casablanca, témoigne : « depuis l’annonce du 28 mai, nous sommes dans le désarroi le plus complet, nous pensions que nos enfants allaient passer leur baccalauréat en contrôle continu». Plusieurs centaines de parents d’élèves au Maroc se sont sont ainsi retrouvés inquiets pour les études supérieurs de leurs enfants, d’autant plus que beaucoup d’écoles ont des dates limites pour leurs inscriptions. La rentrée se déroulant habituellement de mi-septembre à début octobre, de nombreux élèves risquent de se retrouver exclus des inscriptions faute de pouvoir attester de leur baccalauréat. « Il y a des écoles françaises qui ont été claires sur ce point, il y a déjà des échecs pour s’inscrire » regrette Rime Haroun. L’ex-établissement de Jean-Michel Blanquer, l’école de commerce Essec, a elle-même prévu la rentrée pour certains de ses programmes le 4 septembre.
> Pétitions et groupes Facebook
« Après l’annonce du 28 mai, c’était la douche froide et le début d’un mouvement de contestation » explique Rime Haroun Ainsi de nombreux parents d’élèves se sont regroupés dans des groupes Facebook pour dénoncer ce « bac inégalitaire ». En parallèle, des pétitions ont été lancées pour alerter sur le sort de ces bacheliers. En Côte d’Ivoire, 2 600 signatures ont ainsi notamment été recueillies lors d’une pétition lancée pour les élèves du cours Lamartine. Une autre organisation dénommée la fondation pour l’école a réuni 3 800 signatures en faveur du contrôle continu.
Ces associations de parents d’élèves ont en outre écrit à l’ambassade de France ou au ministère des Affaires étrangères. « Nous avons également saisi nos ministères respectifs dans chaque pays pour essayer de parler à leurs homologues français » explique Rime Haroun. Députés comme sénateurs en passant par les conseillers des Français à l’étranger et les médias ont été contactés pour qu’ils mettent en lumière le cas de ces élèves.
Face à cette situation, le sénateur Les Républicain Christophe Frassa a déposé une question écrite le 2 juillet pour interroger le gouvernement sur la situation de ces élèves qui passent «en dernier pour leur inscription dans le cursus universitaire Parcoursup, ils ont donc quasiment aucune chance d’avoir la filière et l’établissement de leur choix » écrit le sénateur. Il précise également que ces élèves seront « pénalisés sur l’accès au logement et aux bourses scolaires».
Après plusieurs demandes, le député des Français d’Afrique de l’ouest et du Maghreb, M’jid El Guerrab, s’est également saisi du dossier. Celui-ci a finalement reçu une réponse manuscrite de la part de Jean-Michel Blanquer le 24 juin dernier. Le ministre a alors expliqué ne pas vouloir ouvrir la porte à un baccalauréat « sans garanties de qualité» tout en assurant que leurs « droits sur Parcoursup seront garantis ». Le ministre de l’Éducation a par ailleurs voulu rassurer les élèves en déclarant qu’un « dispositif particulier leur permettra de conserver le bénéfice de leur inscription dans l’enseignement supérieur, acquise dans le cadre de la procédure Parcoursup, jusqu’à la proclamation des résultats».
Des réponses qui ne semblent pas suffire cependant à ces parents d’élèves « On a l’impression qu’il a pris la décision d’annuler le bac sans avoir réfléchi à toutes les conséquences qui peuvent en découler et sans avoir réfléchi aux élèves hors contrat à l’étranger » regrette Rime Haroun.
> Quid des candidats libres ?
Les candidats libres sont également concernés par cette décision. Eux aussi passeront leur baccalauréat aux sessions de septembre. Dans une question écrite déposée le 11 juin, le sénateur rattaché Les Républicains Robert del Picchia a interrogé le ministre à ce sujet. Selon sa missive, le sénateur craint que ces derniers ne puissent pas se rendre aux examens dans certains pays en septembre pour des raisons sanitaires. Robert del Picchia a également demandé au ministère si ces échéances ne risquaient pas de défavoriser les étudiants souhaitant poursuivre leur cursus scolaire en France.
Autant de questions auxquelles le ministre n’a pas encore répondu…