> La surprise Clément Beaune
C’est la surprise du remaniement: à 38 ans, Clément Beaune, conseiller Europe et G20 d’Emmanuel Macron à l’Elysée, prend le portefeuille des affaires européennes dans le gouvernement Castex. Cet énarque et ancien étudiant du Collège d’Europe de Bruges, l’établissement qui forme les futurs hauts-fonctionnaires européens, suit Emmanuel Macron depuis sa nomination au ministère de l’économie par François Hollande en 2014. Une fidélité récompensée lors de ce remaniement. Pour le député Pieyre-Alexandre Anglade (LREM, 4ème circonscription des Français de l’étranger), “sa nomination aux affaires européennes consacre son engagement constant au service du projet européen du président de la République dont il a été un proche collaborateur”. Ce conseiller de l’ombre reste très peu connu parmi les élus des Français de l’étranger mais sa connaissance préalable des institutions européennes et de leurs acteurs rassure. Car le nouveau secrétaire d’Etat va avoir à gérer le dossier très technique des négociations avec le Royaume-Uni sur le Brexit, une question prioritaire pour les quelque 300 000 Français qui y sont installés. Le sénateur Ronan Le Gleut (LR) reste néanmoins prudent: “c’est toujours rassurant d’avoir quelqu’un qui connait son sujet. Ce qui est regrettable c’est que le secrétariat d’Etat aux affaires européennes change trop souvent. Il y a une valse des secrétaires d’Etat qui fait qu’il n’y a pas de continuité dans le suivi des dossiers”. Clément Beaune remplace à ce poste Amélie de Montchalin, nommée ministre de la fonction publique le 6 juillet.
> Jean-Baptiste Lemoyne reconduit
Sans grande surprise, Jean-Baptiste Lemoyne conserve son secrétariat d’Etat au tourisme, aux Français de l’étranger et à la francophonie. Connu pour avoir rejoint la campagne d’Emmanuel Macron très tôt en 2017, Jean-Baptiste Lemoyne “n’a pas démérité” durant la crise du Covid-19, selon certaines sources. Cette reconduction rassure les élus des Français de l’étranger puisqu’elle leur donne l’assurance que le secrétaire d’Etat maîtrise déjà les dossiers en cours. “Il a démontré pendant les trois premières années du quinquennat une très grande aptitude à mener de front des dossiers complexes et à traiter avec beaucoup de rigueur les dossiers liés aux Français de l’étranger”, se réjouit Pieyre-Alexandre Anglade. “C’est une bonne nouvelle, selon la sénatrice et présidente de l’association Français du Monde-ADFE Claudine Lepage (PS). Il a montré bcp d’écoute pendant le confinement, donc plutôt lui que quelqu’un d’autre. Après, mais ça n’est sans doute pas de son ressort, toutes les annonces faites n’ont pas toujours été suivies d’effets et c’est dommage”.
> De très fortes attentes
Alors que la crise sanitaire liée au coronavirus frappe de plein fouet les Français de l’étranger, l’action de Jean-Baptiste Lemoyne est scrutée à la loupe. Les dossiers prioritaires ne manquent pas mais le principal défi du secrétaire d’Etat sera sans nul doute de s’attaquer au nerf de la guerre, le budget dédié à son portefeuille. Pour la sénatrice Hélène Conway-Mouret (PS), pas d’autre solution que d’aller au front: “tout le réseau des Français à l’étranger est en souffrance. J’attends de Jean-Baptiste Lemoyne qu’il se batte avec Bercy et gagne des arbitrages. Tout revient aux moyens. On ne peut plus continuer à couper dans les budgets des consulats et des ambassades. Il est très occupé par le tourisme mais j’espère qu’il va porter son attention sur la préparation de la rentrée, faire attention à ce qu’on ne ferme pas d’écoles, pas d’instituts français, pas d’alliances françaises. Il doit pérenniser les crédits exceptionnels alloués pendant cette crise. Le budget des Français de l’étranger ne doit pas être un budget d’ajustement pour les autres”. Jean-Baptiste Lemoyne est très attendu sur le dossier de l’aide exceptionnelle pour les Français de l’étranger les plus vulnérables annoncée fin avril et dont seulement 2% ont aujourd’hui été alloués.
La crise sanitaire en cours a des répercussions qui pourraient être irréversibles pour les Français de l’étranger: “On est dans l’improvisation permanente sur les frontières, sur les déplacements des Français, il y a une fébrilité de chaque pays confronté à la pandémie et cela crée des difficultés importantes pour la mobilité. Cet été, de nombreux Français doivent renoncer à venir en France, et bientôt va se poser la question de Noël. Nos services consulaires ont bien du mal à suivre actuellement. On va rentrer dans une deuxième crise quand on va se rendre compte que les Français de l’étranger avaient besoin de cette mobilité et que si cette situation dure, cela va nécessiter un accompagnement de retour. On va alors avoir besoin d’une mobilisation de nos services à l’étranger”, s’inquiète de son côté le sénateur Olivier Cadic (UDI).
Jean-Baptiste Lemoyne, qui reste sous la tutelle du ministre des affaires étrangères Jean-Yves Le Drian, se lance à nouveau dans la mêlée…et doit donc confirmer de nombreux essais!