> Des vacances en France ?
Tout Français de l’étranger peut rentrer en France. Néanmoins, le ministère des affaires étrangères français déconseille autant que possible les déplacements internationaux, pour des raisons sanitaires liées à la circulation du virus. A partir du 5 août, le gouvernement français a indiqué que les voyageurs au départ des Etats-Unis devraient présenter un test PCR négatif effectué 72 heures avant de monter dans un avion à destination de la France.
Pour accompagner au mieux les Français aux Etats-Unis en instance de départ pour la France, les consulats ont listé sur leurs sites internet les adresses où il est possible d’effectuer un test PCR. Il est conseillé cependant de s’assurer en amont, avant d’effectuer le test, du délai nécessaire pour l’obtention des résultats.
> Les expatriés entrent au compte-goutte
Le décret signé le 22 juin par Donald Trump, qui vise à favoriser les “travailleurs américains” pendant la crise, gèle la délivrance des fameuses “green cards” jusqu’au 31 décembre tout comme plusieurs catégories de visas de travail (H-1B, H-2B, L-1A, L-1B et J-1). A l’ambassade de France à Washington, on négocie ferme avec les autorités américaines pour obtenir des autorisations de séjour pour les Français: “nous entretenons sur ces questions un dialogue étroit avec l’administration américaine depuis le début de la crise, à titre bilatéral mais aussi dans un cadre européen, qui nous a permis d’obtenir un certain nombre d’exceptions pour certaines catégories de personnes, en particulier les enseignants attendus à la rentrée dans nos établissements français aux Etats-Unis, mais aussi certaines catégories d’étudiants, de chercheurs et d’hommes d’affaires. Ces exceptions sont accordées sur la base d’un examen au cas par cas par l’administration américaine, au titre de l’intérêt national”.
> Quid des étudiants ?
Le 6 juillet, les services d’immigration des Etats-Unis ont publié une directive qui ne permettait la délivrance d’un visa étudiant ou le maintien du statut d’étudiant pour ceux dont la scolarité était déjà en cours qu’à la condition que 75% des enseignements soient dispensés en présentiel. Les étudiants dont la formation était dispensée en ligne devaient quitter le territoire des Etats-Unis ou s’inscrire dans un établissement qui proposait des enseignements en présentiel. Plusieurs établissements prestigieux, dont Harvard et le MIT ont immédiatement introduit un recours en justice, estimant que la mesure ne respectait pas les codes de procédure administrative, qu’elle était injustifiée, discriminatoire et contraire aux recommandations de santé publique des Etats. La mesure fut retirée dès le 14 juillet lors de la première audition de cette action en justice devant un tribunal fédéral. Cependant, dès le 24 juillet, les services d’immigration ont publié une nouvelle directive qui, si elle permet aux étudiants déjà engagés dans leur cursus de garder leur qualité d’étudiant, quelle que soit la forme des enseignements dispensés, rend impossible la délivrance de nouveaux visas étudiants pour ceux qui débuteraient à la rentrée 2020 leur formation dans un établissement qui fonctionne majoritairement ou exclusivement en ligne. Si l’on ajoute le fait que, suite aux tensions entre la Chine et les Etats-Unis, la baisse des inscriptions est brutale pour les étudiants en provenance de Chine, que le travel ban décourage voire empêche un nombre important d’étudiants internationaux de se rendre aux Etats-Unis et que la situation sanitaire en incite d’autres à quitter le territoire, l’enseignement supérieur américain vit un choc économique mais aussi culturel sans précédent.
La situation des étudiants français -environ 9000 chaque année sur une année “ordinaire”- est assez particulière. Une faible proportion d’entre eux se trouve aux Etats-Unis pour des formations diplômantes pluriannuelles. Donc, les mesures récentes des services d’immigration, même si elles affectent directement les établissements français qui proposent des doubles diplômes en partenariat avec des universités américaines, ont un impact limité en termes strictement numérique. En revanche, la majorité des universités et écoles françaises qui intègrent dans leur cursus une année obligatoire de mobilité ont dû annuler ces séjours pour l’année 2020-2021 ou au moins pour le semestre d‘automne. Selon Philippe Etienne, l’ambassadeur de France aux Etats-Unis, “les incertitudes qui pèsent sur la délivrance des visas dans les deux sens, mais aussi sur l’accès à l’Espace Schengen ou au territoire américain sont des éléments aggravants qui bloquent la réciprocité. Dans ce contexte, il est malheureusement probable que nous assistions à une baisse des mobilités étudiantes entre les Etats-Unis et la France de plus de 80% en 2020-2021″.
La rentrée dans les universités américaines se prépare donc dans des conditions de très grande incertitude : les établissements perdent une partie importante de leurs revenus ancillaires (résidences, caféterias, manifestations sportives… ) et peinent à convaincre les étudiants, eux-mêmes fortement impactés par la crise économique, de s’acquitter de frais de scolarité élevés pour des enseignements souvent dispensés en partie ou en totalité en ligne, ce qui réduit le modèle traditionnel américain d’éducation résidentielle à une interaction pédagogique essentiellement digitale. De nombreuses universités qui avaient annoncé en juin ou au début juillet une rentrée en présentiel doivent aujourd’hui, face à l’aggravation de la crise sanitaire, faire machine arrière et revenir à un enseignement en ligne en ne permettant qu’à une petite partie de leurs étudiants de résider sur les campus. Dans ce cadre, la présence des étudiants internationaux, qui représentent 5,5% des inscrits dans l’enseignement supérieur et contribuent à hauteur de 40 milliards de dollars à l’économie américaine est en enjeu crucial, d’autant que ces étudiants s’acquittent proportionnellement de frais de scolarité plus élevés.