Les Bulgares, férus d’histoire et passionnés par l’histoire tourmentée de leur pays, sont nombreux à visiter des lieux exceptionnellement ouverts au public ce week-end, comme la Résidence de France de Sofia. C’est un hôtel particulier de belles dimensions et pour tout dire un peu atypique, en plein centre de Sofia. C’est là où vit l’ambassadrice de France et chaque année, les visiteurs s’y pressent. Claude Chassaing est le directeur de l’Institut français de Bulgarie et nous fait la visite : “Le bâtiment a été construit au début du siècle passé. C’est un très beau témoignage de l’architecture austro-hongroise, un peu perdu en Bulgarie, à une époque où on ne construisait pas ces standards-là, un style baroque viennois , en pleine période art déco, que tous les habitants veulent connaître.”
Dans cet ex-pays communiste au passé mouvementé, chaque année, les Journées du patrimoine se taillent un franc succès. Rien qu’à Sofia, la capitale, une quarantaine de monuments, d’institutions ou de lieux de culte, sont exceptionnellement ouverts au public ce week-end. “Il y a une véritable appétence pour l’histoire en Bulgarie. C’est un pays qui a connu des périodes tragiques, une histoire assez complexe aux XIXe et XXe siècle. Tous les habitants ont envie de connaître ces témoignages qui restent de leur culture, qu’il s’agisse des églises, de la mosquée, de la synagogue, de ces palais. Il y a aussi les Académies des Beaux-Arts ou le rectorat de l’Université principale de Sofia.”
À la Résidence de France, on se souvient de ce matin de janvier 1989, où François Mitterrand, alors à l’Elysée, avait offert un petit déjeuner en l’honneur des dissidents au régime communiste de l’époque. C’était la première visite en Bulgarie d’un chef d’État français.
Concert des nations
Cette année, les Journées du patrimoine coïncident avec la réouverture de l’Institut français après plusieurs mois de fermeture pour cause de Covid : “C’est un plaisir de retrouver tous nos amis, nos apprenants, toutes les personnes qui viennent à la médiathèque et à nos événements, s’enthousiasme M. Chassaing. Depuis mars, toutes nos activités étaient en stand-by. Nous étions seulement présents en ligne, avec des films et des vidéos qu’on pouvait télécharger, mais c’est important d’accueillir le public.”
Environ 2 000 Français vivent en Bulgarie
“Il y a les grandes entreprises du CAC 40 mais beaucoup de jeunes qui viennent tenter leur chance en créant des start up, en particulier dans les jeux vidéo, secteur où le pays est bien positionné. Beaucoup de centres d’appels sont aussi installés ici, c’est une spécificité française.”
Car, lors la dislocation du bloc des l’Est, la Bulgarie s’est vite tournée vers l’OIF, l’Organisation internationale de la francophonie, pour intégrer le concert des nations. “Ils sont francophiles, mais malheureusement pas francophones ! témoigne M. Chassaing. Nous y travaillons : ils peuvent apprendre le français à l’Institut français, mais aussi, et c’est une spécificité locale, dans 15 lycées bilingues dans l’ensemble du pays où l’enseignement a lieu en bulgare et en français.”
La Bulgarie est membre de l’Europe des 27 depuis 2007, mais pas encore de l’espace Schengen, ni de la zone euro. Et ce n’est sans doute pas pour demain puisque le pays des Balkans est aujourd’hui dirigé par Roumen Radev, un président eurosceptique et pro-russe.
Aller plus loin
L’Institut français de Bulgarie à Sofia
La Résidence de France à Sofia
Lui écrire : claude.chassaing@institutfrancais.bg