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EXCLUSIF – Jean-Baptiste Lemoyne : « Je veux assurer aux communautés françaises qu’on a été, on est et on sera à leurs côtés »
Entrepreneurs, santé, aide sociale, enseignement, passeports… Cinq mois après l’annonce du plan d’aide aux Français de l’étranger, Jean-Baptiste Lemoyne, secrétaire d’État chargé des Français de l’étranger, dresse son bilan sur l’action du gouvernement.
Santé
Jean-Pierre Pont : Nous souhaiterions commencer par le volet dédié à la santé. Vous avez mis en place un budget de 20 millions d’euros pour le suivi sanitaire, quelle a été la décomposition de ces dépenses?
Jean-Baptiste Lemoyne : Nous avons souhaité avec le ministre des Affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian, mettre en place un grand plan de soutien massif aux communautés françaises établies hors de France parce qu’elles ont été les premières frappées par la crise du Covid-19. Je rappelle que nous avons notamment évacué un certain nombre de nos compatriotes établis à Wuhan courant janvier. Beaucoup de communautés sont encore exposées à ce risque. Cela a donc représenté un important travail, avec effectivement, à la clé, un certain nombre de dispositifs et de financements.
Concernant la santé, nous avons mis en place un soutien de l’ordre de 20 millions d’euros qui permet de couvrir plusieurs types d’aides, d’une part la mise en place de télémédecine, l’acheminement de médicaments, là où il est compliqué de se réapprovisionner, et surtout la mise en place de deux avions disponibles 24 heures sur 24 à la main du Quai d’Orsay pour pouvoir procéder à des évacuations sanitaires le cas échéant. Plus d’une trentaine de cas graves ont ainsi été évacués. Nous avons également demandé à chacun de nos ambassadeurs, dans un certain nombre de pays sensibles, de préparer des plans « santé » pour s’assurer que tous les paramètres étaient bien pris en compte et que nous pouvions apporter un appui à nos communautés.
JPP : La Caisse des Français à l’étranger (CFE) a monté un produit de protection sociale spécial Covid. Nous nous sommes rendu compte que, pour des problèmes de communication, ce produit n’a obtenu que très peu de souscripteurs. Pourquoi le ministère des Affaires étrangères ne travaille-t-il pas davantage avec la CFE ?
JBL : Il s’agit d’un très bon produit et nous nous réjouissons que la CFE ait pu le proposer. Vous savez d’ailleurs que nous subventionnons la CFE, au titre de la catégorie aidée destinés à nos compatriotes dans les situations les plus précaires. Néanmoins ce type d’assurances est proposé dans un cadre concurrentiel et c’est pourquoi nous ne pouvons pas intervenir dans le marketing ou dans la promotion.
JPP : Mais la CFE est une caisse de sécurité sociale donc normalement les consulats pourraient la promouvoir…
JBL : La CFE agit dans un cadre concurrentiel. D’autres établissements pourraient proposer des produits similaires. C’est pourquoi il est important de faire le distinguo. Mais il est clair que nous avons toujours été en appui et en soutien, notamment à travers ce partenariat avec les catégories aidées. Je peux également vous assurer que les conseillers des Français de l’étranger, pour beaucoup, évoquent ces produits et le font connaitre. Cependant, chacun a son rôle et l’Etat ne peut pas, dans un champs concurrentiel, laisser penser à une préférence pour tel ou tel produit.
JPP : Mais dans ces 20 millions d’euros, ne pourriez-vous pas fournir cette assurance Covid à certains Français dans le besoin, qui ne sont pas assurés et qui ont vraiment des problèmes sociaux ?
JBL : Encore une fois, il revient aux Français de faire ces démarches. Nous aidons au travers de cette catégorie aidée. Nous sommes au rendez-vous vis à vis des plus précaires.
Je tiens à ajouter aussi qu’il y a d’autres dispositifs que nous avons mis en place pour aider les plus précaires de nos concitoyens qui sont établis hors de France avec une aide sociale. Cette aide sociale a connu un certain nombre d’assouplissements. Je suis très attaché au retour d’expérience et nous pu assouplir les premiers critères au fur et à mesure pour toucher un plus grand nombre de personnes. Ces critères avaient été définis, je précise, en interministériel. C’est vrai qu’il y avait un certain nombre de verrous qui avaient été mis, notamment, un peu à la demande de Bercy.
Désormais, ces aides sociales peuvent se monter, par exemple, à 150 euros par adulte et 100 euros par enfant. Quand vous prenez une famille avec un couple et deux enfants, cette aide peut monter à 500 euros. Pour certains pays ce n’était pas rien. Aujourd’hui cette aide va pouvoir être versée chaque mois jusqu’à la fin de l’année. Elle est cumulable éventuellement avec d’autres aides dans le pays dans lequel les gens résident. Vous voyez, nous avons toujours été au rendez-vous de la réactivité pour être au côté des communautés.
Je crois que c’est un peu inédit. Je pense que la France est un des seuls, voir peut-être le seul pays au monde à avoir mis en place un tel dispositif et une telle boite à outils pour ses communautés établies hors de la mère patrie. Vous pouvez enquêter mais je n’ai pas le sentiment que les Etats-Unis, le Portugal, l’Allemagne aient mis en place le même type de dispositif. Avec Jean-Yves Le Drian, nous avons à coeur d’être au rendez-vous parce que ces plus de 3 millions – j’ai en tête la carte, que vous aviez produite -, ces 3 millions et demi de Français dans le monde participent au rayonnement français et nous nous devons de les aider et de les assister.
JPP : Le gouvernement avait promulgué un amendement pour que les Français résidant hors d’Europe, non affiliés à la CFE, aient accès immédiatement après leur retour en France à l’assurance maladie, sans délai de carence de trois mois. Cette mesure vient de se terminer fin septembre, comptez-vous prolonger cet amendement ?
JBL : J’ai veillé à ce qu’un amendement gouvernemental soit déposé au mois de mars dans les textes d’urgence qui étaient pris. Nous en avons beaucoup parlé avec le président de la Commission, Roland Lescure, également. J’avais déjà obtenu une première reconduction puisqu’initialement cet amendement venait à échéance en juin. Nous l’avons prolongé jusqu’au mois de septembre.
Il est clair qu’avec la discussion du PLFSS, le projet de loi de financement de la sécurité sociale, dans les prochaines semaines, je plaiderai pour que ce délai de carence continue à ne pas s’appliquer dans la mesure où nous sommes encore dans cette période de pandémie. C’est aussi peut-être le moment de se poser des questions à ce sujet. Je pense que si nous pouvions le supprimer de façon pérenne, ce serait plutôt bien. Mais tout cela relève aussi de combats à mener au sein de l’interministériel. Dans tous les cas, je les mènerai.
Enseignement
Pénélope Bacle : Je souhaiterais vous parler de l’enseignement, qui est un des autres volets de votre plan d’aide. L’AEFE (Agence pour l’enseignement des Français à l’étranger) a été critiquée ces derniers mois, notamment par des familles qui ont l’impression que le poids des dépenses pèsent sur elles et qu’elles manquent de consultations, que répondriez-vous à ces familles?
JBL : Nous avons cherché là aussi à intervenir en aidant les familles françaises d’une part et en aidant les établissements, pour qu’ils puissent eux-mêmes aider les familles étrangères. Vous le savez 2/3 des élèves dans le réseau sont des élèves étrangers, c’est ce qui fait toute l’influence de ce réseau. Nous avons donc été au rendez-vous pour les familles françaises avec 50 millions d’euros de bourses supplémentaires. D’ores et déjà les premières commissions de bourses qui se sont tenues, montrent que nous avons intégralement consommé l’enveloppe 2020, qui s’établissait à un peu plus de 100 millions d’euros et, par conséquent, nous aurons vraiment besoin d’aller piocher dans ces 50 millions d’euros supplémentaires pour assurer les révisions de quotité lors des deuxièmes commissions qui se tiendront au mois de décembre.
Nous sommes donc là, avec ces bourses, pour apporter des réponses très concrètes auprès des familles françaises. Nous avons également apporté un certain nombre d’aides, soit en subventions, soit en prêts à des établissements pour que, eux-mêmes, puissent aussi faire des gestes vis à vis des familles étrangères et ainsi maintenir le niveau des effectifs. La rentrée qui s’est déroulée n’est naturellement pas comme les autres, mais la plupart des établissements, en tous cas près des 2/3, ont fait une rentrée en présentiel. Par ailleurs, il y a une quasi stabilité des effectifs. Si on nous avait dit cela il y a quelques mois, je crois que nous aurions tous signé. Nous avions tous les plus fortes craintes sur le fait qu’il y ait parfois des familles qui retirent leurs enfants compte tenu des conséquences économiques et sociales de la crise…
Je crois que les juges de paix, ce sont les chiffres. Le fait que cette rentrée se fasse quasiment avec le même effectif montre que la dynamique reste là, la dynamique aussi en terme d’homologation. De nouveaux établissements ont rejoint le réseau. Cela montre que le chef de l’Etat, qui voulait continuer à étoffer le réseau, était dans le vrai.
PB : Mais sur le fait que les familles aient l’impression que les dépenses pèsent sur elles. Parce que, comme vous dites, ce sont des avances qui sont faites aux établissements…
JBL : Le sujet n’est pas nouveau. Cela fait déjà plusieurs années que les frais d’écolage sont supérieurs à la subvention qui est octroyée. C’est pour cette raison, d’ailleurs, que j’ai plaidé pour que nous renforcions le rôle des associations de parents d’élèves, des parents d’élèves au conseil d’administration de l’AEFE. La réforme de la gouvernance permettra de doubler le nombre de représentants de parents d’élèves au sein du conseil d’administration mais également qu’ils aient connaissance, dans les travaux internes aux établissements, du plus grand nombre d’éléments, notamment liés à la préparation du budget. Cela me parait important. Vous savez, il y a un dicton populaire qui dit « qui paye, commande ». Il se trouve que les familles paient 60% du coût. Compte tenu de cette part importante, il est important qu’elles soient effectivement associées. Maintenant, le choix qui a été fait, est de pouvoir aider ceux qui en ont le plus besoin à travers les bourses plutôt que de faire une ristourne générale qui effectivement aurait fragilisé sûrement l’AEFE et l’ensemble du réseau.
PB : Concernant ces bourses, il y a d’un côté les bourses annuelles et d’un autre côté les bourses spéciales Covid. Apparemment, sur les bourses « spéciales Covid », seulement un tiers aurait été dépensé en septembre…
Les deuxièmes commissions vont encore se tenir au mois de décembre et cela va être l’occasion, encore une fois, d’accepter de nouveaux dossiers et de revoir certains dossiers. Je pense que l’argent qui a été budgété va être dépensé. S’il ne l’était pas, je plaiderai pour qu’il soit reporté sur l’année 2021. C’est valable pour ce dispositif, comme pour les autres.
PB : Même pour l’aide sociale par exemple ?
JBL : Je plaiderai pour cela effectivement… Mais, encore une fois, il s’agit aussi d’un combat à mener et à gagner en interministériel pour que les crédits non consommés soient reportés sur 2021 parce que nous voyons bien que la pandémie ne s’arrête pas forcément le 31 décembre à minuit. Nous devons continuer, hélas, à vivre avec le virus, et cela veut dire aussi continuer à accompagner nos communautés.
Simplification des procédures
JPP : Concernant les postes diplomatiques, des milliers de Français se sont retrouvés sans pièce d’identité du fait de l’engorgement des consulats. Et il semblerait qu’il y ait des discussions pour réaliser des adaptations règlementaires pour faciliter l’obtention des pièces d’identité mais également pour la simplification des procédures pour les certificats de vie, les actes notariés. Tout cela va-t-il être prolongé et amélioré ?
JBL : Concernant les papiers d’identité et les passeports, nous avons continué à délivrer des passeports. Mais, un certain nombre d’effectifs des consulats étaient eux-mêmes frappés par les législations nationales, les interdictions de se déplacer, les confinements etc. Nous avons, pour les passeports par exemple, pris en charge ceux qui avaient besoin de passeports pour la mobilité. Il ne s’agissait pas d’avoir un passeport pour avoir un passeport, mais parce que les personnes avaient besoin de cette pièce d’identité, peut-être pour d’autres raisons. Nous avons donc dû cibler.
Mais je peux vous dire que les consulats, les postes, ont été mobilisés tout au long de la crise. Nous avons d’ailleurs dû aussi composer avec le virus, nous avons eu des malades dans nos effectifs, nous a eu quelques décès aussi. Je veux d’ailleurs rendre hommage à nos agents qui effectivement sont passés par là.
Mais nous allons continuer ce travail de simplification. Il y a une mission d’ailleurs à ce sujet qui a été conduite par Alexandre Holroyd et Didier Quentin. Vous savez, depuis déjà deux ans par exemple, nous proposons l’acheminement par pli sécurisés dans 36 pays. Peut-être pourrions-nous réfléchir à étendre le dispositif. Ce que j’ai à coeur, c’est qu’effectivement la vie quotidienne du Français établi hors de France soit la plus simple possible. Cela passe aussi par un aspect dématérialisation.
Vous évoquiez les certificats de vie. Il est vrai que dans les permanences que je tiens dans mon département de l’Yonne comme conseiller départemental, je reçois les Français qui ont un problème à me signaler. J’avais mesuré combien le dispositif au début avait peut-être eu un peu de mal à se mettre en place parce que les autorités nationales n’étaient pas habituées… Mais, désormais, plutôt que d’aller au consulat, vous pouvez obtenir le tampon sur le certificat de vie par le commissariat de votre pays, par telle ou telle municipalité et cela évite de faire parfois plusieurs dizaines, centaines de kilomètres. Je crois que le système maintenant est en train de se roder. Nous avons aussi d’ailleurs obtenu l’allongement des délais pour que ces certificats puissent être retournés et pour que, naturellement, personne ne voit sa prestation de retraite interrompue. Il y a eu un gros travail de fait avec l’Union Retraite. Je crois que désormais le système est plus satisfaisant qu’il n’était au début.
Directives de dépistage
P.B : Concernant les directives de dépistage, aujourd’hui, il existe quatre pays à partir desquels, il est demandé un dépistage, les Emirats arabes unis, le Bahrein, le Panama et les Etats-Unis. Est-ce que vous pouvez m’expliquer comment vous avez choisi ces pays ?
JBL : Tout cela résulte aussi de critères sanitaires, liés justement à la circulation du virus, liés à l’intensité des trafics. C’est pourquoi il a été demandé sur ces pays là d’obtenir ces tests. S’agissant des Etats-Unis, nous avons bien vu que la situation était contrastée. Il y a des villes, des territoires, des Etats, dans lesquels il était possible de faire ces tests facilement. D’autres, au contraire, où c’était un problème. Nous avons donc mis en place une procédure dérogatoire. Les consulats peuvent octroyer des dérogations aux Français là où manifestement les tests sont difficiles à obtenir de telle sorte qu’ils ne soient pas empêchés de voyager. 80% des demandes de dérogation sont octroyées. Je crois que nous avons, là aussi, un dispositif qui fonctionne bien. Et nous continuons à travailler avec le ministère de la Santé sur d’autres types de tests pour voir s’ils pourraient être pris en compte. Il faut s’assurer que les autres types de tests aient également une bonne fiabilité. Nous regardons cela de près.
PB : Effectivement il y a ces procédures dérogatoires. Mais, vous me dites 80%, comment cela se passe pour les 20% restant?
JBL : Nous avons aussi mis en place dans les aéroports un certain nombre d’endroits à votre arrivée, vous pouvez faire un test et si le test s’avère positif en revanche, vous vous engagez à faire une quatorzaine. Nous essayons d’apporter les réponses qui soient les plus adéquates possibles et d’essayer de ne laisser personne sans réponse. Je crois que le système des dérogations globalement a quand même donné satisfaction. Je n’ai pas eu de récrimination massive. Et dieu sait pourtant que, sur les réseaux sociaux, quand il y a quelque chose qui ne va pas, on me le signale.
Entrepreneurs français à l’étranger
JPP : Concernant les entrepreneurs français à l’étranger, nous avons interrogé votre collègue Franck Riester, qui ne nous a pas donné de solution pour le moment de dispositif financier d’aide pour l’ensemble des entrepreneurs dans le monde, sauf en Afrique à travers Proparco, la filiale de l’Agence Française de développement, y a-t-il d’autres projets en cours de discussion ?
JBL : C’est vrai qu’il y a tout ce travail autour des outils que peut mettre en place Proparco en Afrique. Mais je pense qu’il faut qu’on aille au–delà. La réponse est aussi à apporter à des entrepreneurs, qui, par exemple, permettent un flux significatif de produits ou de services français de s’exporter, pour pouvoir les aider à pérenniser leur activité. Je m’en suis entretenu d’ailleurs il y a quelques jours avec les CCEF, avec leur président, Alain Bentéjac. Je vais plaider, auprès de la BPI et du Trésor pour que nous travaillions sur un dispositif qui soit un peu le pendant du prêt garanti par l’Etat (PGE), obtenu par les entreprises françaises.
Je pense que nous pourrions peut-être réfléchir à ce type de produit qui aiderait en trésorerie les entrepreneurs français. Naturellement, nous ne sommes pas sur les mêmes chiffres et sur la même ampleur que le dispositif national, mais je pense qu’avec quelques dizaines de millions d’euros, nous pourrions déjà peut-être apporter des réponses pour des entreprises qui sont répertoriées par la communauté d’affaires locale, comme devant être aidée et préservée. C’est un travail qui doit être conduit dans les prochains jours, les prochaines semaines, avec la BPI et le Trésor. Dans tous les cas, j’ai bien conscience que nous avons, comme dit souvent le Premier Ministre lorsqu’il identifie un problème, « un trou dans la raquette », et qu’il faut que nous arrivions à apporter une solution.
JPP : Et pour cela, vous ne pourriez pas vous appuyer sur les grands réseaux des CCI France International qui sont présents dans une centaine de pays?
JBL : Ce sont, dans tous les cas, des personnes qui sont très engagées dans les communautés économiques. Maintenant, nous voyons bien qu’il y a besoin d’un outil financier. Les entreprises, ce dont elles ont besoin, c’est de pouvoir obtenir des facilités de trésorerie, éventuellement avec leur banque locale. Je pense donc à un dispositif qui permettrait d’apporter une sorte de garantie française à ce prêt, pour aider l’entrepreneur. Mais cela nécessite ce travail encore technique avec les ministères financiers et la BPI. Je sais que Pedro Novo, qui s’occupe de l’export, était également sensible à cette dimension là.
Culture
JPP : Maintenant, dans le domaine de la culture. Comment allez-vous pouvoir vraiment aider les Alliances françaises et éventuellement les Instituts français ? Certaines Alliances dans le monde sont quasiment fermées aujourd’hui.
JBL : Nous avons la chance d’avoir ce réseau de 800 Alliances françaises qui participe aussi au rayonnement, souvent sous des formes associatives, locales. Nous avons mis en place une ligne de deux millions d’euros qui permet, lorsque des situations vraiment très compliquées nous sont signalées, d’intervenir. Avec Jean-Yves Le Drian nous y sommes très attentif.
Les Instituts français, c’est autre chose. Ils sont plus adossés à la puissance publique naturellement. Mais, j’ai vu une pétition circuler à ce sujet. Ke l’ai dit hier à l’Assemblée des Français de l’étranger, nous allons rester très attentif si des cas doivent nous être signalés. Je profite de cette occasion pour dire aux gens nous regardent et nous écoutent qu’ils n’hésitent pas à nous saisir y compris par email. Je n’ai pas de problème pour que vous nous saisissiez, jean-baptiste.lemoyne@diplomatie.gouv.fr, c’est cela aussi le service publique en direct.
JPP : Et votre portable ?
JBL : (Rire) Je le donne aux élus de l’Yonne, donc venez dans l’Yonne et vous aurez mon portable. (Rire) Mais sinon je le donne au ministère bien sûr.
Couples binationaux
PB : Maintenant, je vais parler des couples binationaux qui est un sujet d’actualité. Les premiers laissez-passer ont enfin été accordés mais apparemment 50% ne répondraient pas aux critères des procédures. Je voudrais savoir comment vous avez choisi ces critères ? Par exemple le fait qu’il faille que ces couples se soient absolument rencontrés sur le sol français …
JBL : Déjà, regardons le verre à moitié plein. La France est un des rares pays dans le monde à avoir mis en place une procédure. Il y a d’autres pays comme le Danemark … Mais je peux vous dire qu’il y a aussi plein de pays dans lesquels ce sujet est balayé d’un revers de la main.
En France, nous n’avons pas fait cela. Nous avons pris le sujet en compte et à bras le corps. Je dis à bras le corps parce que là aussi, cela a été sujet à beaucoup de discussions interministérielles où il a fallu lever un certain nombre de freins, de craintes par rapport à des sujets migratoires. Moi, je suis persuadé que ces couples qui existaient avant la crise, qui ont été mis à l’épreuve par la crise, devaient pouvoir se retrouver. Nous avons donc mis en place une procédure qui, enfin, fonctionne.
Ce que je peux vous dire c’est que nous sommes à 300 laissez-passer octroyés versus 80 qui ont été refusés. Les ordres de grandeur sont donc inférieurs à ce que vous dites en terme de non-autorisation. D’ores et déjà, il y a de belles histoires qui me reviennent par les réseaux sociaux de couples qui se sont retrouvés, qui parfois d’ailleurs se sont fiancés. Je précise que là, nous avons affaire à des couples qui ne sont pas mariés, qui ne sont pas pacsés, qui n’ont pas de lien juridique. Nous avons tenu à faire en sorte qu’ils puissent nous présenter un dossier en accréditant qu’il y avait une relation entre eux, qu’ils avaient pu voyager par le passé ensemble, qu’ils avaient pu avoir effectivement une relation suivie. Et déjà, le fait d’avoir ces 300 laissez-passer, je crois que c’est bien. Nous allons continuer. Il y a encore de nombreux dossiers qui sont en cours d’examen et j’espère que la plupart pourront effectivement se retrouver.
PB : Et s’ils devaient être refusés, les refus seront toujours motivés? C’est une de leurs demandes si j’ai bien compris…
JBL : Encore une fois, nous avons échangé de façon approfondie avec tous les services instructeurs. Quand il y a un refus, tout ça est très étayé. C’est vrai que nous ne donnons pas tous les éléments qui étayent, mais pour avoir discuté avec eux, je peux vous dire qu’ils prennent grand soin à l’examen des dossiers. Nous ne sommes pas là pour faire du mal. Nous essayons à chaque fois de trouver des solutions. Déjà, chaque dossier qui est résolu, je trouve, est une belle histoire, et nous allons continuer. Nous allons essayer d’en débloquer le maximum.
PB : Et seriez-vous d’accord pour avoir une réflexion sur certains des critères, tels que la rencontre sur le sol français ?
JBL : Pour l’instant, la procédure, elle vit. Elle vit quand même pas mal. Et je crois que, regardons aussi ce qui se fait ailleurs et ce qui ne se fait pas ailleurs. Nous avons déjà obtenu je crois un aménagement, une procédure. Faisons un retour d’expérience dans quelques semaines. Là, il y a finalement assez peu de recul. Les premiers laissez-passer ont dû être délivrés il y a 15 jours. Moi, je suis un fana de l’évaluation. Si l’évaluation montre qu’il faut ajuster des critères, on regardera. Mais déjà, donnons sa chance à ce produit là.
Conseillers des Français de l’étranger & élections
PB : Cette semaine, c’est la semaine de l’Assemblée des Français de l’étranger où vous avez assisté hier. Il s’agit de la dernière session avant les élections consulaires de 2021. Ces élections sont quand même très peu connues, même auprès des Français de l’étranger. Comment pensez-vous pouvoir augmenter leur notoriété ?
JBL : Il y a traditionnellement deux sessions par an, une en mars, une en octobre. Les élections consulaires ont dû être décalées d’un an puisque l’épidémie ne permettait pas qu’elles se tiennent. Nous attendons pour janvier un nouveau rapport du conseil scientifique qui doit être préalable à la convocation de ces élections. Pour l’instant, elles ont lieu fin mai, ensuite les conseillers de l’AFE auront lieu fin juin. Le site électoral serait clos par l’élection des sénateurs dont l’élection a été différée d’un an.
Nous rentrons dans une année où les Français de l’étranger vont être amenés à se prononcer, à choisir leurs représentants et c’est heureux. Il est important qu’effectivement, il y ait une bonne communication. Grâce à vous, je suis persuadé qu’ils vont en entendre parler. Mais, avec Laurence Haguenauer, la directrice des Français à l’étranger, nous avons également souhaité mettre en place une campagne de communication pour sensibiliser les Français, d’une part à l’importance de vote et aussi aux modalités d’exercice de ce vote, parce qu’ils vont pouvoir aussi voter par internet. Il faut savoir que c’est une modalité qui peut faciliter la participation au vote. Cela a représenté un important travail depuis plusieurs années de proposer à nouveau cette modalité. J’espère que les Français de l’étranger s’en empareront.
PB : Y aura-t-il une réflexion sur le rôle des conseillers consulaires ? Aujourd’hui, beaucoup ressentent qu’ils ne sont pas assez consultés, que souvent les décisions sont prises par l’administration, et que leur rôle n’est pas assez important…
JBL : Ecoutez, je suis le ministre qui a souhaité revaloriser le rôle des conseillers des Français à l’étranger. C’est le nouveau nom des conseillers consulaires, parce que nous avons voulu mettre fin à des amalgames. « Conseillers consulaires » peut porter à confusion par rapport justement aux services consulaires. Les conseillers des Français de l’étranger pourront, par exemple, à partir du prochain renouvellement, présider le conseil consulaire. Jusqu’à présent, c’était le chef de poste qui présidait. Ce sera donc donc dorénavant l’élu qui va présider et le chef de poste sera rapporteur général, pour préparer les dossiers, pour que les élus puissent ensuite se prononcer. Je trouve qu’il s’agit d’un beau symbole et je peux vous dire c’était quelque chose sur lequel je me suis un peu battu parce que, spontanément, ce n’était pas l’inclinaison de la maison. Mais je crois que tout le monde l’a bien compris et bien accepté désormais.
Par ailleurs, avec la loi engagement et proximité, nous avons fait en sorte que ces élus puissent avoir accès à de la formation, comme les élus locaux en France, qui leur sera proposée, lors des sessions de l’AFE ou de façon dématérialisée. Je crois qu’il y a eu beaucoup de progrès. Pour ma part, je souhaite également qu’ils soient intégrés dans les listes protocolaires, qu’ils soient véritablement reconnus pour ce qu’ils sont, des élus du suffrage universel des Français de l’étranger.
Je crois que là aussi du chemin a été parcouru depuis trois ans et nous le devons aussi au Président de la République qui est très attentif à ce que les Français de l’étranger soient reconnus pour ce qu’ils sont, une composante essentielle de la communauté nationale.
Retour des Français
JPP : La crise perdure. Est-ce que vous n’avez pas peur qu’il y ait éventuellement un retour massif de Français de l’étranger, hors Europe. Et êtes-vous prêt, à travers France Horizon, à les accueillir, s’il y avait vraiment une prolongation de cette crise ?
JBL : Certains Français ont dû revenir. Je pense à certains jeunes qui étaient en programmes-vacances-travail (PVT) en Australie, en Nouvelle-Zélande, certains expatriés dont les familles sont rentrées. Pour autant, je crois que la grande majorité de la communauté française est restée attachée à son lieu de résidence et nous avons tout fait pour que, justement, ils puissent être accompagnés dans ce cadre là.
Maintenant, il est vrai que les CCEF me faisaient état de certains entrepreneurs qui décidaient de rentrer, si je puis dire, à la maison. Naturellement, ils seront toujours la bienvenue pour entreprendre ici. Mais je crois que lorsqu’on s’est projeté à l’étranger, on a un ADN un peu particulier, et je pense que le goût du départ reviendra à nouveau assez vite. Les circonstances que nous vivons sont cependant exceptionnelles et nous pouvons comprendre que certains fassent ce choix là. Maintenant je veux assurer aux communautés françaises qu’on a été, on est et on sera à leurs côtés. Il n’y a pas d’ambiguïté de ce point de vue là.
3,5 millions de Français
JPP : Une dernière remarque technique pour finir. Vous savez qu’il y a, d’après l’Insee, 3,5 millions de Français dans le monde. Sur votre site internet, je crois que c’est la Direction de la communication et de la presse (DCP) qui gère ça, on annonce toujours 2,5 millions de Français dans le monde. Il y a un vrai problème de communication, les 1,8 millions d’immatriculés sont incontestables, les 3,5 millions de l’Insee sont incontestables aussi. Il faudrait peut-être que cela soit rectifié…
JBL : Nous allons vous organiser un rendez-vous avec la DCP…
JPP : Oh je les connais, ils ont beaucoup de mal à réagir…
JBL : Dans tous les cas, je crois que nous avons été réactifs pour notre part depuis le début. Vous savez, j’ai mis en place depuis le début de l’épidémie des conférences quasiment hebdomadaires avec les parlementaires des Français de l’étranger, avec le président de l’AFE. Nous avons aussi une boucle Whatsapp qui a été très active pour faciliter le retour des Français de passage qui étaient bloqués. Je crois que nous avons tous été, les services consulaires, en déconcentré, comme ici, sur le pont et nous continuerons.
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didier lachize
9 octobre 2020 at 6 h 24 min
jean Baptiste Lemoyne ignore juste que la CFE est un service public. Oserait il prétendre qu’en France l’Etat ne doit pas soutenir l’hopital public, car il y en a des privés en concurrence, ou l’école publique pour la même raison. Ce renversement de raisonnement relève du délire pathologique/idéologique de ce gouvernement: oui il est bien là pour casser tout ce qui relève du service public: contre exemple; puisque le CFE est en concurrence, alors la CFE va: exclure tout assuré au delà de 75 ans, refuser les adhésions au delà de 65 ans, tripler les primes pour les malades chroniques avant de les exclure, demander des questionnaires médicaux; déclarer force majeure en cas d’épidémie, supprimer la carte vitale; et ” mois sans assurance quand vous rentrerz en France…d’accord monsieur le Ministre?