Xavier Delestrade et sa compagne vivent au cœur de Manhattan. Le siège de sa société, spécialisée dans les compléments alimentaires pour chiens, est à deux pas de la bourse de New York, Wall Street. Et le Français décrit une ambiance pesante où il n’est question, en particulier dans les médias, que de l’élection du 3 novembre : “Des nouvelles qui seraient des détails dans un contexte normal prennent des proportions incroyables. Ils vont en parler toute la journée. Il y a une polarisation sidérante. Je regardais CNN pendant le Covid, et ils ne parlaient que de la présidentielle, on n’arrive pas à avoir d’autres nouvelles !”
Dans la rue, le ton des discussions a changé aussi, constate le Français. Depuis l’accession du magnat de l’immobilier et des affaires à la Maison Blanche, les propos et les comportements se sont radicalisés : “Trump a déverrouillé certaines choses qui existaient dans une frange de la population américaine. Il y a des relents racistes et agressifs ressortis à cause de son comportement : quand vous voyez quelqu’un à une fonction présidentielle se comporter d’une manière qui ne l’est pas du tout, forcément vous laissez cette partie de la population se permettre de faire et de dire des choses qu’elle n’aurait pas forcément faites en temps normal.”
Une société polarisée
Le couple n’est pas rentré en France à Noël dernier. La faute à une règle de l’administration US qui fait qu’un étranger de retour d’Europe n’est pas autorisé à rentrer aux États-Unis, sauf s’il est citoyen américain ou titulaire d’une carte verte : “C’est difficile à vivre, témoigne-t-il. On paie des impôts comme tout le monde, on emploie des Américains. Parfois, on a le sentiment d’être des citoyens de seconde zone. C’est désagréable dans un pays que j’aime beaucoup pour pas mal d’aspects. Ce côté-là laisse un goût aigre dans la bouche.”
New York, Pennsylvanie, Virginie… Xavier Delestrade sillonne le pays jusque dans ses États les plus reculés pour produire et distribuer ses boissons pour chiens. Ce qu’il observe, c’est que la société américaine s’est polarisée à l’approche de l’élection : “Si vous passez dans certains coins trumpistes avec des opinions démocrates, les gens vont s’en prendre à vous. Ce sont les thèmes républicains contre les démocrates, comme les émeutes récemment et les problèmes avec la police. C’est vraiment noir ou blanc, alors qu’on aimerait bien parfois des opinions mesurées et un peu plus grises.”
Cet antagonisme entre les deux camps prend quelquefois des tournures plus inattendues et, pour tout dire, risibles : “Aux États-Unis, les jardins sont complètement ouverts sur la rue et les habitants y affichent leurs opinions. Or, il y a des gens qui, en une nuit, ont enlevé et volé tous les panneaux Trump ou Biden dans certains quartiers !”
À New York, la présidentielle est dans toutes les discussions mais chacun sait ici que l’élection se fera surtout dans la dizaine de “swing states”, ces États indécis qui pourraient changer de camp.
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