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Emmanuel Langlois
19 octobre 2020

Covid-19, un alibi pour Victor Orbán en Hongrie?

Victor Orbán a choisi de fermer son pays à double-tour, officiellement face à la propagation du nouveau coronavirus. Mais beaucoup l'accusent d'en profiter pour s'isoler politiquement. Français à l'étranger en partenariat avec France info partage le témoignage de la conseillère des Français de l'étranger, Jeanne Dubard.

On ne passe plus ! Depuis le 1er septembre, la Hongrie a fermé ses frontières à tous les étrangers. Les Hongrois de retour d’un autre pays devront eux se soumettre à 14 jours d’isolement et fournir deux tests Covid négatifs pour rentrer chez eux. Mais il y a des exceptions, en particulier pour les voyageurs d’affaires, témoigne Jeanne Dubard. La Française vit à Budapest depuis les années 90. “La Hongrie ne souhaite pas s’arrêter complètement, elle a besoin que l’économie continue et fonctionne du mieux possible et que les gens puissent travailler.”

La communauté internationale accuse le Premier ministre Victor Orbán d’utiliser la pandémie comme un alibi pour un peu plus isoler politiquement son pays.

La justice européenne vient de condamner la Hongrie

Une condamnation pour avoir banni l’Université d’Europe centrale (CEU), contrainte de quitter Budapest l’an dernier pour l’Autriche. Jeanne Dubard relativise :“Tout le monde profite politiquement du Covid pour beaucoup de choses. De nombreux pays commencent à fermer et imposent une quarantaine. Orbán, je ne sais pas quel est son jeu, mais il n’a pas intérêt à s’enfermer, plutôt à faire attention car tout le monde l’observe et est sur ses gardes.”

Née à Dijon, diplômée en droit, Jeanne Dubard a commencé sa carrière dans un grand cabinet d’avocats à Chicago, aux États-Unis, avant d’être embauchée à Budapest par une compagnie d’audit américaine.

Grands investisseurs

Aujourd’hui retraitée, élue conseillère des Français de l’étranger, elle constate qu’ici aussi, beaucoup de professions sont exsangues : “La Hongrie refuse les touristes, on n’en n’a plus à Budapest, tous les restaurants sont un peu vides. Beaucoup de gens qui vivaient de ce secteur ne vont pas reprendre. C’est vraiment un pan de l’économie qui a extrêmement souffert”.“Dans le sanitaire ou l’informatique en revanche, ça a mieux résisté. Dans le marketing, les gens se sont arrêtés, il n’y a pas eu de dépenses, pas d’investissements” , ajoute la Française.

D’autant qu’en Hongrie, la pandémie est loin d’être terminée : “Le virus circule un peu partout dans le pays, alors qu’avant c’était plutôt uniquement dans Budapest. Le port du masque est strict dans les bars, les restaurants et les transports en commun car les amendes sont élevées. Il n’y avait pas de restriction mais ça commence.”

Les entreprises étrangères installées en Hongrie ont bénéficié, mais seulement jusqu’en septembre, de quelques aides du gouvernement : chômage partiel ou moratoire sur les remboursements de crédits et les charges. Les sociétés françaises ont fait le gros dos mais peu d’entre elles ont quitté le pays jusqu’à présent. “La reprise va être très lente. Il y a beaucoup de grands investisseurs en Hongrie. Ceux-là vont faire en sorte que ça reprenne et les entrepreneurs plus petits dont les clients sont des multinationales vont reprendre tout doucement” conclue Jeanne Dubard.

On évalue à 3 500 à 4 000 le nombre de Français présents en Hongrie, avec de grands groupes dans l’environnement, la banque, l’agroalimentaire, la distribution ou une filiale de Vinci qui construit une partie du métro de Budapest.

Lui écrire : jeanne.dubard@gmail.com

Aller plus loin

La Chambre de commerce et d’industrie France – Hongrie

L’UFE Hongrie (Union des Français de l’étranger)

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