Etudier et travailler
AEFE: “Financièrement et diplomatiquement, ce système ne peut pas se développer”
Tandis que les crédits relatifs à la diplomatie culturelle et d’influence seront débattus ce 29 octobre à l’Assemblée nationale, le député MoDem des Français établis à l’étranger, Frédéric Petit, rapporteur de ce programme, présente ses préconisations pour développer le réseau de l’enseignement français à l’étranger.
En plein débat autour du projet de loi de finances (PLF) pour 2021, le député des Français en Allemagne, en Europe centrale et aux Balkans, Frédéric Petit, a remis en octobre un rapport au sujet de la diplomatie culturelle et d’influence. En annexe de ce document, l’élu insiste tout particulièrement sur la nécessité de réformer l’organisation de l’Agence pour l’enseignement français à l’étranger (AEFE). Ces changements seraient, selon lui, nécessaires pour atteindre l’objectif de doublement des effectifs à l’horizon 2030 car l’AEFE souffrirait aujourd’hui de “deux problèmes structurels qui finiront tôt ou tard par bloquer le modèle actuel. L’un est organisationnel, le second est financier”.
D’après l’élu, le problème ne réside cependant pas dans un manque de budget. “Nous ne gérons pas un problème de pénurie sur ce programme, nous gérons plutôt un problème de mutation. Nous sommes le seul pays au monde qui mette un demi-milliard d’euros dans son système d’enseignement à l’étranger. Il faut s’interroger sur comment l’agence est organisée” déclare-t-il.
“S’adapter au 21ème siècle”
D’après Frédéric Petit, l’Agence aurait aujourd’hui besoin de s’adapter aux enjeux diplomatiques actuels. “Financièrement et diplomatiquement, ce système ne peut pas se développer. Le fait de développer des lycées dans des territoires étrangers, gérés totalement par l’Etat français, cela s’est fait à une certaine époque, mais dans la diplomatie multipolaire mondiale actuelle, cela peut ressembler à du “néocolonialisme””. Le député ajoute : “Je crois qu’au 21ème siècle, la diplomatie d’influence doit être beaucoup plus imbriquée et créer du partenariat avec les institutions locales. Quand je dis cela, je ne dis pas que je veux privatiser les établissements, je ne pose pas la question en ces termes là. L’AEFE devrait se réorganiser pour atteindre l’objectif de doublement du réseau, qui n’est pas un objectif surréaliste. Toutefois, cet objectif serait totalement irréaliste financièrement et diplomatiquement, selon moi, si l’on ne voulait développer que des établissements en gestion directe (EGD)”.
Dans ce contexte, Frédéric Petit souhaiterait créer au sein de l’AEFE une structure identifiable spécifiquement dédiée à la gestion des 70 EGD. En parallèle, l’élu préconise que l’AEFE se consacre plus amplement au développement de l’ensemble du réseau, en incluant davantage dans sa stratégie les 450 autres établissements en gestion locale, les établissements conventionnés et partenaires : “Il faudrait que l’AEFE, dont le premier travail stratégique a été d’harmoniser sa structure, identifie désormais ses trois métiers. Pour moi, le métier prioritaire, c’est le développement. Le second métier, c’est l’excellence éducative des 500 lycées et le troisième métier, c’est la gestion des 70 établissements en gestion directe (EGD). Ce que je propose, c’est que cette gestion de ces 70 EGD s’effectue dans une structure à part, qui soit isolable, et qui donnerait plus de pouvoir aux parents. Cette structure aurait son propre budget. Il faudrait une dizaine d’années pour ramener ce budget à l’équilibre”.
Des cadres déployés plus amplement hors des EGD
Le député préconise par ailleurs que les cadres de l’AEFE, majoritairement présents dans les EGD, soient davantage mobilisables dans les autres établissements pour développer le réseau. “Cette masse salariale est deux fois supérieure à la subvention, déclare-t-il. Ainsi, ces subventions bénéficient aux EGD, au dépens des autres. Là où c’est grave, et là où cela bloque le système, c’est que structurellement, aujourd’hui, ces EGD ne peuvent pas servir au développement”.
Frédéric Petit conclut : “Le budget de l’AEFE se creuse parce qu’il n’est pas organisé en fonction des priorités que le contribuable met dans ce réseau. Nos excellents 5000 enseignants et 1000 cadres pourraient plutôt servir à développer l’ensemble du réseau et à maintenir son excellence en fonction des différentes situations dans chaque région du monde, des niveaux économiques, et des priorités diplomatiques de la nation”.
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