Mi-octobre, Rémy Rioux a été auditionné par les sénateurs de la commission “affaires étrangères” dans le cadre de l’examen du projet de loi de finances pour 2021. Quelques jours plus tard, la première partie du texte (consacrée aux recettes de l’Etat) a été adoptée par les parlementaires. Le directeur général de l’AFD a ainsi eu l’occasion de répondre aux questions des sénateurs, notamment en ce qui concerne l’aide aux Français de l’étranger.
> La garantie d’Etat pour les entrepreneurs d’Afrique se fait attendre
Le 10 juillet, le projet de loi de finance rectificative actait que l’AFD pourrait bénéficier d’une garantie d’Etat de 160 millions d’euros pour venir en aide, notamment via sa filiale Proparco, au secteur privé africain, une mesure que Rémy Rioux défendait depuis plusieurs mois déjà. Pourtant, cette mesure n’est toujours pas mise en place, alors que Rémy Rioux admettait devant les sénateurs le 14 octobre qu’il espérait que le signature entre l’AFD et le ministère des finances pour entériner l’accord aurait lieu d’ici la fin du mois d’octobre.
> Mise en place de guichets bancaires
Le patron de l’Agence a tenu à souligner son intérêt pour les entrepreneurs français de l’étranger: “nous apportons toute notre attention aux entreprises et entrepreneurs français: ils contribuent au développement des pays, ils m’intéressent pour cela. Proparco connait bien l’Afrique, c’est pour cela qu’on commence par là. On va chercher pays par pays au moins un guichet bancaire vers lequel diriger nos compatriotes et les clients de Proparco”. Ainsi, les Français qui possèdent des entreprises en Afrique et qui n’ont pas accès aux dispositifs d’aide nationaux, notamment par BPI France, devraient pouvoir se tourner vers une banque partenaire de l’AFD qui pourrait traiter leur demande de prêt avec une partie de cette garantie, ce qui faciliterait donc le déblocage des financements.
> Une coalition financière internationale
Par ailleurs, l’AFD est en train de constituer une coalition financière internationale afin de soutenir les PME africaines. Selon Rémy Rioux, huit partenaires financiers ont pour l’instant été trouvés et ont été convaincus par l’AFD d’engager un montant global de 2,5 milliards d’euros dans cet objectif.
L’Agence organisera du 9 au 12 novembre le premier sommet mondial des banques publiques de développement (Finance in Common Summit) qui doit réunir (virtuellement) des représentants des 450 caisses de dépôts du monde, dont 95 en Afrique. Cet événement se tiendra en marge du Forum de Paris sur la Paix.
> Et le reste du monde ?
Lorsque plusieurs sénateurs l’ont interrogé sur le fait que cette garantie d’Etat ne s’applique qu’au seul continent africain, qui concentre la moitié des activités de l’AFD, Rémy Rioux a admis ne pas être le seul décisionnaire: “c’est une question légitime et politique. On a parfois moins de relation avec les réseaux bancaires dans des pays où on est moins actifs, et probablement que dans ces pays-là la communauté français est aussi moins présente. Je m’en remets au gouvernement et au parlement pour voir s’il y a d’autres étapes dans ce dispositif”.
Le projet de loi de finances 2021 prévoit un renforcement des fonds propres de l’AFD pour près d’un milliard d’euros de la part de l’Etat. En 2019, l’Agence avait engagé 14 milliards d’euros dans les projets qu’elle soutient. En 2020, ce chiffre devrait être légèrement en baisse pour atteindre 12 ou 13 milliards d’euros.