Actualités internationales
David Michel, un élu démocrate à contre-courant
Franco-américain, David Michel a été réélu début novembre au parlement de l’État du Connecticut. Portrait d’un « élu activiste » animé par un programme environnemental et de justice sociale.
Après avoir passé ses premières années en France, David Michel vit depuis plus de 30 ans aux Etats-Unis. Fils de la conseillère socialiste des Français de l’étranger, Annie Michel, il est l’un des rares Français à s’être lancé dans la politique américaine. Activiste environnemental, vêtu de chaussures à base de filets de pêches recyclés, David Michel était pourtant à l’origine, selon lui, un« anti-politique ». Ce défenseur des océans a néanmoins décidé, après plusieurs années de militantisme local, de rejoindre les rangs des démocrates américains. Il s’agissait, d’après lui, de son seul recours pour « combattre l’Etat, les agences gouvernementales et la ville, face aux problèmes environnementaux ».
Après avoir co-créé un groupe dénommé Réform Stamford, qui a remporté, en une élection, 8 sièges sur 40 au conseil municipale, David Michel s’est lancé dans sa première campagne législative en 2018. Cette bataille s’est surtout révélée être une lutte interne, contre « l’establishment » démocrate local : « Ils ne me contrôlent pas, je ne me mets pas dans les rangs, assure David Michel. L’establishment démocrate a tout fait pour me battre, mais j’ai malgré tout obtenu cette investiture en ralliant grâce à mon programme quatre délégués sur sept. Je crois que c’était une campagne historique parce que nous avons réussi à faire venir plus de personnes dans les bureaux de vote qu’il n’y en avait jamais eu dans le district pour des primaires ».
Au Connecticut, la protection des baleines
L’environnement reste le fer de lance du programme de David Michel. Proche du militant écologiste canadien Paul Watson, il avait, quelques années auparavant, milité au sein de sa fondation, la Sea Shepherd Conservation Society, contre le massacre des dauphins au Japon. Aujourd’hui, dans son fief de Stamford, c’est pour la protection des baleines franches de l’Atlantique nord qu’il bataille. Celles-ci seraient, selon lui, menacées par la construction des méga-projets de parcs éoliens offshore, initialement pilotés par le géant de l’énergie danois Ørsted et secondés par Vineyard Wind.
David Michel explique son combat pour les baleines : «Les baleines, comme les baleines franches de l’Atlantique nord, peuvent représenter entre 7 000 à 10 000 arbres en absorption d’émission de carbone grâce au phytoplancton, les forets marines responsables de l’absorption initiale du carbone, qu’elles mangent. En outre, quand une baleine se nourrit, elle laisse une trainée pleine de nutriments qui nourrit ce même phytoplancton. Les mouvements de la baleine amènent ensuite le phytoplancton à la surface qui lui permet après de se multiplier. Cela fait de nos amies les baleines, les jardinières des océans… Et le phytoplancton est responsable de 60 à 80% de l’oxygène dans l’air que l’on respire. Le phytoplancton est aussi la nourriture pour le zooplancton, pour les poissons et les crustacés. Donc si nous perdons la baleine, nous perdons une grosse quantité de phytoplancton, nous perdons les poissons, nous perdons tout. Si nous perdons nos baleines, nous attaquons notre écosystème marin et nous perdons notre première ligne de protection contre le changement climatique. Les régulateurs climatiques sont les océans. Aux Nations Unies, je n’entends que rarement parler des océans, c’est un gros problème. C’est bien de vouloir attaquer tout ce qui produit du carbone, mais il faut aussi protéger ce qui nous protège. Personne n’en parle comme ça parce qu’il y a probablement trop de profit à faire dans les océans ».
Or, dans ce projet d’éoliennes offshore du Connecticut, le principal problème réside, selon lui, dans la phase de construction. Les entreprises martèlent des pylônes d’acier dans le fond marin, meurtrières pour ces baleines. «Il existe une technique silencieuse, seulement 1% plus chère, en construisant des cloches en béton. Celle-ci est d’autant plus avantageuse qu’elle atténue le bruit pendant le fonctionnement des turbines, assure David Michel. En plus, cela créerait, 30 fois plus d’emplois locaux ».
Mais sa bataille semble encore vaine pour le moment. Si David Michel a obtenu la création d’une commission parlementaire pour évaluer les normes environnementales des projets d’éolienne offshore, son rôle demeure uniquement consultatif. Néanmoins, son discours se répand, en particulier auprès des grandes organisations environnementales américaines et des diverses agences étatiques pour l’énergie. L’élu espère en outre attirer l’attention du cabinet de la très populaire députée du Bronx, Alexandria Ocasio-Cortez, qui, elle aussi, fait face dans sa circonscription à son propre méga-projet d’éoliennes offshore.
Les multinationales dans le viseur
En parallèle de son combat pour les baleines, David Michel assure qu’il a déposé quelques 28 projets de loi depuis le début de son mandat et avoir mené une multitude de batailles contre les multinationales : face au géant BLT et son méga-programme de construction d’immeubles en polystyrène dénommé “Harbour Point”, face aux opérateurs mobiles en réclamant davantage de recherches sur l’impact pour la santé du déploiement de la 5G, et bientôt face aux assureurs pour l’adoption du”tiers-payant”…« Nous avons nos chances sauf que nous sommes dans l’Etat qui est la capitale des assurances. Leur lobby ici est très très puissant. Cela va être une grosse bataille » déclare l’élu franco-américain.
« Corporate democrate, il faut que ça s’arrête »
A l’échelle nationale, la leçon à tirer de la faible victoire de Joe Biden face à Donald Trump début novembre résiderait, pour David Michel, dans le fait que la parti démocrate aurait oublié ses racines de gauche : « Les démocrates continuent de porter des candidats qui ne représentent pas le peuple. Bernie Sanders aurait eu un score plus important d’après moi avec les voix de tous les modérés et des non-modérés démocrates. Certains ne sont pas allés voter chez les démocrates. Le Comité national démocrate doit se débarasser de ses « corporate démocrates ». Biden et Harris, sont plus favorables aux affaires qu’au peuple, mais comme ils sont démocrates, ils viennent automatiquement avec l’étiquette en faveur du peuple. Les « corporate démocrate », il faut que ça s’arrête. C’est la fin du parti démocrate autrement ».
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