Dans un monde ouvert et qui s’accélère, la question de l’employabilité ne peut s’appréhender en dehors du champ de l’éducation et de la formation. Maintenir ses compétences professionnelles ou en acquérir de nouvelles nécessite que tout individu puisse apprendre tout au long de sa vie. En tant que premier opérateur de la formation à distance, le CNED est un acteur majeur de l’insertion professionnelle. « Sur nos 30 000 inscrits à l’international, plus de 20% sont issus des pays de la zone européenne, se félicite Michel Reverchon-Billot, directeur général du CNED. Les formations s’adressent à tous les publics, qu’ils résident en France ou à l’étranger, quelle que soit leur nationalité. » Elles leur offrent la possibilité de suivre à distance, et en ligne, un enseignement scolaire ou supérieur français ainsi que des formations initiales ou professionnelles. Les apprenants ont accès à une plateforme d’apprentissage entièrement en ligne, qui leur permet de se former où et quand ils le souhaitent et à leur rythme tout en bénéficiant d’un accompagnement et d’un suivi permanents. La spécificité des publics, la nécessité d’inventer de nouveaux modes d’échanges, plus flexibles, en s’emparant des opportunités offertes par les évolutions technologiques, voilà les enjeux de demain.
Coopération européenne
Le CNED a fêté ses 80 ans l’année dernière. Il assure donc le service public de l’enseignement à distance et offre, à tous ceux qui le souhaitent, quel que soit leur âge ou leur situation, un large choix de formations, aussi bien dans le cadre de la reprise d’études, que de la formation professionnelle ou de la préparation à toutes sortes de concours (fonction publique, enseignants). L’enjeu pour le CNED, c’est de mettre en avant son expertise, et particulièrement sa capacité à former à distance en très grand nombre et à une échelle industrielle, pour accompagner les politiques publiques tant au niveau national qu’au niveau européen. « Enfin, ajoute M. Reverchon-Billot, notre établissement (installé près de Poitiers, à proximité du Futuroscope, ndlr) participe activement à la coopération européenne pour le développement de l’apprentissage à distance et du numérique dans l’éducation. Il apporte sa vision, son expérience et ses réflexions sur les mutations et changements de paradigmes qui “disruptent” le monde de l’éducation et de la formation : hybridation, recours à intelligence artificielle, empreinte mémorielle, ingénierie de formation digitalisée ou hybridée… »
Continuité pédagogique
La crise sanitaire n’a pas particulièrement changé la manière de travailler du CNED. Elle a peut-être simplement accéléré certaines inflexions, notamment d’ordre technologiques. Elle a surtout changé de manière durable le regard porté sur l’éducation et la formation à distance. « Elle nous a valu de nombreuses sollicitations, demandes d’échanges et de conseils de la part des acteurs de la formation et de l’éducation qui subitement ont dû revoir leurs modèles, souligne M. Reverchon-Billot. Cette période a démontré l’extraordinaire réactivité du CNED qui en quelques jours a pu mobiliser ses expertises et ses ressources pour mettre en place, en France mais aussi au profit des établissements francophones à l’international, des dispositifs de continuité pédagogique dont la plateforme “Ma classe à la Maison”, utilisée pendant tout le confinement par plus de 2,5 millions d’élèves et enseignants. » Sur les pays d’origine des inscrits pendant le confinement, alors que traditionnellement le CNED enregistre de forts taux d’emprise en Afrique, les sollicitations ont été plus nombreuses en provenance des pays où le Covid était le plus prégnant : Asie, Amériques et pays d’Europe. Les cours en ligne plébiscités pendant cette période sont surtout les formations courtes en langues. Beaucoup de salariés en inactivité ont en effet profité de ce temps contraint de confinement pour accroître leurs compétences professionnelles sur ce champ.
Modèles d’hybridation
« Pendant le confinement, et même davantage immédiatement après, nous avons enregistré des pics d’inscriptions sur nos formations professionnelles certifiantes, témoigne M. Reverchon-Billot. Il s’agit là peut-être d’un signe que certains ont profité de ce confinement pour réinterroger leur avenir professionnel et envisager des reconversions… » Car le confinement, parce qu’il a induit la fermeture de tous les lieux de formations en présence (écoles, établissements d’enseignement supérieur, centres de formation d’apprentis, organismes de formation…) a bien évidemment conduit à mettre la FOAD (formation à distance) au cœur des dispositifs de continuité pédagogique. Mais au-delà de la simple formation à distance, ce que le CNED a mis en avant, ce sont surtout les modèles d’hybridation qui combinent formation à distance, synchrone ou asynchrone, et des accompagnements ou remédiations en synchrone lorsque apprenants et formateurs échangent en direct. « Au CNED, nous croyons beaucoup à ces modèles d’hybridation, et ce bien avant la crise sanitaire. Et nous sommes persuadés qu’ils seront un nouveau paradigme qui va durablement bousculer les modèles d’apprentissage et d’enseignement », conclut M. Reverchon-Billot. Quant aux conseils adressés aux candidats à la mobilité internationale, ce sont les mêmes que ceux qu’il donne à tous ses apprenants : faire preuve d’ouverture et d’optimisme ; être réactif et agile ; constamment se former pour être toujours performant ; innover et partir à la conquête du monde… Appréhender également la dimension culturelle et les spécificités sociales des pays vers lesquels on souhaite s’expatrier « car un projet de mobilité c’est d’abord une expérience d’interactions avec d’autres cultures, la capacité à apprendre et à s’enrichir de l’autre. Et bien sûr se perfectionner ou apprendre de nouvelles langues avec le CNED », souligne M. Reverchon-Billot.
> Trois enjeux majeurs
Empreinte mémorielle, hybridation des dispositifs, blockchain… La politique d’innovation du CNED s’inscrit à la fois dans une vision prospective et en adéquation avec les axes stratégiques de l’établissement. C’est en ce sens que l’opérateur s’engage sur différents projets et défis innovants selon trois enjeux majeurs.
Le premier est de favoriser les apprentissages en tenant compte de la diversité des apprenants. Le CNED mène actuellement une réflexion autour des techniques d’empreinte mémorielle. Cette méthode liée à l’apprentissage adaptatif, permet de personnaliser un parcours de formation en fonction du mode et du rythme d’apprentissage de chaque apprenant. Pour cela, elle utilise les traces d’apprentissages conjointement aux algorithmes et aux sciences cognitives. Le CNED construit également des dispositifs en hybridation favorisés par l’usage des outils numériques notamment mobiles. Ainsi, dans le cadre de la réforme du lycée, est offert aux élèves de terminale l’accès aux contenus via une application qui propose également des fonctionnalités de création et de partage. Enfin, les projets innovants doivent favoriser un positionnement leader dans le domaine du e-learning par une démarche d’amélioration technico-pédagogique des formations. Le CNED déploie par exemple de nouveaux outils autonomes pour la préparation aux épreuves orales et réfléchit aux usages de la blockchain dans le cadre de la certification.