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Français du Canada : Jean-Baptiste Lemoyne et Roland Lescure répondent à vos questions 1/5

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Français à l’étranger a organisé à la fin de l’année dernière une réunion publique virtuelle destiné aux Français du Canada. Pour répondre à leurs questions, un ministre et un député. Jean-Baptiste Lemoyne, Secrétaire d’État auprès du ministre de l’Europe et des Affaires étrangères, chargé du Tourisme, des Français de l’étranger et de la Francophonie, s’était prêté au jeu, tout comme Roland Lescure, élu de la première circonscription des Français de l’étranger (Amérique du Nord), également président de la commission des Affaires économiques. Devant le succès de ces échanges, en particulier sur les réseaux sociaux, Français à l’étranger publie toute le semaine un best of de cette heure de dialogue direct.

Premier épisode, sur les mesures pour accompagner les entrepreneurs et l’usage du français.

Yann, 33 ans, Ottawa

Yann : On peut compter partout dans le monde sur un tissu exceptionnel de Français entrepreneurs, innovateurs. Ils font briller le savoir-faire français et vivre les échanges commerciaux entre la France et le reste du monde. Je pense aux entrepreneurs, créateurs d’entreprises, à la communauté d’affaires dans les chambres de commerce et dans les technologies françaises. Des mesures sont-elles prévues pour l’accompagnement de ces entrepreneurs et de cette communauté d’affaires des Français à l’étranger, par exemple dans le cadre du plan de relance?

Jean-Baptiste Lemoyne : Nous avons mis en place dans le cadre du plan de relance, avec Franck Riester (chargé du Commerce extérieur et de l’Attractivité, Ndlr), un dispositif visant à favoriser l’exportation, donc plutôt pour des entreprises françaises basées en France. Elles pourront avoir recours à des prestations de sociétés de services que peuvent avoir des Français au Canada par exemple, pour les aider à être présents dans des salons, dans des démarches prospectives commerciales. Depuis le 1er octobre nous avons mis en place le chèque Relance Export qui permet d’éponger 50% de ces frais. Cela pourra aider des Français établis au Canada qui font de la prestation pour des entreprises souhaitant pénétrer sur le marché canadien. Il y a beaucoup d’opportunités en vue de l’entrée en vigueur provisoire de cet accord d’échange économique et global entre le Canada et l’Union européenne (le CETA). De nombreux débouchés s’ouvrent et il y a une très forte dynamique des échanges au profit de la France.
Nous mettons par ailleurs en place un chèque pour les Volontaires internationaux en entreprise (V.I.E), qui sont les cadres de l’exportation de demain. Nous voulons que les entreprises françaises basées au Canada puissent continuer à avoir recours à ces V.I.E, nous mettons donc en place une somme de 5 000 euros pour les PME qui veulent en embaucher. Ça va permettre de soutenir ce tissu entrepreneurial au Canada.

Roland Lescure : Il faut ajouter que le gouvernement français a aidé les Français à l’étranger comme aucun gouvernement au monde ne l’a fait. Nous avons rapatrié plus de 300 000 Français de passage qui étaient bloqués, contre moins de 200 000 américains pour les Etats-Unis il y a encore quelques semaines. Nous avons aussi aidé des lycées et des entreprises françaises. Aucune communauté dans le monde n’est autant aidée. Les Français par contre ne se serrent pas assez les coudes ensemble, comme le font les communautés italiennes, grecques, espagnoles ou ukrainiennes qui sont très présentes au Canada. Je les invite à plus travailler ensemble dans ces moments difficiles.

Jean-François, Montréal

Jean-François : J’habite depuis quatre ans à Montréal. Étant traducteur pour une entreprise de jeux vidéo, je suis très sensible à la question de la francophonie. Quelles sont les propositions pour que le français soit plus présent et ait plus d’influence au niveau des instances internationales et dans le monde des affaires ?

J.-B. L. : La langue française est un joyau, mais c’est aussi un formidable outil de liberté. Grâce au français vous pouvez travailler ou étudier sur les cinq continents. Nous devons continuer à défendre la place de cette langue car rien n’est acquis, l’anglais est d’ailleurs devenu le nouvel esperanto avec lequel il faut composer. Pour reprendre une expression de Louise Mushikiwabo, secrétaire générale de la francophonie, il faut « faire reculer le recul ». On l’a vu dans l’Union européenne où en quinze-vingt ans, le français a reculé, il y a de moins en moins de traduction de documents.
Régulièrement, notre ambassadeur fait quelques coups d’éclat en quittant les réunions quand les documents ne sont pas disponibles en français. Face à cela, le Président souhaite un réengagement massif. On triple les formations de fonctionnaires internationaux à Bruxelles au sein de l’Union européenne. Avec Louise Mushikiwabo, nous voulons porter un plan pour mieux diffuser la langue française dans les institutions internationales.
Dans certaines provinces au Canada, la langue française doit se battre pour garder sa place, comme dans l’Ontario où le fait francophone est très minoritaire. Le président de la République a ainsi souhaité qu’on double le nombre d’élèves dans les écoles françaises à l’étranger pour avoir plus de rayonnement. Aujourd’hui ils sont 370 000 à être scolarisés dans ces établissements, l’idée c’est d’aller à 700 000 dans les dix ans.

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