Français à l’étranger a organisé à la fin de l’année dernière une réunion publique virtuelle destiné aux Français du Canada. Pour répondre à leurs questions, un ministre et un député. Jean-Baptiste Lemoyne, Secrétaire d’État auprès du ministre de l’Europe et des Affaires étrangères, chargé du Tourisme, des Français de l’étranger et de la Francophonie, s’était prêté au jeu, tout comme Roland Lescure, élu de la première circonscription des Français de l’étranger (Amérique du Nord), également président de la commission des Affaires économiques. Devant le succès de ces échanges, en particulier sur les réseaux sociaux, Français à l’étranger publie toute le semaine un best of de cette heure de dialogue direct.
Dernier épisode, sur le lien entre les jeunes et la France, et le rôle des conseillers consulaires.
Lydie, Montréal
Lydie : Ma question est en rapport avec les jeunes Français scolarisés ou non dans le système français à l’étranger. Quelles sont les mesures mises en place pour que les jeunes se sentent connectés avec la France ?
J.-B. L. : Cet enseignement français à l’étranger est unique. Ce n’est pas juste la transmission de savoirs, c’est également la transmission de valeurs, ce qui le distingue de l’enseignement anglo-saxon, auquel on fait confiance, mais où il n’y a pas ce ciment et cette notion d’appartenance à un réseau structuré, à un type d’enseignement, à des valeurs.
J’ai pu le mesurer en échangeant avec des élèves du lycée Claudel d’Ottawa ou de Marie-de-France à Montréal. Ils ont pu travailler ensemble sur un certain nombre de problématiques dans le cadre de la Semaine des lycées français du monde, et nous avons eu cette discussion sur l’appartenance. Je crois que l’intérêt de ces lycées français est d’éveiller à l’esprit critique, d’enseigner les valeurs humanistes, ce qui est éminemment français. En ce sens, le fonctionnement même de cet enseignement français à l’étranger fait que ces lycées sont partie prenante de la France.
R. L. : J’ai trois enfants qui étaient à Stanislas à Montréal, donc je ressens bien ce double, triple et parfois quadruple sentiment d’appartenance. C’est-à-dire que quand vous êtes dans un lycée français, que vous soyez Français ou pas – à Stanislas il y a plus de 50 nationalités –, vous vous sentez quand même un peu Français. Ce sentiment d’appartenance est créé certes par l’enseignement, mais aussi par tout ce qu’il y a autour, les valeurs, la proximité, la relation avec la France, y compris dans les moments difficiles.
Frédéric, Montréal
Frédéric : Quel est le rôle des conseillers consulaires et leur relations avec le gouvernement français et les députés ? Quelles seront les modalités du vote pour les élire prochainement, le vote par internet sera-t-il autorisé ?
J.-B. L. : Le rôle des conseillers est très important car les Français établis hors de France sont représentés à tous les niveaux. Au Parlement il y a des députés des Français de l’étranger, et justement Roland Lescure représente les Français d’Amérique du Nord. Ils sont représentés au Sénat également, et au gouvernement le président de la République a souhaité qu’un secrétaire d’État soit dédié également aux Français de l’étranger, c’est votre serviteur qui le fait avec joie et enthousiasme. En complément de tout cela il est très important d’avoir les élus locaux. En France nous votons pour avoir nos conseillers municipaux, nos maires… Hors de France, les communautés françaises peuvent désigner leurs conseillers des Français de l’étranger. Je veux leur rendre hommage car ils se donnent beaucoup de mal, se mettent en quatre pour essayer d’aider et d’accompagner les français.
Au mois de mai prochain, les Français auront à désigner leur conseiller. Le vote a été décalé d’un an, initialement ce devait être en mai dernier, mais nous étions en pleine pandémie, donc le Parlement a voté le décalage.
J’ai tenu à ce que ces conseillers des Français de l’étranger aient un rôle toujours plus important car ils sont l’incarnation de la démocratie, et elle s’applique dans tous les pays hors de France. Par exemple, ils vont présider le Conseil consulaire qui les réunit avec le consul général et son représentant. Auparavant c’était l’administration qui assurait la présidence et l’animation de ce conseil. J’ai souhaité qu’on mette en place un binôme, un président qui soit issu des élus et un rapporteur général qui représente l’administration.
Le vote par internet sera effectivement possible et c’est formidable pour inciter à la participation, car souvent il y en a trop peu à ces élections. Nous avons vu des taux de participation de parfois 15 ou 20%, on ne peut pas s’en satisfaire, et le vote par internet pourra faciliter les choses. Nous avons naturellement tout vérifié en lien avec l’Assemblée des Français à l’étranger, le système a été fiabilisé, il n’y a pas de craintes à avoir de ce point de vue. Tout est anonyme naturellement et il n’y a pas de risques de détournement de ce scrutin.
R. L. : Inscrivez-vous sur les listes électorales, votez ! Nous disions tout à l’heure que les Français étaient peut être insuffisamment grégaires et les conseillers des Français à l’étranger peuvent aider à faire du lien, vous représenter auprès des autorités locales, aider pour les problèmes de permis, etc. Il faut s’inscrire sur les listes électorales, il faut vous présenter et il faut voter… par internet.
Contact Roland Lescure : roland.lescure@assembleenationale.fr