Qui sont les Français de l’étranger ? Où vont-ils ? La Direction générale du Trésor en collaboration avec l’OCDE vient de publier une étude sur la question. Elle estime à deux millions le nombre de Français à s’expatrier. Ils sont en réalité 3,5 millions à être aujourd’hui établis à l’étranger. Si ce chiffre est en constante augmentation depuis plusieurs décennies, les taux d’émigration observés pour la France restent néanmoins parmi les plus faibles de l’OCDE.
Quelles sont les destinations privilégiées par les Français ?
Selon cette étude, 85% de l’émigration française se fait vers d’autres pays de l’OCDE (soit 1,73 million de personnes). Particulièrement vers l’Allemagne, le Royaume-Uni, l’Espagne et la Belgique, qui représentent chacun environ 10 % des départs en 2018. Viennent ensuite le Canada et le Japon, comptant pour environ 5 % des départs, et un peu plus loin les États-Unis, avec environ 4 % des départs. Malgré ce faible taux de départ, les Etats-Unis restent la première terre d’accueil des Français avec près de 200 000 Français établis sur leur territoire.
L’étude souligne une augmentation du taux d’émigration observé depuis quelques années ( + 0,5% par an depuis 2001 ). Malgré cette légère hausse, ce taux demeure néanmoins un des plus faibles de l’OCDE avec 2,7% en 2017. Soit deux fois plus faible que celui du Royaume-Uni ou de la Suisse et jusqu’à six fois plus bas que les taux d’émigration du Portugal ou de l’Irlande. « Ce résultat peut dénoter une moindre fuite des cerveaux depuis la France. Cependant (…), il peut aussi refléter une moindre insertion des jeunes diplômés français dans le marché mondial du travail et une mobilité internationale réduite des salariés français d’entreprises multinationales », explique l’étude.
Qui sont ces Français qui vivent à l’étranger ?
Le niveau d’éducation est un facteur qui entre en jeu lorsqu’il s’agit d’émigration. Près de 6 % des personnes nées en France et diplômées du supérieur résidaient dans un autre pays de l’OCDE en 2015-2016, contre 2 % pour les personnes les moins éduquées. Ce sont donc les Français les plus diplômés qui franchissent le plus les frontières. Ambition professionnelle et bonnes qualifications remplissent alors des conditions favorables à l’expatriation. Deux facteurs qui permettent aux Français d’avoir une bonne situation professionnelle, avec un taux d’emploi de 72% contre 64% pour les personnes nées en France et n’ayant pas émigrées. Les professions exercées sont elles aussi de bon niveau. 40% des Français établis en Allemagne ou au Canada et 35% de ceux qui sont installés au Royaume-uni exercent une profession « intellectuelle ou scientifique ». Cette proportion est de 17% pour les natifs restés en France.
Les expatriés français ont en moyenne entre 25 et 64 ans. Les tranches d’âge actif sont donc surreprésentées parmi les émigrés français, au détriment des tranches plus jeunes et plus âgées de la population. « Certains pays de destination se distinguent cependant par une plus forte présence de jeunes immigrés, comme l’Irlande, qui comptait 21 % d’expatriés français âgés de 15 à 24 ans en 2015-2016, ou le Royaume-Uni (19 %) », précise l’étude. « À cet égard, bien que le phénomène reste relativement faible en comparaison internationale, la mobilité des étudiants français a progressé sur la période récente, essentiellement au profit de destinations géographiquement et culturellement proches (Europe, pays francophones) ». Effectivement, les étudiants sont aujourd’hui 90 000 à avoir fait le choix de partie étudier hors des frontières contre 75 000 en 2013.
L’avenir de l’expatriation française
Les choix des étudiants quant à leur destination d’études sont d’ailleurs aujourd’hui regardés de près. Ils permettent en effet de donner une idée des tendances futures de l’émigration. En 2017, les dix premiers pays de destination des étudiants français étaient le Canada, le Royaume-Uni, la Belgique et la Suisse. Cependant, l’incertitude liée au contexte sanitaire ainsi que les restrictions de voyage sont susceptibles d’altérer le choix de leurs destinations. La détérioration de la situation financières des Français pourrait aussi les obliger à revoir leur projet d’expatriation.