fbpx


Emmanuel Langlois
1 février 2021

Français du monde. Covid-19 : Taïwan, l'élève modèle

L'île du sud de la Chine affiche rien de moins que le plus faible nombre de cas de Covid-19 au monde ! C'est que les autorités, éclairées par l'expérience du SRAS, ont réagi dès les premiers signes de la pandémie, comme en témoigne cet enseignant-chercheur français de Taiwan.

Des restaurants, salles de sport, de concert ou des théâtre ouverts tous les soirs. Ni couvre-feu ni confinement. Dans les rues de Taïwan, c’est un peu la vie d’avant l’épidémie. Seule différence : le port du masque est obligatoire, et encore, que depuis le 1er décembre, dans tous les lieux publics, mais ni dans la rue ni au restaurant.

Chacun se plie volontiers à ces règles

Si on ne respecte pas cela, il y a une amende de 500 euros, témoigne Vincent Rollet, enseignant-chercheur français à l’université de Wenzao, dans le sud de l’île. Les gens suivent cette règle à la lettre, et il y a très souvent une personne mandatée pour vous rappeler de manière très polie de porter le masque.” 

Frapper vite et frapper fort

Ici, le gouvernement a verrouillé les frontières de l’île, tant par avion que par bateau, dès les premiers signes du Covid-19 au début de l’année dernière : 

Taïwan a commencé à fermer ses portes aux non-résidents peu après l’apparition de la pandémie fin janvier, au lendemain de la prise de décision de Pékin de confiner la population à Wuhan. Depuis, les autorités taïwanaises exercent un contrôle étroit sur ces frontières. Vincent Rollet, enseignant-chercheur à Taïwan

Bonne gestion des masques, quatorzaine ciblée, implication de la société civile, absence de confinement généralisé ou de couvre-feu : stratégie gagnante puisque Taïwan annonce 800 cas, presque tous importés, depuis le début de l’épidémie et sept décès pour une population de 23 millions d’habitants. Car les mesures ici ne font pas débat : selon les sondages, 70 à 75% de la population sont satisfaits par la réponse du gouvernement.

Une croissance insolente

Comme une bonne partie de l’Asie, l’île s’est aussi nourrie de l’expérience du SRAS en 2003 : 

Les autorités ont renforcé leurs capacités antiépidémiques, leur réseau de suivi et de surveillance des maladies infectieuses. La population était en quelque sorte préparée à l’éventualité d’une nouvelle épidémie. Vincent Rollet

Depuis le 1er janvier, les non-résidents n’ont plus l’autorisation d’entrer sur le territoire. Les rares étrangers qui ont encore accès à Taïwan, les humanitaires notamment, doivent se soumettre à leur entrée à une stricte quatorzaine au domicile, dans une chambre isolée, ou à l’hôtel, sans pouvoir sortir, géolocalisés à tout instant, grâce à la carte SIM temporaire qu’on leur remet à leur arrivée pour leur téléphone portable.

Une victoire diplomatique sur la Chine

Il faut dire que pour Taïwan, ennemie jurée de la Chine, car considérée par Pékin comme une province rebelle, appelée à revenir dans son giron, réussir à endiguer le Covid-19 est aussi une victoire diplomatique, explique Vincent Rollet : 

“Depuis les années 70 et l’entrée de la Chine dans l’OMS, Taïwan a été totalement exclue jusqu’à aujourd’hui, ce qui fait dire qu’il serait justement temps pour l’OMS de reconnaître l’urgence et l’importance pour la santé mondiale d’accueillir Taiwan en tant que membre de cette institution.” 

Conséquence de l’absence de confinement, l’économie du pays n’a pas connu de récession et le PIB affiche pour 2020 une insolente croissance de 2,5%. La consommation a notamment été encouragée par des bons d’achat émis par le gouvernement et distribués à toute la population pour être dépensés dans les commerces locaux.

Lui écrire : vincent.rollet59@gmail.com

Aller plus loin

“Politique étrangère de Taiwan et lutte contre les maladies transmissibles”: le livre de Vincent Rollet aux éditions L’Harmattan

Wenzao Ursuline University, Kaohsiung, Taiwan 文藻外語大學

Jean Monnet Module on Environmental Health

French Centre for Research on Contemporary China (CEFC)法國現代中國研究中心台北分部  

Asian Health Literacy Association (AHLA) 

Son blog

share Partager

Portrait de la semaine

FranceInfo, Français du monde. « Détroit : un système D à toute épreuve »

Après la faillite de 2013, délaissés par les services publics, les habitants de la plus grande ville du Michigan n’ont pas attendu pour s’en sortir. Potagers participatifs, collectifs artistiques et écologiques, les citoyens ont pris leur destin en main, comme en témoignent ces deux Françaises de Détroit.

Portrait de la semaine

FranceInfo, Français du monde : « Il fait rayonner l’art de la ferronnerie à la française au Vietnam »

Installé là-bas depuis maintenant 14 ans, fils de ferronnier et ferronnier lui-même, Sébastien Sicot a créé à Ho Chi Minh Ville un « atelier-école » en ferronnerie d'art. Son savoir-faire et son style français font de lui un artisan unique en Asie du Sud-Est.

Portrait de la semaine

FranceInfo, Français du monde : « En Pologne, une économie chauffée à blanc »

Avec un chômage au plus bas, mais aussi une inflation galopante, la Pologne attire de nombreux talents internationaux. Des places à prendre dans des domaines aussi pointus que les nouvelles technologies ou les finances.

Portrait de la semaine

FranceInfo, Français du monde. « Tourisme : les Philippines se tournent vers le développement durable »

Destination particulièrement prisée en Asie du Sud-Est pour ses spots de plongée sous-marine, le pays prend conscience de l’urgence de protéger son environnement en évitant le surtourisme, comme l’explique cette Française installée aux Philippines.

Portrait de la semaine

FranceInfo, Français du monde. « Croatie : bilan mi-figue mi-raisin, près de 18 mois après le passage à l'euro »

Le pays d’Europe de l’Est promet de battre, cet été encore, de nouveaux records en nombre de touristes. Selon le gouvernement, cette forte affluence est principalement due à l'introduction de l'euro. Mais pour les locaux, les prix ont augmenté, comme l’explique cette Française installée en Croatie.