Des plages noires de monde à Ipanema, Leblon ou Copacabana, sans masque ni distanciation sociale, des terrasses bondées en ville. On pourrait croire que le Covid-19 a totalement épargné Rio de Janeiro. Mais il n’en est rien, soupire Axel Lahaye, hôtelier sur les hauteurs de la ville :
“Il y a ceux qui respectent un peu les règles et se méfient beaucoup du Covid, et d’autres qui vont avaler les bêtises du président Bolsonaro et qui continuent à vivre comme si de rien n’était.”
Le Brésil est le deuxième pays le plus endeuillé au monde après les États-Unis
Un couvre-feu a bien été mis en place à Rio, avec fermeture des bars à 20 heures, mais il n’est pas toujours respecté. Certains établissements restent carrément ouverts. Le Brésil est un pays fédéral et les États ont plus de pouvoir et d’autonomie que les régions françaises par exemple.
Le président d’extrême-droite menace de coupes budgétaires ceux qui prennent des mesures de confinement ou de couvre-feu.
“Le nouveau maire de Rio n’est pas du même bord politique mais il ne cherche pas la confrontation avec Bolsonaro, témoigne Axel Lahaye. En mars-avril, il y a eu une guéguerre dans tout le pays entre les différentes instances politiques au niveau de la ville ou de l’État. Personne n’était d’accord et menait une politique à sa guise, et différente de l’autorité supérieure.”
Des vaccins au point mort
Résultat : une cacophonie permanente et de plus en plus d’habitants sont dans le déni de la pandémie, regrette le Français :
“Tous les fanatiques supporteurs de Bolsonaro ne prennent pas en compte tous les avis pour se protéger du virus. On a aussi tous les anti-sciences, les évangéliques, ça commence à faire pas mal de monde ! On a l’impression de ne pas être gouverné correctement et ça se ressent.”
Sur le front des vaccins aussi, la campagne est au point mort. Il y a eu des commandes, notamment du CoronaVac chinois, témoigne Axel Lahaye, mais pas en quantité suffisante. Même la production locale est stoppée : “Ce qui est dommage, c’est que le Brésil, avec l’Institut Butantan de Sao Paulo, serait capable de produire ses propres vaccins mais là aussi, on est en manque de composants de base.”
Axel Lahaye vit depuis 2009 à Rio de Janeiro. D’abord guide touristique, le Français, originaire de Créteil, ouvre avec un associé en 2014, au moment de la Coupe du monde de football, une pousada, “Casa 48”, honnête maison d’hôtes dans le quartier bohème de Santa Teresa.
Le petit établissement de 7 chambres au confort simple a fermé au début de la pandémie, avant de rouvrir partiellement, avec un étage réservé à des clients en colocation, et un autre pour des séjours de 7 à 10 jours minimum, sans petit déjeuner ni repas. Cela permet au Français de maintenir à leur poste la femme de ménage et le manager et de garder la tête hors de l’eau pour l’instant.
Lui écrire : axel.lahaye@gmail.com