“Dans le récent débat à l’Assemblée nationale sur l’insertion de l’objectif climatique dans la Constitution, 8 députés Les Républicains ont déposé et défendu un amendement visant à retirer le droit des Français de l’étranger d’être représentés à l’Assemblée nationale et au Sénat, prévu à l’article 24 de notre loi fondamentale. Par quel argument ces députés motivaient-ils leur surprenante démarche, sachant en effet que c’est sous un Président issu de leur famille politique, Nicolas Sarkozy, que la Constitution avait été modifiée pour permettre l’élection de députés des Français de l’étranger ? Par le fait que les Français de l’étranger « ne sont pas soumis aux mêmes obligations que les autres Français » et qu’il serait donc « incohérent qu’ils puissent élire un député qui (…) pourra faire voter des obligations que ses électeurs n’auront pas à respecter ».
Tout cela est consternant. Et révoltant aussi. Les Français de l’étranger ne sont pas des citoyens de seconde zone, que l’on pourrait priver ainsi d’une partie importante de leurs droits au motif qu’ils résident hors du territoire national. Les Français de l’étranger ne sont pas des enfants perdus de la République, ils sont dans la République. Ils doivent, comme tous les citoyens de notre pays, pouvoir voter aux élections et y être éligibles. Il y a une réalité de vie des Français de l’étranger (officiellement quelque 1,6 million immatriculés ; en réalité 3,5 millions selon l’INSEE) qu’il est nécessaire de porter dans les deux hémicycles du Parlement français. C’est l’honneur de la France de le prévoir dans sa Constitution, comme le font aussi à l’égard de leurs ressortissants à l’étranger les Portugais, les Italiens, les Roumains, les Croates ou plus récemment les Lituaniens.
Il est temps pour la droite française de se mettre au clair sur cette question. J’ai siégé dix ans à l’Assemblée des Français de l’étranger et cinq ans à l’Assemblée nationale. Je préside depuis 2019 la confédération Europeans Throughout The World, qui rassemble nombre d’organisations nationales et régionales représentatives de citoyens établis à l’étranger et de diasporas. Je me bats avec bien d’autres pour le droit de vote et de représentation de ceux qui vivent à l’étranger. Comme aussi pour le vote anticipé et en ligne. Peu à peu, cette cause progresse parce qu’elle est juste et qu’elle est fondée. Est-ce un député de la Haute-Marne qui défendra valablement l’équité fiscale pour les Français de l’étranger ? Est-ce un sénateur de la Loire qui se battra décisivement pour l’enveloppe et le régime des bourses scolaires dans les Lycées français de l’étranger ?
Ceux qui parlent et agissent le mieux pour les Français de l’étranger sont ceux qui le sont, tout simplement. C’est la prise en compte de la mobilité internationale qui a conduit la Lituanie à prévoir l’élection d’un député par sa diaspora. Et la mobilité internationale, c’est la reconstitution des carrières à l’approche de la retraite, c’est la reconnaissance des diplômes, c’est la lutte contre les discriminations et injustices, avérées ou cachées, qui touchent ceux dont la vie s’inscrit dans le monde. Les élus des Français de l’étranger sont des défenseurs des droits et des parlementaires passionnés. Mes collègues portugais, italiens, roumains, croates et lituaniens l’étaient aussi. Le choix, finalement, est simple. Il est entre les combats d’arrière-garde portés par quelques députés Les Républicains ou ceux qui placent les Français de l’étranger au cœur de la communauté nationale.”