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Emmanuel Langlois
22 mars 2021

Français du monde sur Franceinfo. "L'international sera là, inscrit en lettres d'or à jamais"

Après la crise sanitaire, la crise économique. Comme tous les secteurs, la mobilité internationale sortira métamorphosée de cette période inédite. Les Français continueront-ils à aller vivre ailleurs ? Éléments de réponse avec un pro du déménagement.

Moins loin, moins longtemps, et sans doute en solo plutôt qu’en famille. Les expatriations vont changer de visage dans l’ère post-Covid. La plupart des mouvements devraient s’effectuer désormais en Europe, plutôt qu’en Amérique, ou en Asie où la fermeture des frontières, du jour au lendemain en mars 2020, avait contraint certains expatriés à rester “scotchés” sur place (nécessité du service), et à renvoyer leurs familles dans leurs pays d’origine.   

Depuis Londres, Alain Taieb préside le groupe AGS Mobilitas, un poids lourd du déménagement avec 4 300 employés à travers le monde, et il commente cette nouvelle situation : 

Nous avons eu une activité ralentie, voire stoppée avec des pays comme l’Afrique du Sud où la fermeture des frontières a été totale. Dans d’autres États comme la Corée, Taïwan ou le Vietnam, nous avons pu travailler correctement. En France, entre mars et juin, on a tourné à 50%, l’Angleterre à 40% et les Pays-Bas à 70%. Mais au final, nous avons fini l’année 2020 à  –10% par rapport à 2019, grâce aux mouvements récupérés entre septembre et décembre.”

Les cartes vont être redistribuées et le groupe Mobilitas se prépare à y jouer son rôle

“À part les entreprises d’alimentaire, de distribution, d’informatique, d’électronique et d’internet, qui ont connu une pandémie qui les a plutôt favorisées, tout le reste des secteurs est ébranlé.”

Dans le monde d’après, et pour les sociétés qui s’en sortiront, Alain Taieb ne prédit pas la fin de la mobilité, mais un changement d’échelle, de mode opératoire et de comportements : 

“On ne peut pas redevenir petit et rabougri dans son coin, poursuit Alain Taieb. L’international sera là, inscrit en lettres d’or à jamais, mais les familles vont être frileuses. Avant, quand on leur proposait un poste à Nairobi ou à Casablanca, elles regardaient les conditions sanitaires, les écoles, les enfants, et partaient. Aujourd’hui, avec cette crise, elles vont y réfléchir à deux fois. Les cadres partiront plutôt comme célibataires géographiques, pour six mois, et plus forcément pendant quatre ans, avec épouse et enfants“. 

De nouveaux leviers de croissance

Pendant la période de confinement en 2020, les entreprises ont recouru massivement au télétravail. De nombreux salariés ont donc changé leur manière de travailler grâce aux outils numériques. Être efficace même chez soi, interagir avec un collègue à l’autre bout du monde sans se déplacer sont devenues des réalités. Avec, à la clé, un retentissement plus important du discours écologiste anti-aérien.

Face à ce phénomène, les mouvements de salariés risquent de diminuer et le marché du déménagement international va évoluer. Pour rebondir, Alain Taieb a déjà pensé à d’autres leviers de croissance pour son groupe, comme la numérisation de documents, une activité qu’il a lancée il y a déjà une petite dizaine d’années, et qui se développe : 

“Le but est d’arriver au zéro papier dans les années à venir. Nous faisons de la digitalisation d’archives classiques pour des banques et des administrations, et de la numérisation patrimoniale de très anciens documents dans des bâtiments où ils sont conservés depuis des décennies, voire des siècles, et pour lesquels il faut rendre l’accès aux chercheurs et au grand public.”

Le groupe français a vu le jour à Paris il y a 47 ans

Il a notamment décroché un contrat pour numériser les millions de documents qui racontent toute l’histoire des Nations Unies à Genève, depuis la création de la Société des Nations au sortir de la Première Guerre mondiale.

Dans cette optique de développement, le groupe a pris le contrôle complet de Pro Archives Systèmes, un des leaders de l’archivage physique et numérique français en décembre 2020. Cette acquisition permet à AGS Mobilitas de devenir numéro 1 en nombre d’implantations et en sites agréés par l’État, en France métropolitaine et dans les DOM-TOM. Mobilitas entend investir quelque 200 millions d’euros dans les 10 années à venir pour développer cette activité à travers le monde.

L’archivage physique, comme numérique, constitue un enjeu qui concerne tout type d’entreprises, de la PME aux grands groupes internationaux ou du CAC 40, ainsi que tous les gouvernements.

Aller plus loin

Sa société, AGS Mobilitas

Ecouter la chronique sur le site de Franceinfo

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