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Les nouveaux Français de l’étranger : Eleonore Caroit : « Française de l’étranger c’est une belle identité »
Entre Saint-Domingue, New York et Genève, Éléonore Caroit, 35 ans, a passé la majeure partie de sa vie à l’étranger. Candidate aux élections consulaires 2021, la jeune avocate revient sur son parcours et son expérience d’expatriée
Née à Paris en juillet 1985 d’un père français et d’une mère dominicaine, Éléonore Caroit part à l’âge de trois ans vivre à Saint-Domingue en République Dominicaine où elle y fera toute sa scolarité. À 17 ans, elle rentre à Paris et intègre Sciences Po. Elle se dirige ensuite vers des études de droit international et sera diplômée de l’école de droit de Sciences-Po / Paris I. Elle passera d’ailleurs son premier barreau à New York et devient avocate spécialisée en contentieux international. Après quelques années passées à Paris, la Française décide de partir pour Genève en 2015, accompagnée de son mari franco-suisse et de leur jeune enfant. Là-bas, elle est d’abord recrutée par un cabinet d’avocat spécialisé en arbitrage avant de rejoindre une structure en tant qu’associée.
De nationalité franco-dominicaine, Eléonore Caroit a fait le choix d’acquérir la triple nationalité suisse. « Je trouvais cela plus avantageux pour un certain nombre de démarches, mais surtout, cela me permet de voter. J’adore m’impliquer dans la vie de ma communauté au niveau local donc c’était important pour moi. De plus, mon mari est suisse, mes enfants aussi, c’était donc cohérent de le devenir. Je me sens française avec quelque chose d’autre, Française de l’étranger c’est une belle identité je trouve » explique l’avocate.
Ce qui a tout de suite séduit Éléonore Caroit, c’est le cadre de vie qu’offrait la Suisse. Son expatriation lui a en effet permis d’être proche de la nature, entourée des montagnes alpines. « Je trouve que la vie en Suisse est une vie très saine. Les gens font du sport, ça a l’air cliché, mais c’est vrai » affirme-t-elle en souriant. Plus spécifiquement, l’expérience d’expatrié lui donne l’opportunité d’avoir le meilleur des deux mondes. Elle raconte « On reste proche de son pays d’origine et en même temps on regarde tout avec des yeux nouveaux, on a le droit d’être émerveillé. Cela permet aussi de prendre de la distance sur ce qu’il se passe en France, notamment les débats politiques que l’on regarde avec du recul ce qui permet d’avoir une approche différente et des discussions très riches et intéressantes. »
Restée proche de la France, Éléonore Caroit n’en est pas moins intégrée à la Suisse. Selon elle, la singularité de ce pays plurilinguiste et multiculturel impacte directement la communauté des Français qui y est établis, la rendant ainsi à bien des égards différente des autres communautés de Français de l’étranger. « En Suisse, c’est très particulier. Dans d’autres pays, la communauté française est identifiable de par sa langue, elle est souvent autour du consulat, de l’alliance française ou du lycée français. On sait très bien qui sont les Français. Quand vous êtes en Suisse, c’est beaucoup plus compliqué, surtout en Suisse romande qui compte finalement un nombre très important de binationaux. Il y a beaucoup de porosité entre la Suisse et certaines régions de France comme la Haute-Savoie. Tout comme il y a une porosité entre la Suisse alémanique et l’Allemagne ou le Tessin et l’Italie » explique l’avocate. « Ce qui fait que tout ça tient ensemble, c’est cette citoyenneté qui est très forte. J’aime particulièrement cela en Suisse, ce sentiment citoyen, l’implication des gens dans les choix qui les concernent. Ils vont tout le temps voter et à raison. Ils sont à l’initiative de plein de choses et s’engagent en permanence. C’est aussi pour ça que j’ai voulu devenir Suisse. »
De ses expériences en République Dominicaine, à New York et à Genève, Éléonore Caroit a constaté une évolution entre l’expatrié d’il y a 30 ans et le jeune expatrié d’aujourd’hui. « Quand j’étais petite, la majorité des expatriés travaillaient pour des institutions et entreprises françaises, leur expatriation se faisait à travers ces structures, qui prenaient en charge leur installation. Certains étaient mutés fréquemment, d’autres s’installaient durablement dans leur pays d’accueil, mais l’origine de l’expatriation était, la plupart du temps, professionnelle. En tant que jeunes expatriés, on a une vision un peu différente aujourd’hui. On ne part pas forcément pour le travail, ni s’installer pour 20 ans dans un même pays. Nous nous étions dit que nous nous installerions à Genève pour trois ans et qu’ensuite soit nous rentrerions en France, soit nous partitions à New York ou en Amérique latine pour que nos enfants soient proches de mon autre culture…et finalement on est très heureux ici ». La jeune expatriée à conscience des nouveaux challenges auxquels les jeunes Français de l’étranger sont confrontés. Elle témoigne : « Quand on est jeune expatrié autodidacte, on prend la mappemonde, on choisit où on aimerait vivre et on part s’y trouver un job. Ce n’est pas forcément votre employeur qui vous envoie quelque part, c’est vous qui prenez l’initiative de ce déplacement. Par rapport aux expatriés d’il y a 30 ans, les jeunes expatriés sont finalement dans la cabine du pilote. Ce sont eux qui dirigent toute leur expatriation avec ce que cela a de positif (vous choisissez où vous voulez vivre, comment, etc.), et les obstacles que cela induit tels que les démarches administratives et la difficulté de construire une carrière internationale etc. C’est pour cela que je pense qu’il est important qu’il y ait un fort réseau local de Français, par l’intermédiaire des Conseillers consulaires. C’est pour donner une voix aux Français de Suisse et être au plus près de leurs préoccupations quotidiennes que j’ai décidé de me présenter aux élections consulaires de mai prochain » explique la candidate.
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