C’est en octobre 2004 que Frantz Champin décide de poser bagage à Saly Portugal, station balnéaire située à 80 km au nord de Dakar au Sénégal. Son objectif : partir vivre ailleurs et revenir en France pour les vacances. Ce n’est pas la première fois qu’il quitte la France métropolitaine. En 1992, après avoir effectué son service militaire, le jeune Français alors âgé de 20 ans s’était installé en Nouvelle-Calédonie pendant deux ans et a par la suite enchaîné les allers-retours entre la France et Cuba. « Je suis toujours parti en électron libre. Je me suis toujours déplacé aux quatre coins du monde sans contrat de travail, en me débrouillant par moi-même » raconte-t-il.
Ce qui l’a conduit à tout quitté pour le Sénégal, c’est un mélange d’aventure et de raisons idéologiques. « Très jeune, je me suis rendu compte que le système qu’on nous proposait en Europe : travailler, cotiser pendant 40 ans pour espérer une hypothétique retraite. Je n’arrivais pas à me projeter dans ce schéma. Donc très jeune, j’ai voulu partir, et je savais que mon avenir passait par l’étranger » raconte Frantz Champin.
Pas de double nationalité
Une fois arrivé au Sénégal, il tente de monter une entreprise dans la réparation de climatisation et d’électroménager. Au bout de trois ans, il prend conscience que cet objectif professionnel est plus difficile à mettre en place que ce qu’il imaginait. Et pour cause, trouver et changer des pièces détachées au Sénégal n’est pas une affaire facile. Le Français se réoriente donc dans le suivi technique des maisons. Il passe ainsi de réparateur à vendeur pour aujourd’hui être installé à son compte en tant que conseiller dans l’immobilier.
Malgré ses 17 ans passés au Sénégal, Frantz Champin ne veut pas de la double nationalité sénégalaise, et ce, pour diverses raisons : « Il faut savoir qu’en optant pour la double nationalité, vous n’êtes plus sous la protection consulaire de la France. Vous devenez un ressortissant de votre pays d’accueil. C’est pour cela que je souhaite rester Français. Je tiens à garder des racines avec mon pays. C’est important, ça fait partie de mon raisonnement philosophique : être loin, certes, mais toujours rester attaché à son pays et ses racines » explique-t-il.
Une communauté sans grande cohésion
En effet, Frantz Champin est resté proche de la France, notamment de la communauté française du Sénégal, une des plus importantes de l’Afrique de l’Ouest. « La communauté française du Sénégal est assez diversifiée. Il existe quelques associations, mais je ne dirais pas qu’il y a un sens réel de la communauté. On ne ressent pas une grosse cohésion, d’où mon engagement politique. J’essaie justement de nouer des liens au sein de la communauté, de donner de la communication, de l’information et de l’échange à travers ma chaîne YouTube et le groupe Facebook qui regroupe plusieurs milliers de personnes. Nous essayons de nous donner des informations et puis, cela permet de créer une petite ossature. Mon but, c’est d’arriver à créer de l’échange et de l’information au sein de la communauté française. » Frantz Champin est en effet candidat aux élections consulaires, tête de liste d’un mouvement citoyen rattaché à la CISE ( confédération internationale solidaire et écologique ).
Bien que présent pour la communauté française, Frantz Champin reste aussi à l’écoute de la population locale. Une problématique l’a notamment interpelé : l’image de la France en Afrique. Il témoigne : « Je trouve que l’image de la France s’est dégradée en Afrique francophone, et ce, pour beaucoup de raisons. Je pense qu’il faut qu’en tant que Français, nous nous remettions en question dans nos rapports avec l’Afrique. C’est important et même capital. Si nous ne le faisons pas, nous allons créer une distance qui va s’installer de plus en plus entre la France et ses anciennes colonies. Il faut encourager le rapprochement entre la France et la jeunesse africaine en particulier, car il y a une distance, une colère voire une haine pour certains contre la France. La France devra absolument à court ou moyen terme, révolutionner sa politique africaine. C’est indispensable et incontournable et c’est un de mes combats avec ma liste citoyenne. »
Autre combat du candidat, la notion « d’immigré ». « Souvent, j’entends le terme d’« expatrié français » mais très peu utilise « immigré » par honte ou car ils n’osent pas et je me bats contre ça à mon échelle. Si on veut combattre les mots, il faut savoir utiliser les termes. En France nous cataloguons les étrangers qui vivent sur notre sol comme des immigrés alors que quand nous vivons nous-même sur un sol étranger on se considère comme des expatriés, ce n’est pas normal. Je ne me définis pas comme un expatrié, mais comme un immigré français qui vit au Sénégal et respecte ses us et coutumes » explique le candidat.
En prenant du recul sur son expérience de Française à l’étranger, Frantz prend conscience de la richesse humaine qu’elle lui aura apportée. « Entre le Frantz que j’étais il y a 17 ans et celui de maintenant, il y a une grande différence. L’Afrique m’a appris la débrouillardise, l’adaptabilité et le lâcher prise » conclue le Français.