« J’ai grandi dans un monde assez cloisonné : Auteuil-Neuilly-Passy tel est mon ghetto », plaisante Ayrton Voisin. Né à Neuilly-sur-Seine, entouré d’un père dans la finance internationale et d’une mère avocate, cet expatrié avait son parcours tout tracé. Inscrit dans une école catholique privée, puis à l’université américaine de Paris, Ayrton Voisin était destiné à suivre les traces de son père dans les métiers de la finance.
Pourtant, en 2007, le jeune francilien prend la décision de quitter son confort familial pour partir découvrir le monde à la recherche d’opportunités professionnelles et humaines. Accompagné d’amis, qui sont par la suite devenus ses associés, Ayrton Voisin décide de partir pour l’Angola. « Cela s’est fait sur un coup de tête. C’était le grand saut dans l’inconnu, mais l’aventure m’a toujours excité. C’est de famille » justifie-t-il. L’objectif était d’aller dans un pays qui offrait des opportunités. La nationalité angolaise de son ami et associé le plus proche a définitivement fait pencher la balance vers ce pays du Sud-Ouest de l’Afrique
Ayrton Voisin explique que l’Angola est un pays riche en ressources naturelles, mais extrêmement dépendant de l’extérieur ces dernières années. Selon lui, il n’y a pas forcément besoin d’innover, mais plutôt d’adapter des modèles existants aux spécificités locales. À l’heure actuelle, Ayrton Voisin et ses associés développent un panel d’activités assez large, en rapport avec le secteur des énergies fossiles. Ils proposent leurs conseils au ministère de l’énergie angolais ou encore de l’achat-revente entre les raffineries locales et les transporteurs internationaux.
L’Angola, « le Brésil de l’Afrique »
La transition entre l’Ouest parisien huppé et l’Angola a d’abord été un choc pour Ayrton Voisin. « Au début, l’acclimatation n’a pas été évidente. On ne peut pas vraiment s’en rendre compte tant qu’on ne l’a pas vécu. Par exemple, le rapport à la vie et à la mort n’est pas forcément le même avec ce que j’ai connu en France ». Il fait notamment allusion à la tragique disparition d’un de ses associés à la suite d’un braquage de voiture qui a mal tourné. Ayrton Voisin reconnaît que l’Angola est un pays plein de paradoxe, tant au niveau de la pauvreté que des opportunités offertes. À force de parcourir le pays en long et en large, le Français s’est peu à peu fondu dans le décor. Bien épaulé par la famille et les amis de son associé angolais, Ayrton Voisin s’est pris d’affection pour ce vaste pays africain. « Ce n’est pas pour rien si je suis en Angola depuis 13 années, j’en suis devenu passionné » ajoute-t-il.
Aujourd’hui, Ayrton Voisin voit l’Angola « comme le Brésil de l’Afrique ». Culturellement, ces deux anciennes colonies portugaises sont similaires. Que ce soit la joie de vivre, la jeunesse et la débrouillardise de ses habitants, ou encore l’aspect linguistique. Dès son arrivée sur le sol angolais, Ayrton Voisin s’est immédiatement efforcé de maîtriser la langue portugaise. Pour ce Français volubile, il était impensable de ne pas maîtriser la langue du pays dans lequel il s’est expatrié. « Je suis une personne qui aime parler sans limite. Il n’y pas plus grande frustration que de vouloir s’exprimer avec quelqu’un et de ne pas pouvoir le faire. En plus, la version angolaise du portugais est extrêmement agréable à apprendre ».
Resserrer les liens entre expatriés et locaux
Ayrton Voisin reconnaît qu’il n’a pas le profil de l’expatrié-type, employé dans une grande entreprise pétrolière ou gazière. En Angola, la quasi-totalité de la communauté française travaille dans le secteur des énergies fossiles et vit dans des quartiers d’expatriés assez fermés. Malgré son lien très fort avec la France, où vit sa famille, Ayrton Voisin met l’accent sur sa proximité avec la population angolaise : « Je suis un expat’ qui vit véritablement comme un local ».
C’est avec cette volonté de briser les barrières entre la population locale et les expatriés qu’Ayrton Voisin se présente aux élections consulaires de mai prochain. Le jeune entrepreneur souhaite se mettre au service de jeunes expatriés qui s’intéressent à l’Angola et qui voudraient avoir une approche locale du pays. « Je veux aller plus loin que la simple vision franco-française. Bien évidemment, je vois le rôle de conseiller comme celui de faire un pont entre les expatriés et la France, mais surtout entre les expatriés et l’Angola. L’avantage, c’est que je vis entre ces deux mondes ».
« La communauté française d’Angola n’est peut-être pas aussi importante que dans d’autres pays du continent africain, mais elle mérite que l’on s’intéresse à elle » souligne le trentenaire. Il voit plusieurs pistes d’amélioration concernant la lenteur des procédures administratives ou encore la gestion du contexte sanitaire en partenariat avec la France. En plus de son côté entrepreneur, Ayrton Voisin met en avant la fibre sociale de sa candidature. Cette recherche de l’humain est portée en grande partie par Françoise Somme, une expatriée de longue date qui est devenue sa suppléante. À eux deux, ils veulent offrir un binôme complémentaire au service des Français d’Angola.